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    Les dits du vendredi

    Iholdy… Les mots de Christian Laborde
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    L’esclavage doit commencer tôt : après les vaches, les veaux. Après la Picardie, Iholdy. C’est à Iholdy, au Pays basque, que les Vanderdendur de l’agrobusiness ouvrent une ferme-usine de 800 veaux. 1000 vaches incarcérées dans le béton  mortel de la ferme-usine  du côté d’Amiens, ça ne leur suffisait pas. Ils voulaient la même chose pour les veaux, en Euskadi. Le Pays basque possède ses paysages, son peuple, son art de vivre,  ses paysans. Mais cela, ils s’en foutent. Ce qu’ils veulent, c’est de la  viande. De la viande blanche, plus blanche que blanche. Pour l’obtenir, une seule solution : la prison. La prison pour 800 veaux.

    A Iholdy, les veaux seront incarcérés à l’âge de 8 jours. Oui, ils ont à peine une semaine quand on les arrache à leurs mères. Faut les entendre meugler de douleur, les mères. Faut les voir chercher leur petit partout, frapper à coup de tête toutes les cloisons, devenir folles. Elles sont humaines, les vaches. Et Les petits veaux incarcérés, on les gave, loin du flanc chaud de la vache, loin de ses pis, loin de la lumière du jour, loin de l’herbe, loin du vent, loin du soleil et de la pluie, loin du museau du chien qui les renifle, loin des mots basques des paysans. On les gave pendant 158 jours, avant de les envoyer à l’abattoir où ils seront égorgés sans avoir été préalablement assommés. Grâce aux  images tournées clandestinement par l’association L 214, nous savons en effet ce qui se passe dans des abattoirs bien de chez nous.

    Gavés de quoi, au fait, ces petits veaux qui n’ont droit ni à la douceur de l’herbe, ni à la chaleur des hommes ? De « lait reconstitué », le seul  garantissant la blancheur éclatante de la viande. Une alimentation qui entraîne chez l’animal des carences en fer. Tant pis pour l’anémie, et tant mieux si le veau ne tient pas sur ses pattes, on l’égorgera plus facilement. Faut que ça saigne !

    Pas d’élevage carcéral sans lisier. Et qui dit lisier dit épandange. Epandons, épandons le toxique lisier sur la terre basque !  Et tant pis pour l’eau, tant pis pour les ruisseaux, les fontaines, les hommes et les oiseaux ! Et  tant pis pour les petits éleveurs qui, en Euskadi comme en Picardie, entendent résister à l’agrobusiness et maintenir un élevage traditionnel, paysan. Ils  peuvent crever,  comme les petits veaux,  comme les oiseaux, comme l’eau.

    Iholdy : l’enfer en Euskadi.

    Christian Laborde

    www.christianlaborde.com

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