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Expression libre Séparatisme basque et mauvais vaudeville

Cinq personnalités ont voulu forcer la main du gouvernement en neutralisant une partie de l’arsenal d’ETA. D’où leur arrestation. Un scénario consternant qui ne résout rien
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On ne sait s’il faut rire ou pleurer. Un peu les deux, si le contexte n’était si sensible et douloureux. Résumons les faits : la semaine dernière, cinq personnalités basques, qui jusqu’alors ne s’étaient guère fait connaître pour leurs préoccupations politiques se mettent en tête de booster le processus de désintégration d’ETA en détruisant publiquement un certain nombre d’armes appartenant à l’organisation terroriste, avant de les remettre aux gendarmes à coup sûr désemparés devant un tel exploit.

De quoi se mêlent ces zozos ? fulminent les autorités qui tranchent dans le vif en arrêtant tout ce joli monde, (l’ancien président de la Ligue des droits de l’homme, Michel Tubiana, quoique dans le coup, ayant été épargné) : Jean-Noël Etcheverry Txetx, dirigeant du groupe écolo Bizi, l’ancien président de la chambre d’agriculture alternative basque, Michel Berhocoirigoin, un viticulteur d’Irouleguy, Michel Bergouignan, Stéphane Etchegaray et la journaliste Béatrice Haran-Molle.

« Un nouveau coup dur porté à ETA », se réjouit le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, qui n’a visiblement pas eu le temps de bûcher ses dossiers. Confondre ces personnalités connues pour leur tempérance avec des terroristes et les envoyer au cachot est une erreur, pour ne pas dire plus.

Certes, les cinq chevaliers blancs auraient mieux fait de rester tranquilles. Le sujet les dépasse et le thème de l’arsenal est crucial et fait en coulisse l’objet de tractations, toujours démenties : la remise progressive des armes et des explosifs contre certains aménagements de peines pour les prisonniers.

Bien sûr, ils ont cru bien faire, avec ingénuité, afin de « contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays basque. » Des « faiseurs de paix », selon José Bové, tandis que Jean Lassalle demande la libération immédiate de Txetx. Solidarité agricole oblige.

Au total, un coup pour rien, une agacerie supplémentaire pour les Basques une nouvelle fois montrés du doigt, beaucoup de niaiserie de la part de ces hommes de bonne volonté et un sérieux faux pas du côté de la place Beauvau. Et derrière tout ce vaudeville un peu grotesque, de nouvelles arrestations, comme celle du dernier chef en date de l’organisation, Mikel Irastorza (à Ascain en novembre) ou la semaine dernière du vétéran José Manuel Azkarate Manu, à Marseille.

Le seul mérite des cinq bénévoles aura consisté à faire prendre conscience que si ETA, inactive depuis 2011, ne compte plus qu’une dizaine de militants, carrément sans expérience, elle dénombre encore 75 de ses hommes dans les prisons françaises et 270 en Espagne.

Mais tant pour Madrid que pour Paris, la lutte continue : la preuve, 141 étarres ont été arrêtés depuis cinq ans, quand a été annoncée la fin des combats. Mais tant que l’organisation ne livrera pas la totalité de son arsenal, la situation restera figée. Et les prisonniers resteront entre quatre murs, jusqu’à la fin de leur peine. Mariano Rajoy n’est guère connu pour sa mansuétude et sa souplesse.

Finalement ce mardi, nos cinq conspirateurs en herbe, mis en examen, ont finalement été libérés et placés sous contrôle judiciaire.

Jean Chalvidant

Auteur de « Secrets d’ETA » Ed. Jean Picollec

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