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    DÉCRYPTAGEDe quoi va accoucher la France quadripolaire ?

    Les élections législatives feront certainement la différence pour attribuer le pouvoir réel sur les 5 prochaines années. Une première qui nous plongerait dans l’inédit
    Quel que soit le résultat des élections présidentielles, les 23 avril et 7 mai prochains, tout laisse à penser que la décision concernant les clés du pouvoir pour les 5 prochaines années ne seront délivrées que les 11 et 18 juin.

    C’est inédit parce que jusqu’ici, l’élection du président entraînait automatiquement l’arrivée d’une majorité au Parlement. Tout simplement parce que le président, de droite ou de gauche, pouvait compter sur des partis structurés et des alliances avec d’autres partis proches de son camp, pour transformer l’essai en amplifiant la victoire lors des Législatives.

    Aujourd’hui, c’est différent. La France est d’abord devenue tripolaire, avec la montée en puissance du Front National ; puis quadripolaire avec l’aile gauche de la gauche, en rupture totale avec le Parti socialiste et les Radicaux de gauche.

    Alors que les 4 favoris pour la Présidentielle sont totalement absorbés par le sprint de la dernière ligne droite, les partis traditionnels ont déjà largement engagé la bataille des Législatives. Ils peuvent compter sur un très grand nombre de personnalités locales (députés sortants, maires, conseillers départementaux ou régionaux…) pour espérer engranger des élus quel que soit le président de la République élu le 7 mai.

    On peut même imaginer que chacun des 3 camps perdants n’aura aucune difficulté à mobiliser ses troupes pour tenter de prendre sa revanche d’une Présidentielle étiquetée comme atypique voire anormale. Bref, soit la Présidentielle créera des dynamiques d’unions pour les Législatives (ce qui semble difficile à imaginer actuellement) permettant de confirmer et d’amplifier la victoire du gagnant ; soit, elle accentuera les incompatibilités entre les 4 pôles avec le risque de ne dégager aucune majorité pour gouverner.

    Dans ce dernier cas, deux hypothèses sont à envisager suivant le résultat des élections : soit, un gouvernement de coalition arrive à émerger, à condition que deux des 4 pôles constituant une majorité arrivent à s’entendre sur un programme commun de gouvernement (qui sera obligatoirement différente du programme du président de la République fraîchement élu) ; soit, aucune majorité gouvernementale ne se dégage et le premier ministre devra naviguer avec des coalitions éphémères et de circonstances.

    Si le nouveau président sorti des urnes le 7 mai ne bénéficie pas d’une très forte dynamique, il pourrait devenir le premier chef d’Etat privé de pouvoir quelques semaines après son couronnement. Ce qui serait évidemment historique. Ce président aura alors 5 ans pour courir les inaugurations, tandis que son premier ministre (imposé par les Législatives) gouvernera la France.

    Il ne faut pas oublier que les élections législatives pourraient réserver bien des surprises, dans la mesure où un candidat n’aura accès au second tour que s’il fait un score supérieur à 12,5% des inscrits, c’est à dire de 16% à 20% des votants suivant le taux d’abstention. Avec une France quadripolaire, on peut imaginer que dans de nombreuses circonscriptions cette barre ne soit franchie que par un seul candidat.

    Bon, vous l’avez compris. Sauf grosse surprise dimanche prochain puis le 7 mai (élection triomphale d'un candidat), la bataille du pouvoir ne fera que commencer.

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