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Turbomeca : le combat contre productif ?

EDITO - Ce fleuron du bassin de l’Adour change de nom. Quels sont les véritables enjeux ?
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Depuis quelques jours, certains s’agitent autour du projet de changement de nom d’un des fleurons du Béarn et des Landes, dévoilé de manière anticipée avant toute officialisation en interne par l’entreprise.

Drame : Turbomeca s’appellera Safran Helicopter Engines. On entend bien la nostalgie des uns, et la revendication identitaire des autres. Mais ne faut-il pas raison garder et surtout voir où est le véritable intérêt des collaborateurs ainsi que celui des entreprises et des habitants du bassin de l’Adour avant d’appeler à la révolte ?

Et…

SAFRAN TURBOMECAIl n’est pas de notre intention de débattre de l’opportunité, ou pas, de ce changement de nom, à partir du moment où l’on peut considérer, raisonnablement, qu’un groupe comme Safran (propriétaire de Turbomeca depuis 2000, d’abord via la Snecma) sait ce qu’il fait. N’est-il pas l’une des plus belles réussites industrielles tricolore ?

Rappelons simplement l’évidence, Turbomeca ne se bat pas pour conquérir des marchés en Béarn ou dans les Landes, mais pour conforter sa position de leader mondial pour les turbines d’hélicoptères, en profitant notamment de fortes synergies au sein du groupe Safran. Alors, franchement, quoi de plus logique que Turbomeca s’appelle Safran Helicopter Engines. Surtout que depuis plusieurs années, sans déclencher la moindre vague, la marque « Turbomeca » n'apparaît plus qu'en sous-titre de Safran (logo ci-dessus).

Le combat contre ce changement de nom semble hors du temps et pourrait même s’avérer risqué pour les collaborateurs de Turbomeca, comme pour les nombreux sous-traitants. Tout simplement parce que l’enjeu majeur est que Safran garde l’envie de poursuivre ses investissements en Béarn (2500 personnes à Bordes) et dans les Landes (1300 personnes à Tarnos), et il ne le fera que parce s’il considère que ce sont des territoires avec une vraie culture industrielle et offrant le climat de confiance indispensable.

TURBOMECA EOLEN’oublions pas que Safran a offert au Béarn l’une de ses plus belles victoires depuis des années, en construisant la nouvelle usine ultramoderne de Bordes (inaugurée en 2010) et en y pérennisant son siège mondial. De même, le géant industriel vient de donner à Tarnos de solides perspectives en décidant d’y installer son centre pilote mondial pour les réparations des turbines d’hélicoptères dans le cadre de la démarche Cap 2020.

Un bel exemple nous a déjà été donné par Total. Au moment où le groupe pétrolier a absorbé Elf (ex SNPA puis Elf Aquitaine) en 1999, certains ont également crié au loup au point que le groupe pétrolier a pu s’interroger sérieusement sur son avenir en Béarn. L’enjeu était tout autre puisque le groupe changeait de propriétaire.

TOTAL PAU*Une fois passée l’expression de quelques inquiétudes, le Béarn a su faire le nécessaire pour que Total se sente à l’aise, se sente chez lui ici. Résultat, le géant pétrolier a fortement investi en Béarn, d’une part pour favoriser un redéploiement spectaculaire du bassin de Lacq (8.000 emplois industriels) et d’autre part pour pousser les murs de son centre de recherche palois qui est passé de 1.600 à 2.800 personnes. Sans compter de nombreuses autres implications dans la vie économique, culturelle et sportive.

Est-ce que quelqu’un pleure encore le nom d’Elf Aquitaine, qui a pourtant écrit la plus grande page de notre histoire économique ? Est-ce mauvais pour le Béarn ? Evidemment non, car grâce à ce site, Pau est une référence mondiale avec des retombées en conséquence.

Personne n’a oublié et n’oubliera cette histoire des pionniers du bassin de Lacq qui a changé le visage de tout le bassin de l’Adour, comme personne n’oubliera la fabuleuse aventure de Turbomeca initiée en 1938 par le génial Joseph Szydlowski. C’est évident.

Faisons donc confiance à Safran comme à Total pour rester les locomotives du bassin de l’Adour, plutôt que de livrer des combats d’arrière-garde qui ne pourraient être que contre-productifs.

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