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ZOOMLe monde du spectacle et de la culture dans la tourmente

En dépit des annonces des ministères de l’Emploi et de la Culture, artistes, techniciens, auteurs et intermittents du spectacle sont toujours inquiets. On fait le point...
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Dès le 19 mars, Muriel Pénicaud et Franck Riester avaient annoncé que le temps de confinement ne serait pas pris en compte dans le calcul de l’assurance chômage des intermittents, et aussi que ceux en fin de droit continueraient d’être indemnisés. Mais de nombreuses interrogations demeurent.

Depuis un mois, les annulations de spectacles, concerts et autres manifestations culturelles ont été aussi nombreuses que systématiques. Or les intermittents du spectacle doivent travailler 507 heures sur 12 mois pour être éligibles aux annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) de l’Unedic, c’est-à-dire pour bénéficier du régime d’allocations chômage spécifique à leur secteur. En 2018, la France comptait 274.000 intermittents du spectacle, employés par environ 47.000 structures. Le seul syndicat professionnel des artistes dramatiques, chorégraphiques, lyriques, de variété, de cirque, des marionnettistes et des artistes traditionnels (SFA) évalue à 15.000 le nombre d’artistes interprètes actuellement sans ressources.

Le jeudi 19 mars, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, et Franck Riester, ministre de la Culture, avaient « décidé de neutraliser la période démarrant le 15 mars et s’achevant à la fin du confinement de la population française ». Concrètement, les deux effets recherchés étaient d’un côté un calcul plus équitable « de la période de référence ouvrant droit à assurance chômage et à droits sociaux pour les intermittents du spectacle, afin de ne pas pénaliser les intermittents qui ne peuvent travailler et acquérir des droits pendant cette phase de l’épidémie », et de l’autre le maintien des indemnités pour les personnes arrivant en fin de droit.

Au-delà, le ministre de la Culture avait précisé qu’il étudierait à l’issue de l’épidémie d’éventuels « dispositifs d’accompagnement qui permettront de soutenir l’emploi artistique ». Des dispositifs qui restent à préciser, alors que l’activité pourrait redémarrer plus lentement que prévu.

Régions et interprofessions prennent des mesures…

Le 27 mars, Franck Riester a déjà présenté un premier plan d’actions en faveur des artistes auteurs, avec notamment des reports d’échéances et des aides d’urgence. Une cellule d’accompagnement vient de même d’être créée pour les organisateurs de festivals, alors que des événements comme les Eurockéennes (2-4 juillet) ou le Festival d'Avignon (3-23 juillet) sont dans l’incertitude, et avec eux quantité d’autres dans nos régions.

Dans le sillage de l’État, nos régions se sont aussi emparées de la question. D’abord, et au même titre que les autres, les petites entreprises culturelles profiteront de l’apport de celles-ci au fonds de solidarité national mis en place par le gouvernement. En Nouvelle-Aquitaine, une enveloppe de 15 millions d’euros est aussi « fléchée » vers les entreprises régionales ne bénéficiant pas d’autres dispositifs, tandis que 5 millions iront aux associations, notamment à vocation culturelle.

La Région, qui affirme qu’elle continuera de soutenir les filières du cinéma, du livre, de la musique et des arts plastiques, a également maintenu ses aides aux manifestations culturelles annulées. L’Occitanie en avait fait de même en décidant le maintien, voire l’augmentation des acomptes versés pour les événements reportés.

Les salariés du secteur culturel peuvent ensuite se tourner vers leurs syndicats respectifs, qui pour certains ont mis en place des plans d’urgence. C’est d’abord le cas dans la musique : la Sacem déclare mettre 6 millions sur la table pour ses sociétaires en difficulté, avec des montants d’aide allant de 1.500 à 5.000 euros. Elle proposera aussi des avances de droits d’auteur, habituellement versés tous les 6 mois.

Se greffe à ce dispositif d’urgence un million d’euros supplémentaires destinés aux éditeurs de musique, auxquels s’adressait déjà un plan d’aide du syndicat. « Les facturations et prélèvements bancaires sont suspendus pendant toute la période du confinement. Les aides attribuées en 2020 aux manifestations culturelles impactées pendant la période de confinement sont maintenues dans toute la mesure du possible », explique par ailleurs la Sacem.

Autre exemple : le plan d’urgence de la SGDL (Société des Gens de Lettres), mis en place avec le concours du Centre National du Livre. Un million d’euros sera distribué aux auteurs « qui ne pourraient pas bénéficier de l'aide du Fonds de Solidarité mis en place par le gouvernement pour les artistes-auteurs, les travailleurs indépendants, les micro-entrepreneurs et les très petites entreprises ». Les auteurs qui auraient vu leurs revenus diminuer en mars et en avril par rapport à 2019 pourront sous certaines conditions recevoir « une aide d’urgence pouvant aller jusqu’à 1.500 euros par mois ».

L’inquiétude subsiste naturellement chez les gens de la culture et du spectacle en cette période d’incertitude dont la durée n’est pas encore arrêtée, mais qui pourrait s’étendre encore d’ici à ce que les spectacles puissent de nouveau se tenir. Les situations individuelles particulières étant de plus légion dans le secteur, nombreux sont ceux qui craignent de sortir perdants de cette crise. Et c’est encore toute une profession qu’il faudra rassurer.

Plus d’informations sur le site du Ministère – cliquez ici

Foires aux questions pour les employeurs – cliquez ici

Foires aux questions pour les artistes interprètes – cliquez ici

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