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Soigner le corps et l’esprit des patients en soins palliatifs

Responsable du service des soins palliatifs de centre hospitalier d’Orthez depuis 2009, le docteur Christine Coste utilise la médecine intégrative pour apaiser ses patients.
Le docteur Christine Coste, Responsable du service des soins palliatifs de centre hospitalier d’Orthez, entourée des deux autres médecins du service.
Le Docteur Christine Coste, Responsable du service des soins palliatifs de centre hospitalier d’Orthez, entourée des deux autres médecins du service.
En France, l’histoire de l’art-thérapie a le vent en poupe depuis une dizaine d’années. Cette méthode consiste à utiliser n’importe quelle forme d’art afin d’atténuer les douleurs des patients. Elle fait partie des médecines intégratives, qui sont utilisées en complément de la médecine traditionnelle.

Passionnée de musique - un héritage familial, Christine Coste s’est formée au Conservatoire de Pau en tant que clarinettiste, avant de jouer pendant 15 ans dans son propre orchestre paroissial. Elle est également responsable du Comité de Lutte contre la Douleur (CLUD) au centre hospitalier.

Au début du mois d’août, une interne en 4e année de médecine a intégré le service des soins palliatifs. La violoncelliste de 22 ans a apporté son instrument pour donner aux patients de petits concerts, pendant deux semaines. Mais c’est loin d’être la seule méthode utilisée par l’équipe médicale pour apaiser le quotidien des patients. Le Docteur Christine Coste nous en dit davantage…

Les soins palliatifs sont un service très particulier dans un hôpital…

Christine Coste (C.C) : C’est exact. Mais contrairement aux idées reçues, les soins palliatifs ne sont pas un mouroir : la moitié des personnes qui y sont hospitalisées retournent à leur domicile. Au centre hospitalier d’Orthez, notre service est divisé en trois pôles : une unité de huit lits regroupés pour accueillir les patients en urgence, afin de rééquilibrer la douleur ou encore soulager les aidants, une équipe mobile qui intervient à domicile pour effectuer une première approche des soins palliatifs, une sorte de service après-vente avec un suivi du patient, et enfin, depuis un an, nous avons créé un service d’hospitalisation de jour, le Soins d’Accompagnement dans la maladie (SAM). L’équipe accueille des malades chroniques, des personnes atteintes de cancer ou de maladies dégénératives. C’est dans ce troisième pôle qu’on utilise le plus les médecines intégratives.

Aux soins palliatifs, l'approche du patient est très différente : le suivi des patients y est plus poussé et la mort est intégrée au processus médical. Nous avons une autre vision de la maladie. Notre rôle est de prendre le patient dans son entièreté. Nous n’essayons pas de sauver le patient, mais de trouver la manière d’améliorer son état. Il s’agit d’une médecine qui est davantage dans le ressenti.

Comment avez-vous commencé à les utiliser ?

C.C : Je suis plutôt une personne cartésienne, mais je voulais comprendre ce qu’il se passe dans le cerveau lorsqu’on utilise ce type de médecine. L’hôpital m’a fait passer une formation à l’hypnose et j’y suis allée sans vraiment y croire. Cette formation de deux ans s’est révélée très utile. Je me suis ensuite formée à la médecine intégrative par le biais d’un diplôme universitaire, à Paris.

Le chant, l’acupuncture, l’ostéopathie, le massage de confort, la méditation, le travail respiratoire, l’hypnose, la mise en place d’une chorégraphie et la musique permettent aux patients de s’évader et de ressentir différemment la douleur. Cette médecine intégrative a pour objectif de créer un encombrement du cerveau avec des éléments positifs, pour lui faire oublier la douleur. On stimule une autre partie du cerveau pour modifier sa perception.

Mais attention, il ne s’agit pas de faire de la lithothérapie, d’enlever le feu ou autre, ces pratiques sont toutes reconnues par le monde médical. De plus, chaque patient est différent. Je vois ces médecines intégratives comme des boîtes à outils : je pioche dedans en fonction des besoins du patient et de son état d’esprit.

Comment réagissent les patients ?

C.C : Super bien. La première fois que j’ai utilisé l’hypnose sur l’un d’eux, c’était pour faire un pansement de Schubert, un soin très douloureux. Il s’est concentré sur ma voix et à la fin, il m’a dit qu’il avait été déçu, car la plage sur laquelle je l’avais « envoyé » était une plage de galets. Il n’a ressenti que cette gêne, c’est surprenant !

Noémie, 22 ans, joue pendant les soins d’un patient du centre hospitalier d’Orthez.

Il y a de petits miracles tous les jours. Lorsqu’un patient ne dort pas depuis plusieurs jours à cause de ses angoisses, en plus d’un traitement médicamenteux, on arrive à l’apaiser, et c’est une victoire.

Je me souviens aussi d’une femme atteinte de la maladie de Parkinson qui était en crise. Elle était bloquée et ne pouvait plus parler. J’ai essayé de la faire chanter et en dix minutes, on chantait en cœur.

Un dernier mot pour clôturer l’entretien ?

C.C : Il est important de redonner la parole aux patients et réapprendre à l’écouter. On oublie souvent que ça peut également être thérapeutique pour lui. Même leurs silences veulent dire quelque chose.

Voir le site internet du " Pôle santé d'Orthez"

Noémie Besnard

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