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Le Béarn et ses ambassadeurs

Rencontre avec Marie-France Cazalère, une brillante « laboureur » à l’Elysée : passionnée par les questions agricoles et rurales, par la fonction publique, elle est aussi une femme de cœur
MF CAZALERE

A l’occasion de la présence du Béarn dans la caravane du dernier Tour de France – une première pour un territoire ! – PresseLib’ a décidé d’aller à la rencontre de ces Béarnais qui sont d’excellents ambassadeurs de leur terre natale. Une démarche que nous poursuivrons tout au long de l’année.

Après Jean-Claude Rouget, le « sorcier » des courses hippiques, Bernard Berdou d’Aas, avocat d’affaire et biographe de Jeanne d’Albret, la Maison Courrèges, qui reprend vie et vient de rendre hommage à son génial créateur, Alexandre Saubot, chef d’entreprise et président des industries de la métallurgie, rencontre avec Marie-France Cazalère…

L’une des fiertés de Marie-France Cazalère est de voir sa famille figurer dans l’état-civil de Lasseube depuis le 17e siècle, comme « laboureur ». Des racines qui ont sans aucun doute marqué son parcours jusqu’à devenir, il y a deux mois, conseillère du président de la République pour l’Agriculture, le Développement rural et la Pêche.

Les deux parents de Marie-France Cazalère sont de Lasseube, ce village perché sur les coteaux, à la limite Sud du vignoble du Jurançon et aux portes des vallées d’Ossau et d’Aspe. Elle y revient régulièrement, pour passer un moment avec son cousin agriculteur, histoire de rester au contact du quotidien du monde rural et agricole.

Zoom sur un parcours porteur d’exemple et d’espoir...

Depuis son enfance du côté du chemin du Loup à Pau, cette Béarnaise passionnée et opiniâtre a franchi tous les échelons jusqu’à sa nouvelle mission à l’Elysée. Un bel exemple qui montre que tout peut s’ouvrir à force de volonté et de ténacité. Un bel exemple aussi côté cœur, puisque - en parallèle - Marie-France Cazalère a su libérer du temps pour se battre aux côtés des personnes atteintes par la maladie de Charcot.

De Pau à Paris : quelques mots sur vos premières étapes professionnelles ?

Marie-France Cazalère – J’ai fait toute ma scolarité à Pau et j’en suis très fière. De la maternelle et le primaire à l’école Lapuyade jusqu’au lycée Louis-Barthou, en passant par le collège Marguerite de Navarre. Une période chargée de bons souvenirs. Ensuite j’ai poursuivi mes études à Toulouse, j’y ai en effet intégré l’Ecole nationale supérieure agronomique (ENSAT) pour obtenir mon diplôme d’ingénieur agronome.  A la fin de mes études supérieures, mon choix c’est porté sur la fonction publique. J’appartiens au corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, issu de la fusion de deux grands corps d'ingénieurs dans le cadre d'une réforme de l'État : celui des « ponts et chaussées » et celui du « génie rural et des eaux et forêts ». J’ai fait toute ma carrière à Paris.

Vous avez déjà exercé de nombreux métiers. Pouvez-vous nous en dire plus ?

M-F. C. Oui, j’ai occupé  9 postes différents qui m’ont permis à la fois de m’investir totalement dans plusieurs secteurs liés à l’agriculture et de la pêche. J’ai donc commencé ma carrière au ministère de l’Agriculture sur les dossiers de la PAC (Politique agricole commune). Et dès le début des années 1980, j’ai participé aux négociations internationales à la Direction des questions économiques et européennes. De 1993 à 1998, j’ai travaillé au Secrétariat général des Affaires européennes auprès du premier ministre pour assurer la coordination interministérielle sur les questions européennes portant sur l’agriculture, l’alimentation et la pêche ; j’ai ensuite été sous directrice des cultures et des produits végétaux (viticulture, fruits, céréales, sucre, semences…) au ministère de l’Agriculture ; puis pendant 3 ans, j’ai dirigé l’Office national interprofessionnel des produits de la mer et de l’aquaculture (Ofimer) ; avant de prendre la responsabilité de l’organisme de certification  des semences.

