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    L’aéronautique mise sur la formation pour redécoller

    Alors que le bilan 2020 est plutôt morose pour l’aéronautique civile, les cursus spécialisés battent leur plein pour préparer la relance, comme en témoigne l’Aérocampus de Latresne...
    AEROCAMPUS 0
    La plupart des chiffres-clés attendus en début d’année sont tombés : ils confirment la chute annuelle du trafic aérien, et dans son sillage les difficultés des avionneurs et de leurs sous-traitants, quoique les aides aient permis de limiter la casse sociale dans l’Hexagone…

    Néanmoins, donneurs d’ordres et équipementiers ont continué d’œuvrer au maintien de leurs compétences techniques.

    D’après l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale, organisme des Nations Unies), les compagnies aériennes ont enregistré 60% de passagers en moins en 2020, « ce qui ramène les voyages aériens aux niveaux de 2003 ». C’est -50% pour les vols intérieurs, et -74% pour les vols internationaux. L’an dernier, 1,8 milliard de voyageurs ont pris l’avion, contre 4,5 milliards en 2019.

    Les compagnies ont ainsi perdu 370 milliards de dollars à cause du covid. Les aéroports ont quant à eux essuyé 115 milliards de dollars de pertes. Sans surprise, c’est en avril dernier que la chute a été la plus brutale, avec une « baisse de 98% du trafic international et de 87% des voyages aériens intérieurs ». Après une reprise estivale, les derniers mois de l’année, marqués par le retour des restrictions dans de nombreux pays, n’auront même pas permis aux compagnies de se refaire un peu la cerise.

    Derrière le seul trafic aérien, c’est l’ensemble du secteur aéronautique qui a été touché, à commencer par ses plus gros donneurs d’ordres. Airbus a ainsi annoncé un chiffre d’affaires d’à peine 50 milliards d’euros, en recul de 29% par rapport à 2019, et une perte nette d’1,13 milliard.

    L’avionneur européen ne prévoit pas de remontée en cadence avant le second semestre… si tout va bien. Pour 2021, il déclare tabler sur le même nombre de livraisons que l’an dernier, soit autour de 560 appareils.

    L’industrie à l’heure des plans sociaux…

    Bien sûr, ce n’est pas la folle ambiance, mais les aides de l’État ont globalement porté leurs fruits et permis d’éviter un scénario tel que celui de la crise de 2009. Néanmoins, l’industrie aéronautique française aurait bel et bien perdu l’équivalent de tous les emplois créés depuis 10 ans.

    Seule consolation, Airbus distance Boeing dans l’aviation civile. Le géant américain a perdu 12 milliards de dollars en 2020. Mais pas certain que cela fasse plaisir à celles de nos entreprises qui travaillent aussi pour lui, telles Daher, Thales Avionics, Latécoère, Safran Landing Systems ou Lisi Aerospace…

    Depuis la grogne des syndicats du secteur aéronautique, à l’automne dernier, on a déjà dit qu’un certain nombre de plans sociaux avaient pu être revus à la baisse. Par exemple, les équipementiers Figeac Aéro et Latécoère, avec respectivement 100 et 230 postes sauvés par rapport à leurs annonces initiales, ont pu limiter un peu les dégâts.

    Chez Airbus, on savait que le plan de départs volontaires avait permis de sauvegarder 2.100 emplois voués à disparaître. Le plan d’Airbus prévoyait 15.000 suppressions d’emplois dans le monde, dont 5.000 en France. L’entreprise vient tout juste de confirmer qu’il n’y aurait finalement aucun licenciement forcé en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

    Bien sûr, les dégâts sont quand même là, et certains pensent même à de nouveaux remèdes pour tenter de faire face. Dans les colonnes de L’Usine Nouvelle, Jean-Claude Maillard, le dirigeant de Figeac Aero, avait par exemple plaidé pour des rapprochements d’équipementiers. « La constitution d'un ou deux grands acteurs de la mécanique et du sous-ensemble, avec par exemple Mecachrome, Nexteam et We Are, voire Lauak, aurait du sens », expliquait-il.

    Préserver les compétences…

    On rappelle que la filière aéronautique représente un total de 300.000 emplois directs et indirects en France. Avant la crise, c’était près de 50.000 en Nouvelle-Aquitaine, et 110.000 en Occitanie, en particulier autour de Toulouse. Les deux régions abriteraient 1.200 entreprises du secteur.

    Dans ce contexte plus que délicat, il est un acteur qui reste optimiste et garde le sourire : l’Aérocampus Aquitaine de Latresne, en Gironde, qui forme lycéens, apprentis et professionnels aux métiers de la maintenance aéronautique, et qui propose aux entreprises ses services en accueillant leurs réunions et séminaires. Le dirigeant de la structure, Jérôme Verschave, s’est récemment exprimé sur France Bleu, révélant que l’Aérocampus était resté bénéficiaire en 2020. En dépit d’une chute de son chiffre d’affaires (6,5 millions d’euros, contre 8 en 2019), il aurait dégagé 200.000 euros de profits.

    Même si les 20 salles de réunions du campus ont vu défiler moins d’entreprises en séminaire, le volet formation n’aurait pas trop souffert. La fermeture du site pendant le premier confinement a été supportable grâce au chômage partiel. Le secteur de l’aviation militaire, moins impacté par la crise, a relancé sa politique de formation dès la rentrée de septembre. Des groupes comme Dassault, Sabena et Thales ont ainsi continué de faire confiance à l’Aérocampus.

    De nouvelles formations…

    Jérôme Verschave s’est d’ailleurs montré optimiste sur la suite des événements, avançant que le trafic aérien allait « repartir très vite » en fin de crise, et arguant qu’en Chine et en Inde, « le nombre de vols intérieurs est déjà revenu au même niveau qu'avant la crise du Covid-19. Donc quand ça va repartir, il faut que les gens soient prêts ». D’où la nécessité, pour un certain nombre de donneurs d’ordres et d’équipementiers, d’anticiper, en maintenant et en développant les compétences dont ils auront besoin, et donc en recourant à la formation spécialisée.

    L’Aérocampus développe également son offre. Il a communiqué en janvier sur une nouvelle formation pour le personnel navigant de cabine VIP. La formation, baptisée « Finest Silver Service », est officiellement lancée ce mois-ci. Elle s’adresse « aux hôtesses et stewards voulant rejoindre le milieu très fermé de l’aviation d’affaires », un segment d’activité qui s’est bien repris depuis l’été dernier. Le campus, qui s’étend sur un terrain de 26 hectares et dispose de 23.000 m2 de locaux, compte aussi lancer prochainement un ambitieux « pôle avionique » (pour tout ce qui se passe sous le cockpit), et en septembre une formation post-bac consacrée aux drones.

    C’est dit : l’anniversaire de l’Aérocampus Aquitaine, qui fête ses 10 ans cette année, ne sera pas gâché par la pandémie !

    Plus d’informations sur le site internet, cliquez ici

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