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Manseng noir : histoire d’un sauvetage réussi

Exemple de préservation d’un vieux cépage pyrénéen, il a été ressuscité par l’union de coopératives Plaimont, qui en a replanté plus de 25 hectares. Un succès…
PLAIMONT MANSENG NOIR 0
À partir d’un unique pied de vigne redécouvert par un ampélographe en 2000, l’union de coopératives gersoise est parvenue à proposer une première cuvée 100% manseng noir il y a deux ans. Une réussite unanimement saluée pour un vin rouge de caractère.

Proche parent supposé de l’emblématique tannat, le manseng noir a été redécouvert au tournant du millénaire dans une parcelle plantée de vignes antéphylloxériques du pays de Madiran. Trouvant ses plus lointaines origines connues fin XVIIIe, début XIXe et donnant des vins peu riches en alcool, ce cépage avait été progressivement abandonné par nos viticulteurs d’antan.

Mais la donne a changé. Car depuis Saint-Mont, Plaimont travaille depuis les années 80 à inventorier les vieux cépages d’ici, et n’hésite plus à en faire des vins à la fois authentiques et surprenants, notamment à partir de ce manseng noir.

Cela avait commencé avec la fameuse vigne de la ferme Pédebernade, à Sarragachies, connue pour sa vingtaine de cépages anciens et non greffés, tous antérieurs à la crise du phylloxéra de la fin du XIXe et, pour certains, complètement inconnus. Ce trésor patrimonial a été inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 2012. Ces cépages permettaient autrefois la réalisation d’assemblages censés renforcer la typicité des vins de Saint-Mont et des Côtes de Gascogne. Et le permettent à nouveau…

Un pur manseng noir 2018 encore à la vente…

Pour en revenir à notre manseng noir, d’abord observé par Plaimont puis micro-vinifié dès 2008 au sein du conservatoire ampélographique de la coopérative, il en a d’abord été replanté 2.000 pieds (un demi-hectare) en 2012, du côté de Lectoure, puis par la suite une dizaine d’hectares autour de Condom. Il y a désormais plus de 25 hectares plantés de manseng noir (pour un rendement optimisé de 60 hectolitres par hectare).

La montée en puissance continue donc. Elle avait commencé en 2014 avec une première cuvée « Moonseng », assemblée à partir d’un tiers de manseng noir et de deux tiers de merlot, avec au nez les notes attendues de fruits rouges, mais « agrémentées d’une note très épicée de poivre vert caractéristique et de notes de thé noir ».

Il est vrai qu’avec ses « Vignes Préphylloxériques » et « La Madeleine » (Saint-Mont), vins nés de l’exploitation de très anciennes parcelles, Plaimont n’en était pas à sa première tentative de sortir des sentiers battus. Toujours est-il qu’en 2019, la production de ce vin « à la robe profonde et à la bouche soyeuse » aurait atteint 80.000 bouteilles.

Il y a deux ans, a finalement été commercialisée une première cuvée de pur manseng noir, alors écoulée en un éclair via les caves de Condom et Lectoure. Mais on peut toujours s’offrir (pour moins de 10€) une bouteille du manseng noir 2018 (toujours peu riche en alcool : 11,4°), un vin gascon qui « révèle en bouche une typicité aromatique unique, épicée de sureau et de tapenade », Étonnant de se dire que tout est parti il y a maintenant 20 ans d’un unique pied de vigne, sorti de l’oubli où il était plongé…

Les cépages anciens pour faire face au défi climatique…

Souvent plus tardifs (vendanges mi-octobre pour le manseng noir), les cépages anciens sont par conséquent moins soumis aux effets des canicules estivales, offrant l’une des réponses possibles de la viticulture au défi climatique du réchauffement. Au-delà de leur faible degré d’alcool et d’une certaine acidité, on les avait d’ailleurs aussi délaissés, dans les années froides de l’après-guerre, faute de voir arriver le raisin à une maturité idéale. Un problème qui se pose de moins en moins…

On rappelle, pour finir, qu’avec une couverture de 5.300 hectares de vignes, la coopérative aux 800 vignerons et aux 10 châteaux représente « 98% de l’appellation Saint Mont, 55% de l’appellation Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh et près de la moitié des Côtes de Gascogne ». Elle a commercialisé 36 millions de bouteilles dans 30 pays l’an dernier, et dégage plus de 70 millions d’euros de chiffre d’affaires. La coopérative en elle-même compte 180 salariés.

Plus d’informations sur le site plaimont.com

 

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