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DécryptageLa bataille de l’ours plus que jamais d’actualité

La politique de réintroduction du plantigrade est rejetée par de nombreux éleveurs et responsables agricoles locaux. Boycott d’une réunion chez le préfet de région…
BATAILLE DE L’OURS – Pas de tirs d'effarouchement
L’Association pour le développement durable de l’identité des Pyrénées (Addip) et cinq associations pastorales du massif ont décidé de manifester leur mécontentement vis-à-vis du ministère de l’Environnement en refusant de se rendre à la Préfecture de la région Occitanie, ce lundi.

Le préfet avait convié élus et éleveurs à une réunion de concertation concernant « les améliorations qui pourraient être apportées aux dispositifs d’accompagnement et de soutien aux éleveurs confrontés à la prédation par l’ours ».

Depuis la réintroduction de deux ourses slovènes, en octobre dernier dans les Pyrénées-Atlantiques, la colère est vive chez de nombreux acteurs du massif pyrénéen. D’autant plus que, la manière dont ont été « lâchés » ces plantigrades a fortement choqué : un transport par hélicoptère qui apparaissait comme une provocation pour les bergers qui eux vivent sur places souvent dans des conditions très difficiles.

Pour les éleveurs, la cohabitation avec l’ours est impossible. Malgré les précautions prises (permanence sur place, chien de berger, parcs de nuit…), les troupeaux continuent d’être attaqués et l’Addip a dénombré pas moins de 312 attaques. Ils s’inquiètent aussi d’une situation qui pourrait devenir incontrôlable si les ours se reproduisent normalement, augmentant la population totale.

Il est clair que ces réintroductions, imposées par Paris malgré un rejet majoritaire localement, sont perçues comme des provocations. Surtout, donc, quand elles se font à grand frais, alors que les bergers et leurs familles, et plus généralement de nombreux agriculteurs, vivent dans le dur, parfois dans l’extrême difficulté. Comment justifier l’énergie et les budgets dépensés pour les ours, quand on laisse tomber les humains qui font nos montagnes ?

Comme certains le font remarquer, on a l’impression que Paris se soucie davantage de la disparition d’une espèce animale que de celle des bergers. Sauver la souche pyrénéenne de l’ours brun ? Pourquoi pas, mais existe t-elle encore avec les transplantations venues des pays de l’Europe de l’Est depuis plusieurs décennies ? Cannelle n’était-elle pas la dernière à porter véritablement cette souche ? Son fils Cannellito est déjà beaucoup plus slovène que béarnais.

En revanche, la souche pyrénéenne des bergers est bien réelle, et heureusement encore solide, malgré des conditions de vie particulièrement difficiles. Ne serait-il pas le moment de conforter ces bergers plutôt de que leur mettre des ours dans les pattes ? Puisqu’ils sont les premiers concernés ne méritent-ils pas d’être en première ligne de la décision ?

Ce ne sont pas des sauvages, comme on veut parfois le croire. Ce sont des amoureux des animaux, de leurs brebis et de leurs chiens, de la nature, de leur montagne… on peut leur faire confiance pour savoir ce qu’il faut faire en matière de faune.

Autre souci, ces ourses sont déposées en Béarn, tout près de la Soule et du Pays Basque. Or, c’est là que se trouve la moitié du cheptel ovin des Pyrénées, avec plus de 300.000 brebis. C’est là aussi qu’il s’est constitué une vraie valeur ajoutée avec la production de fromages.

Introduire des ours, c’est fragiliser ces élevages et ces productions, c’est aussi rajouter des contraintes lourdes dont les bergers n’ont pas besoin. Ils devront assurer une surveillance étroite de leurs troupeaux, 24 heures sur 24, avec toutes les conséquences que cela impose. « Nous sommes des éleveurs transhumants, pas des gardiens d’ours » rappellent-ils régulièrement.

Alors, en ces temps de « Grand Débat », il serait pertinent d’entendre la voix des bergers pyrénéens.

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