Pour les autres, notons le château d’Hérouville, du côté d’Auvers-sur-Oise, du compositeur Michel Magne, qui décrépi, a été mis en vente, après voir accueilli au début des années 70 le gratin de la pop mondiale. Ou encore la Villa Nellcôte, à Villefranche-sur-Mer, où les Stones enregistrèrent « Exile on Main Street ».
Avec ces studios à la campagne, on avait changé d’ère : finies les prises de son austères, dans des sous-sols parisiens façon bunker, comme celui de la rue Washington, sans droit à fumer ou à boire.
Là, on vit, on dort, on joue au baby foot, au flipper, on travaille, on prend des substances aussi (pas à Léon) et parfois on accouche de vrais petits chefs d’œuvre musicaux.
On ne dira jamais assez le bien que fait l’air de la campagne profonde à la créativité des musicos. Le studio du Manoir n’échappe pas à la règle ; imaginé par Michel Coustillas, un ingénieur du son qui a appris ses gammes au studio de Cartelègue, à Blaye, il transforme en 1980 le manoir à colombages de la route de Laguens et sa longère, alors propriété d’une comtesse allemande, paumé entre champs et forêt, en studio d’enregistrement, avec même une immense salle de 100 m2 susceptible d’accueillir un orchestre symphonique, et un équipement top, avec des consoles SSL, ce qui se fait de mieux au monde.
Et ça marche ! Noir Désir vient y graver en 1997 « 666.667 Club », Zazie son « Totem », Siouxsie and the Banshees « The Rapture ». On y retrouve Alain Souchon, « M », Tryo, Louise Attaque, Etienne Daho, Zebda, bref le gratin de la chanson française.
Jusqu’au moment, en 2010, où il faut plier les gaules, après trente ans d’activité, la faute à la technologie, au numérique qui fait que le public n’achète plus de Cd ; les maisons de disques deviennent frileuses, l’argent circule moins, et Michel la mort dans l’âme se résout à mettre le mot fin sur sa belle aventure.
Fin ? Heureusement pas, car une amie de Michel, Karine Boeklage, ne se résout pas à une telle extrémité.
Elle fait jouer son carnet d’adresses, intéresse au projet Julien Mairesse, le tourneur de Stromaë ou d’Amel Bent, ainsi que Nicolas Schauer, le producteur des Wampas, et invente un nouveau lieu mêlant production musicale, résidence d’artistes et maison d’hôtes, avec des chambres rénovées et une carte qui frôle la gastronomie.
Et le bouche à oreilles fonctionne. Depuis, les Fréro Delavega, les Wampas, Christophe Willem, Indochine, BB Brunes, Lefa, Trust, Kids United et Feu! Chatterton sont venus en séjour au Manoir.
Ce sont les premiers. D’autres ne vont pas tarder à suivre en ce lieu redevenu magique, mélangeant zic et art de vivre.
Ah Léon, Léon, Léon… roi de la musique !
Réservations au 09 53 32 34 67
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