Une fois par mois en effet, l’église de la Madeleine accueille des chrétiens fervents et recueillis qui assistent, en grand nombre, à la messe dite à la mémoire de Johnny par le curé de la paroisse. Tant que Johnny était en vie, le curé s’emmerdait comme un rat mort, dans son église vide et froide. Depuis que Johnny a cassé sa pipe, le curé a du taf.
Le curé, qui n’est pas ingrat, commence ainsi son homélie : « Vous êtes ici pour Johnny et pour Dieu ». Quant à Dieu, qui était un artiste oublié, un « chanteur abandonné » en quelque sorte, il est ravi de faire un come-back d’enfer sous les projos de Johnny.
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La piste cyclable de la rue Bonado, à Pau, est la seule voie d’accès aux gâteaux au chocolat noir de chez noir de la pâtisserie Saint-André. Un axe vital. On l’emprunte et l’on tombe aussitôt nez à nez avec une automobile garée, avec l’arrogance que l’on devine, en plein sur la piste.
Que faire : rouler sur la chaussée où circulent les bagnoles ? Déconseillé : la rue Bonado est à cet endroit en sens interdit, et l’on serait bon pour le PV dressé sur le champ par les Tuniques bleues, municipales ou nationales.
Que faire : rouler sur le trottoir ? Hors de question : le col du fémur du piéton que l’on pourrait heurter ne le supporterait pas. Quand on observe l’endroit de près, quand on regarde la peinture sur la chaussée, l’on constate, éberlué, que la voiture que l’on croyait garée sur la piste cyclable, l’est en fait sur un emplacement prévu à cet effet comme en témoigne la présence, sur le trottoir, d’un de ces parcmètres prompts à nous faire les poches. Autrement dit, l’ingénieur de haut niveau qui a dessiné la piste cyclable a décidé qu’elle s’arrêterait là, qu’elle ne mènerait nulle-part, hormis contre la calandre d’un véhicule en stationnement.
Le message est clair : cyclistes, démerdez-vous ! Donc, je me démerde, et m’entraîne à devenir Peter Sagan, le coureur le plus hype du Tour de France. Je m’entraîne dans mon jardin pour acquérir ses talents, non de sprinteur, mais d’acrobate. Peter Sagan est le seul coureur au monde qui, la course gagnée, monte à vélo sur le capot puis le toit d’une voiture de son équipe, toit sur lequel il exécute une ou deux figures avant de redescendre. C’est Sagan.
A moi de devenir Sagan et d’accéder ainsi, sans danger ni PV, à la porte de la pâtisserie. Sinon, je suis chocolat.
Christian Laborde
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