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Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot, la belle édition

Loin de toute frénésie parisienne, nichée au cœur de la cité auscitaine, la maison Tristram, qui a fêté ses trente ans, affiche une maturité sereine et rayonnante…
TRISTAM 5
Un joli ballon d’oxygène, dans un monde où les gros mangent les petits, où le mot « indépendance » s’estompe du paysage littéraire.

Tout commence au début des années 80, lorsque Jean-Hubert Gailliot et Sylvie Martigny,  jeunes « clochards célestes » quittent le cocon familial et leur lycée français de Vienne pour prendre la route, façon Kerouac. Les hasards de l’auto-stop les conduisent dans le Gers, où ils décident de poser leurs bagages. Ils ont  la tête et le sac à dos pleins de livres. Et une question qui les taraude depuis longtemps : qu’est-ce qui définit la littérature ?

De réflexions en discussions, de petits boulots en constitution d’un pécule, germe alors l’idée de créer leur propre maison d’édition. Un lieu qui donnerait vie à tous ces livres oubliés, non traduits ou trop inaccessibles.

C’est ainsi qu’en 1987, la petite Tristram (nom emprunté au truculent « Tristram Shandy » de Laurence Sterne, l’équivalent britannique de notre Rabelais) voit le jour en terre gasconne. A peine née, Tristram encaisse des coups durs. Il faut dire que cette nouvelle maison d’édition est particulièrement atypique, avec un CD - « Le discours aux animaux » de Valère Novarina - pour premier titre à son catalogue ! Et l’accueil, au tout début, est loin d’être encourageant : « Nous ne vendons pas des casseroles » rétorquera un libraire du Boulevard Saint-Germain…

Mais sous l’impulsion de ses parents qui ne lâchent rien, et quelques jolis clins d’œil du hasard qui mettra sur leur route des personnages essentiels à sa renommée, le succès est au rendez-vous. L’accélérateur n°1 sera la publication du critique de rock américain, Lester Bangs.

Dès lors, les deux compères poursuivent leur road trip littéraire, à la fois drôle, érotique, punk,  surprenant, mais toujours exigeant. La chanteuse Patti Smith (qui donnera un concert à Auch, en 1996, pour la sortie de son livre), le dessinateur Willem, l’inventeur du journalisme gonzo Hunter Thompson, Arno Schmidt, J.G Ballard, Pavel Hak , mais également le grand Mark Twain, entre autres, seront publiés, exhumés, traduits ou retraduits grâce à un véritable  travail d’orfèvre.

Trente ans plus tard, un catalogue de cent soixante ouvrages et une diffusion dans  la plupart des librairies françaises à l’étranger (Athènes, Hong Kong, New York…), une réflexion sur le désir de continuer à éditer de manière libre, indépendante et viable vient allumer un nouveau « brûlot ». Sylvie et Jean-Hubert décident alors de publier une anthologie : « Association de malfaiteurs. 30 ans d’édition indépendante ». On y retrouve un florilège de textes qui constituent l’essence même de Tristram, de documents et d’entretiens inédits, de conseils pertinents d’écrivains, éditeurs, libraires et critiques, interrogés par nos deux « malfaiteurs ».

Infatigables, nos éditeurs ont enrichi depuis le début de l’année leur catalogue de sept nouveaux titres -dont deux réservés à la jeunesse- parmi lesquels figure « Irrécupérable », seul et unique livre de Lenny Bruce devenu un classique de la littérature anglo-saxonne, jamais traduit en français jusqu’à présent. Ou encore « Portrait du traducteur en escroc » de Bernard Hoepffner, disparu en mai 2017.

Leur dernière pépite ? La nouvelle traduction par Jean-Jacques Greif de « L’Île au Trésor » de Stevenson, dans un pur et cru langage pirate, dont les meilleurs chroniqueurs littéraires ne tarissent pas déloges.

A suivre sur leur page Facebook

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