Il y aurait presque de quoi s’en étonner : 99% des cornichons avalés sur le sol français seraient d’origine étrangère et viendraient plus précisément de Chine, d’Inde et dans une moindre mesure d’Europe de l’Est.
Une situation qui n’est pas tout à fait le fruit (ou en l’occurrence le légume) du hasard : le cornichon est en effet une culture exigeante et très consommatrice de main d’œuvre.
Semé en mai, après les dernières gelées, il est quotidiennement récolté de juin à septembre, sans réelle possibilité d’en mécaniser l’inconfortable cueillette. Cette récolte « au fil de l’eau » s’explique par la croissance rapide du légume, qui peut doubler de volume en 24 heures si le climat et la température s’y prêtent.
En d’autres termes, le cousin du concombre coûterait un peu trop cher à produire sous nos latitudes. Du moins pour des entreprises conventionnelles. Car la structure des entreprises adaptées, qui se distinguent par des objectifs de recrutement, d’insertion professionnelle et de valorisation du travail des personnes en situation de handicap, semble à priori plus propice à ce genre de production.
Le cornichon d’ici prêt à envahir la Nouvelle-Aquitaine…
C’est en tout cas le pari plutôt malin des Jardins de Nonères de Mont-de-Marsan, qui dans le cadre de leur activité de maraîchage bio se sont lancés en 2019 dans cette culture du cornichon, avec à la clé 3.000 pieds plantés et 2.500 bocaux préparés à Castets par L’Armoire à Conserves, qui s’occupe du conditionnement.
C’est la variété « Diamant F1 », réputée pour sa résistance aux maladies et donnant des fruits lisses et peu courbés à la couleur foncée, qui avait été retenue. Vinaigrés ou aigres-doux, extra-fins ou en rondelles, ils ont rejoint d’autres productions conditionnées des Jardins, telles piperade et coulis de tomates ou encore soupe de courge butternut.
Les cornichons, mis en bocaux de 220 grammes (4,70 €), sont en vente sur place ou à La Part des Colibris, « l’épicerie du bon sens » de Mont-de-Marsan. Et ils pourraient bien envahir très vite les rayons des magasins bio de Nouvelle-Aquitaine.
L’idée de cette production avait germé dans la tête de Julien le Baillif, chef de l’exploitation maraîchère des Jardins de Nonères, laquelle s’étend sur une poignée d’hectares, avec même un espace-cueillette en libre-service pour les clients.
Pour 2020, l’objectif sera d’atteindre les 5.000 pieds plantés, tandis qu’est évoqué le possible lancement d’une production de piments doux vinaigrés des Landes. Et pourquoi pas ?
Gérée par le Département, l’entreprise adaptée montoise emploie une soixantaine de salariés. Outre le maraîchage bio (légumes certifiés Ecocert), la floriculture (plantes à massifs, grimpantes, rosiers, chrysanthèmes, etc.) et sa pépinière en production propre, elle propose des services pour jardins et espaces verts ou encore de plastification de documents. Et elle a manifestement tout, sauf des idées de cornichon…
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