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HydrocarburesLe décryptage de PresseLib’

Le bassin Adour-Gascogne s’inquiète de la menace d’interdiction de la production d’hydrocarbures en 2040. Circuits courts, savoir-faire, emplois… les enjeux sont majeurs
C’est le pôle Avenia qui a été le premier à réagir en juillet dernier contre cette sérieuse menace pour la filière des géosciences qui génère sur le bassin de l’Adour 5.000 emplois directs et 25.000 indirects. Le texte sera examiné à l’Assemblée nationale le 3 octobre. Zoom...

Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a provoqué de nombreuses réactions dans la région en accélérant la guerre aux énergies fossiles au point de vouloir interdire toute exploration et toute production sur le sol français.

Cette mesure concerne directement la production actuelle de pétrole sur le bassin Adour-Gascogne (voir plus loin). Mais aussi les compétences autour des métiers du pétrole et du gaz, engrangées depuis des décennies et réputées exceptionnelles au niveau mondial.

Des métiers qui ont permis de développer des savoir-faire (et des moyens) impressionnants dans l’exploration et la production. Avec bien entendu en fer de lance, le centre de recherche de Total à Pau, pôle névralgique dans le cœur de métier du géant pétrolier, et 180 entreprises de pointe réunies dans le pôle de compétitivité Avenia.

L’interdiction concerne aussi le bassin de Lacq qui continue d’exploiter le gisement de gaz pour l’alimentation en énergie des usines implantées sur les plateformes industrielles, dans le cadre du Lacq Cluster Chimie 2030.

Pour justifier sa décision, Nicols Hulot met en avant le risque lié à l’utilisation des énergies fossiles. Elles contribueraient à hauteur de 80% aux émissions de dioxyde de carbone (CO2), l’un des principaux gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique.

Du côté des scientifiques, certains considèrent qu’il faudrait ne pas utiliser 80% des réserves mondiales de charbon, 50% de celles de gaz et 33% du pétrole pour limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2°C, prévu par l’Accord de Paris.

Le bassin de l’Adour en pointe pour le pétrole

La production française de pétrole est actuellement d’environ 820.000 tonnes, dont les trois-quarts sont exploités par le groupe canadien Vermilion, dont le siège européen est installé à Parentis-en-Born dans les Landes, depuis le rachat de l’exploitation à Esso en 1954.

Les derricks landais et du bassin Adour-Gascogne (dont ceux du Béarn) produisent chaque jour plus de 5.400 barils de brut. L’ensemble de ce pétrole est raffiné et consommé en France, évitant autant d’importations. Ce qui permet à Vermilion d’affirmer que leur activité locale fait économiser l'émission de 100.000 tonnes de gaz à effet de serre par an à la France.

Il faut aussi savoir que l’eau chaude (60°), retirée des puits avec le pétrole, est utilisée notamment pour chauffer des serres voisines qui récoltent chaque année 3.000 tonnes de tomates. Quant à la commune, elle touche chaque année 250.000 euros de redevances

Enfin, le groupe canadien fait travailler directement 140 personnes dans les Landes, plus 400 chez les sous-traitants et génère plus de 2.000 emplois induits.

Toute une filière d’excellence menacée…

On comprend la réaction d’Avenia basé à Pau, le seul pôle de compétitivité français dans le domaine des géosciences. On le comprend d’autant plus qu’il n’a cessé depuis sa création de s’inscrire dans la volonté de préserver l’environnement.

« Notre filière est pleinement consciente de l’enjeu du changement climatique. Elle est résolument engagée dans la réduction des émissions de C02 et plus généralement dans la réduction de l’empreinte de ses activités » a rappelé son président, Jean-Louis Olivet.

« L’arrêt de la production d’hydrocarbures en France serait immédiatement compensé par une hausse des importations, dégradant non seulement encore plus la balance commerciale de notre pays, mais augmentant surtout les émissions de gaz à effet de serre générées par le transport sur de longues distances de ces produits importés » insiste le président d’Avenia. Du simple bon sens !

Des dizaines de milliers d’emplois et de multiples retombées…

« Nos industries représentent pour la France une force économique majeure : elles emploient des dizaines de milliers de personnes dans notre pays. Elles font travailler un tissu important d’entreprises, d’écoles et universités, de centres de recherche et contribuent fortement au dynamisme de nos territoires ».

Au-delà de cet impact redoutable et redouté, il faut savoir que cette filière, par ses investissements spectaculaires dans la recherche et le développement (R&D pour les initiés) apporte des solutions concrètes face aux défis du changement climatique, particulièrement pour l’exploitation des énergies renouvelables.

C’est le cas, par exemple, au niveau de la géothermie. Elle bénéficie pleinement des données du sous-sol, obtenues à partir de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures, mais aussi des compétences des foreurs. C’est aussi le cas des champs éoliens au large des côtes françaises, qui profitent des techniques et des moyens disponibles dans l’offshore pétrolier.

« Cette mesure (annoncée par Nicolas Hulot), en détruisant la légitimité de notre filière en France et à l’international, donnerait un coup de frein brutal et potentiellement fatal à tous nos efforts. Nous ne comprenons pas cette mesure au bilan globalement défavorable pour l’émission de gaz à effet de serre et nous inquiétons des conséquences néfastes pour nos emplois et pour nos efforts vers la transition énergétique » ajoute le président du pôle Avenia.

« Nos adhérents appellent à des discussions pragmatiques et raisonnées sur ces sujets, conduisant à l’adoption de mesures concrètes allant réellement dans le sens de la transition énergétique, pour le dynamisme et le rayonnement de notre pays ».

A suivre...

 

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