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Les dits du vendredi7

Vagabondage… Les mots de Christian Laborde
Flocons de poésie à Saint-Lary-Soulan avec Christian Laborde

L’année commence par un mail pourri. deprofundis.com m’écrit et m’invite à  « prendre mes dispositions afin de soulager mes proches… » : lieu et nature de la cérémonie, sapin brut ou verni, poignées basiques ou sculptées. Bref, en ce début d’année,  deprufundis.com me somme de  penser à la mort. Penser à la mort, c’est lui accorder une importance qu’elle n’a pas. Le mail part à la poubelle. Quant à la mort, qu’elle crève !

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J’ai écrit mail, j’aurais dû choisir courriel, terme forgé par nos amis québécois qui résistent à l’invasion des mots anglais. Ils ont lancé courriel, et refusent selfie qu’ils remplacent par egoportrait. Egoportrait vient nous rappeler que nous préférons nous photographier nous-mêmes que de photographier le monde.

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« Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule… » continue de s’interroger en 2017, sueur au front et micro en main,  le sieur Johnny. Des gueules, y en a  plein le book de Philippe Demoulin, « Paysans d’Altitude » qui paraît aux Editions Monhélios. Des gueules de mecs et de meufs qui font les foins du côté de Gerde, d’Héas, de Gavarnie. Philippe Demoulin est photographe et les gueules en question – mémés ridées comme des pommes, berger tondant ses bêtes -, ont accepté sa présence et celle de son objectif. D’où la beauté des photographies qui saisissent la netteté d’un geste, la malice d’un sourire. Le book de Demoulin compte 120 pages et coûte 29 euros.

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Je lis le « François Moncla » d’Olivier Dartigolles, paru, il y a quelques mois, aux Editions  Arcane 17. C’est un petit livre comme je les aime, sans gras ni temps mort, un livre affûté qui reconstitue le parcours du cœur battant de François Moncla. Un parcours qui mène le sieur François, pêcheur de truites en Ossau, de l’Etoile sportive arudyenne au Quinze de France, des terrains du Sud-Ouest à la pelouse de l’Ellis Park de Johannesburg, où, le 16 août 1958,  le quinze tricolore, conduit par Lucien Mias, bat les Springbocks  sur le score de 9 à 5. Cette équipe de France, la voici : Lacaze, Dupuy, Marquesuzaa, Martine, Stener, (o) Haget, (m) Danos, Barthe, Carrère, Moncla, Momméjat, Mias, Roques, Vigier, Quaglio. Et qui succèdera à Mias, «  la plus grande gueule du Tarn » au poste de capitaine de l’équipe de France ? François Moncla. Et capitaine, Moncla le fut sur les terrains de rugby, également sur le terrain social. Il fut plaqueur d’Anglais à Colombes et traqueur d’injustice partout. Dans notre pays couleur d’émeraude où rugby  se prononce « rubis », Moncla reste rouge. Le « Moncla » d’Olivier Dartigolles compte 76 pages et coûte 10 euros.

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Sherwood, la forêt qui nous est chère, la forêt qui abrite toujours Robin des bois, la forêt dans laquelle il se cache encore avec ses compagnons pour échapper au shérif de Nottingham, la forêt de Sherwood que nous avons tous arpentée, au cinéma  dans le sillage de  Douglas Fairbanks,  ou dans notre canapé en tournant les pages  du « Robin des bois » de Suzanne Pairault, oui, Sherwood, la forêt posée sur la terre comme une chevelure de rêves, est menacée. Par Ineos. Ineos, kézaco ? Un virus ? Une maladie qui attaquerait les feuilles, l’écorce, les racines des chênes séculaires ? Nullement. Ineos est le nom du groupe pétrochimique qui s’apprête à extraire du gaz de schiste du sol  sacré de Sherwood. Exit les légendes, place au profit ! Que Robin des bois sauve Sherwood !

Christian Laborde

christianlaborde.com

 

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