Et maintenant vous voici à l’Elysée… Quelle est la mission d’une conseillère du président de la République ?

M-F. C. – Depuis le 26 mai, je suis conseillère Agriculture, Développement rural et Pêche à la présidence de la République. Mon rôle ? D’abord, recevoir les responsables professionnels qui veulent faire connaître au chef de l’Etat leurs préoccupations et leurs problématiques, soit à l’Elysée, soit sur le terrain lors des déplacements présidentiels. Je participe aux réunions interministérielles sur les questions agricoles qui ont lieu à Matignon ; je travaille en concertation étroite  avec certains conseillers du président (chargés de l’Environnement, des questions budgétaires...), la conseillère du premier ministre chargée de l’Agriculture, le cabinet du ministre de l’Agriculture : ainsi les éclairages, les avis, les recommandations qui sont portés à la connaissance du président sont issus d’une réflexion collective.

Pas le temps de vous ennuyer…

M-F. C. – Effectivement. Ca ne s’arrête jamais .C’est très prenant, mais tellement intéressant ! D’autant plus que François Hollande connaît très bien l’agriculture et y porte un grand intérêt. Le monde agricole est face à une période de mutation profonde, vers l'agro-écologie, ce qui donne une dimension supplémentaire à la fonction que j’occupe aujourd’hui.

Comment avez-vous trouvé le temps de vous occuper des personnes atteintes par la maladie de Charcot ?

M-F. C. J’ai effectivement consacré beaucoup de temps à l’Association pour la recherche sur la sclérose latérale amyotrophique (ARSLA) qui a pour objectif de venir en aide aux personnes malades et de participer au financement de programmes de recherche. Pour des raisons personnelles, cela me tient à cœur. J’ai été trésorière, puis présidente jusqu’en 2014 avant de passer le flambeau à Marie Léon. Je suis aujourd’hui présidente d’honneur et je suis restée en charge du programme de recherche  Pulse, porteur de beaucoup d’espoir (voir la vidéo ci-dessous).

En 2015, l’association a fêté ses 30 ans, avec de nombreuses réalisations à son actif : depuis la création de l’association, plus de 5 millions d'euros ont été versés à la recherche sur la maladie de Charcot pour développer 150 projets de recherche clinique ou fondamentale ; 20.000 patients et leurs proches ont bénéficié du soutien de l'association. Il reste beaucoup à faire, et je voudrais profiter de cette occasion pour lancer un appel en faveur de cette association (pour en savoir plus sur l’ARSLA, cliquez ici).

Revenons au Béarn. Vous êtes une fidèle de La Garbure…

M-F. C. – Absolument, je ne rate aucune des réunions organisées au Sénat. C’est une étonnante association, créée par Louis Barthou en 1890. Elle n’a jamais eu de statuts, ce qui ne l’empêche pas de toujours fonctionner et de réunir bon nombre de Béarnais installés à Paris ou ailleurs. La Garbure, actuellement présidée par mon ami Bernard Berdou d’Aas, nous permet de garder un lien fort avec notre terre natale.

Mais, vous allez souvent en Béarn. Un coup de cœur ?

M-F. C. – Bien sûr, je reviens très régulièrement voir ma mère à Pau, à côté du chemin du Loup. Et j’en profite souvent pour aller voir mon cousin de Lasseube pour parler agriculture et monde rural, très concrètement. Mon coup de cœur ? Les randonnées dans les Pyrénées, et particulièrement dans la magnifique vallée d’Ossau, notamment du côté des lacs d’Ayous. C’est splendide ! Je vais vous faire une confidence : ma grande frustration, ma très grande frustration, c’est que les Pyrénées soient bouchées quand je viens pour 3 jours à Pau !… difficile de retourner à Paris sans avoir vu « mes » Pyrénées !

 

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