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Les Grottes de Bétharram, toute une aventure

Depuis quatre générations, la famille Ross perpétue avec vaillance la fabuleuse histoire de ce trésor singulier, enfoui dans les entrailles des Pyrénées.
Les Grottes de Bétharram, toute une aventure
Il fallait bien un personnage atypique pour décider, en 1903, d’ouvrir au public ce temple souterrain, dont la particularité est d’y entrer depuis les Pyrénées-Atlantiques, pour en ressortir dans les Hautes-Pyrénées. Ce personnage, c’est Léon Ross, descendant de corsaire malouin, par qui la saga des Ross va débuter.

« Mon arrière-grand-père était artiste-peintre et photographe. Il était venu à Cauterets pour faire le portrait de gens aisés, avant de s’installer à Lourdes où il possédait deux hôtels. Mais c’était aussi un aventurier. Il a eu l’idée d’exploiter ces grottes, et a créé pour cela une usine pour les électrifier, ainsi qu’un pont sur le Gave de Pau permettant d’accéder plus facilement à leur entrée. Il en a également aménagé les chemins intérieurs » raconte Albert, quatrième de la génération, et directeur actuel.

« C’était l’époque de l’aventure, il y avait alors une liberté que nous n’avons plus aujourd’hui. Vous pouviez installer un barrage, un moulin, construire des maisons en montagne, de grands hôtels comme à Luchon… Il n’était pas nécessaire de demander des autorisations, les gens n’étaient pas alors régis par des textes et des règles comme à l’heure actuelle ».

Suivra ensuite Albert, fils de Léon, qui creusera à son tour le tunnel de sortie, de 1913 à 1925, évitant ainsi aux visiteurs de remonter le gouffre. Lorsqu’il décèdera, en 1926, c’est son épouse, Marie, qui lui succèdera avec courage, à une époque où les femmes n’avaient droit à rien.

Bon sang ne saurait mentir, leur fils Edmond fait sonoriser les commentaires des visites, et décide de les proposer en cinq langues. Nous sommes alors en 1955, et le fait est rarissime à l’époque. Il ajoutera aux grottes un petit train en 1973, et un bateau automatique slalomant sur leur lac.

Aujourd’hui, c’est donc Albert, 4e génération, qui perpétue cette épopée familiale. « J’ai vécu tout le temps là, et ces grottes, pour moi, ce sont les beautés de la nature souterraine. Toute la nature est belle, mais celles-ci, il faut venir les chercher, contrairement à celles que l’on peut voir à l’extérieur. Et ce qui est intéressant, c’est que l’on touche à tous les corps de métiers, l’électricité, la menuiserie, le transport… ».

Lui-même a rendu accessible le premier étage aux personnes à mobilité réduite, en remplaçant les cent-vingt marches d’origine par une rampe d’accès. Ses deux garçons ont la fibre, et l’un d’eux prendra la suite. « Cela me rassure, mais je lui souhaite d’avoir du courage. Toute cette aventure qui dure depuis quatre générations n’aurait pas pu se faire de nos jours, car tout doit être normé, codifié dès le départ. Même les spéléologues ne peuvent plus agrandir un trou pour aller voir ce qu’il y a en dessous… ».

Un monde où la somptueuse beauté architecturale des Grottes de Bétharram somnolerait à huit cents mètres sous roches, sans qu’aucun être humain ne puisse seulement la caresser du regard ? On ne veut même pas y penser !

Photos : Albert Ross

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