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    « Felipe VI d’Espagne, le roi normal »

    Le nouveau livre de Jean Chalvidant, bourré de révélations, est le premier consacré à l’actuel roi d’Espagne. Rencontre avec un ami et collaborateur de Presse Lib’
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    Un p’tit coup d’autopromotion, comme ça, en passant, enfin pas pour Presse Lib’, mais pour Jean Chalvidant, que nous sollicitons chaque fois qu’il se passe quelque chose de l’autre côté des Pyrénées, et qui répond aussitôt avec compétence et talent.

    Jean Chalvidant a en effet sorti son septième livre sur l’Espagne, intitulé « Felipe VI, le roi normal ». Un ouvrage passionnant, même pour ceux qui ne connaissent rien au sujet, écrit avec cette plume alerte qu’on lui connaît. Il s’est prêté au jeu des questions.

    Le roi d’Espagne, Felipe, est sans doute normal, mais surtout parfaitement inconnu des Français, non ?

    Jean Chalvidant - C’est un vieux travers national, le Français ne connaît pas sa géographie, pas plus que son histoire. Qui peut dire sans aller sur Internet les noms du roi de Belgique, ou ceux des présidents d’Italie, d’Allemagne ou du Portugal ? En ce qui concerne l’Espagne, ils ont des excuses, car si chacun peut citer Juan Carlos, parce qu’il a occupé le trône durant presque quarante ans, son fils Felipe ne lui a succédé que depuis moins de trois ans. Pour ne rien arranger, voici un jeune (48 ans) monarque parfaitement « normal », sans aspérités, qui ne provoque pas de scandales, ne boit pas, ne fume pas, ne drague pas, ne tape pas dans les caisses de l’État et va au cinéma ou au restaurant comme n’importe qui. En ce sens, il est vraiment « normal ».

    Quel est le rôle auprès de lui de la reine Letizia, l’ancienne présentatrice des Journaux télévisés ?

    J. C. - Il est beaucoup plus important que ce que l’on croit. Letizia Ortiz vient du peuple, son grand-père, taxi, était communiste, plus rouge que rouge, et sa mère syndicaliste, tendance socialiste. Et elle-même, sans pouvoir le dire officiellement, étant donné son rang, est assez séduite par la gauche de la gauche, style Podemos. Mais elle s’est fondue dans son nouveau rôle avec succès. Jusqu’à présent, elle n’a commis aucune faute et apporte une touche glamour à la Monarchie espagnole, qui en avait bien besoin après les frasques de Juan Carlos. Elle sait ce que c’est que de ne pas avoir assez d’argent pour finir le mois, rester calme face au banquier et attendre le bus sous la pluie. En ce sens, elle apporte beaucoup à Felipe, élevé dans des palais et qui était assez déconnecté de la réalité, celle des « gens vrais », comme on dit chez moi.

    À quoi sert un roi aujourd’hui ?

    J. C. - Le mot est juste : à servir. Un président du gouvernement, un ministre, est passager, en place pour six ans (Suárez), huit (Aznar, Zapatero, Rajoy) ou douze ans (Felipe Gonzalez). Il est par nature clivant, est issu d’un clan, d’un parti et ne peut pas incarner charnellement son pays. Un roi si. Il représente une lignée, qui raconte une histoire (celle des Bourbons d’Espagne remonte à 1700). Il est au-dessus de la mêlée, de la politique et des querelles. Il joue le rôle de modérateur, de rassembleur, de père (ici de grand frère) de la nation. Et pour peu qu’il ait été longuement préparé à sa tâche, et qu’il soit un peu doué, il le fait bien. C’est le cas de Felipe, on l’a constaté lors de la crise gouvernementale de l’an dernier.

    Une question iconoclaste : s’il venait à décéder demain, ce serait la République ?

    J. C. - Ce serait la régence, assumée par Letizia, en attendant que la princesse Leonor, âgée de onze ans aujourd’hui, accède au trône à sa majorité, en 2023. Heureusement, Letizia ne pourrait ni réformer la Constitution, ni déclencher une guerre. La République, certains l’ont revendiquée quand Juan Carlos fut cause de scandales (une chasse au gros au Botswana, une maîtresse, Corinna, trop voyante, etc.) On en parle beaucoup moins aujourd’hui avec Felipe, très haut dans les enquêtes d’opinion, malgré l’opposition frontale de la coalition Podemos, viscéralement républicaine, qui a le vent dans le dos.

    Votre livre contient des révélations ?

    J. C. - Beaucoup et plus encore. Normal, l’Espagne est mon thème d’étude depuis cinquante ans. Pour Felipe, je me suis plongé à fond sur lui (si j’ose dire) durant trente mois, et à force de fouiller et d’enquêter, j’en ai trouvé, et des croquignolettes ! Donc des scoops, il y en a des palanquées ! Même la presse espagnole, qui s’est déjà emparée du bouquin pour le chroniquer, s’étonne de n’avoir pas eu vent de certains événements… C’est à cela que sert ce livre : raconter une histoire, sans rien cacher au lecteur, et satisfaire sa curiosité. Ce n’est pas parce que le sujet est « normal » qu’il est ennuyeux ! Pour le savoir…

    « Felipe VI, le roi normal », de Jean Chalvidant, est édité aux éditions MA - Eska, au prix de 24,90 euros (390 pages).

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