Abonnez-vous
Publié le Mis à jour le

EN LIGNELa filière numérique occitane à la peine

Une étude publiée la semaine dernière par le cluster Digital 113, qui fédère les décideurs du numérique en Occitanie, illustre les difficultés actuelles de toute l’économie régionale.
HORIZONS NUMERIQUES 4
L’intérêt de cette étude réalisée avec la Direccte Occitanie est qu’à travers l’impact de la crise sanitaire sur la filière numérique de la région, elle confirme indirectement les dégâts constatés dans les autres secteurs économiques.

On en savait encore assez peu sur les effets de la crise du covid-19 sur la filière occitane du numérique. Mercredi dernier, une enquête du cluster régional Digital 113, qui fédère 350 acteurs du numérique pesant à eux tous 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 17.000 emplois, vient en partie réparer cette lacune.

Ledit cluster, basé sur Toulouse et Montpellier, a pu constituer un panel assez équilibré de 54 entreprises de toutes tailles, pour l’essentiel des éditeurs de logiciels et des prestataires de services numériques. Il a sondé celles-ci sur leur situation, et le tableau n’est pas des plus enthousiasmants.

D’abord, plus de 94% de ces sociétés indiquent que leur activité a été perturbée, et près de 47% la considèrent même « très perturbée », sinon à l’arrêt. Seuls 6% des sondés ne constatent donc pas encore de dégradation notable de leur situation économique. Parmi les principaux effets observés par les entreprises du numérique, arrivent en tête un développement commercial à l’arrêt faute de nouveaux contrats (pour plus de 60% des sociétés interrogées), ainsi que des annulations et reports de commandes (pour respectivement 41 et 56% des sondés).

On notera de plus que 20% de ces entreprises du numérique se disent « sans nouvelles » de leurs clients. Seul point positif : 28% des structures du panel se maintiendraient pour l’instant à flot grâce une activité récurrente.

Une enquête à la portée globale…

L’estimation des dégâts n’est guère plus réjouissante. Si plus de 40% des entreprises jugent que leur perte de chiffre d’affaires sera inférieure à 20% et ne fera dans certains cas qu’annuler la croissance initialement prévue cette année, près d’un tiers des sondés estiment que cette baisse de revenus excèdera les 40%, et environ 7% qu’elle dépassera les 60%. Les fonctions commerciales de 85% des acteurs occitans du numérique seraient affectées par les conséquences du virus. Même chose pour 35% des services de R&D. Parmi les autres chiffres à retenir, on ajoutera que « plus de 48% des répondants annoncent avoir déjà déposé un dossier d’activité partielle pour tout ou partie de leur personnel, et 30% l’envisagent d’ici fin avril, si la situation ne s’améliore pas ».

Quant aux effets de cette crise à plus long terme, ils sont encore difficiles à mesurer, surtout si l’on raisonne à l’échelle internationale. Les inquiétudes de la filière portent notamment sur la Chine, l’Inde et les États-Unis, pays où un nombre important d’acteurs du secteur a des intérêts, des marchés, des fournisseurs et/ou des équipes. Mais le cluster régional indique qu’il interrogera régulièrement son panel pour suivre la situation.

L’autre intérêt de cette enquête ciblée, c’est qu’elle vient aussi préciser l’impact régional de la crise dans les autres secteurs d’activité, puisque la filière du numérique attire tous types de clients. Ainsi, les entreprises du bassin toulousain se disent d’abord assez nettement pénalisées par le coup de frein constaté dans l’industrie et la métallurgie : 23% du panel est concerné. Un constat qui fait écho aux dernières nouvelles du principal donneur d’ordres local, Airbus, qui a annoncé une réduction d’un tiers de sa cadence de production, ainsi que la suspension temporaire d’investissements comme son projet de ligne d’assemblage toulousaine de l’A321. Il s’agit de préserver la trésorerie du groupe pendant cette période de turbulences.

L’Occitanie durement touchée…

Autres clients touchés, toujours selon nos acteurs du numérique : le transport et la logistique (pour 17% des sondés), les collectivités, l’éducation et la formation, le tourisme, l’hôtellerie et la restauration et même le e-commerce. L’enquête précise que les difficultés touchent aussi au secteur médico-social, habituellement friand de services et solutions numériques, ici « du fait de l’arrêt de déploiement des nouveaux projets et de l’impossibilité de se rendre chez les clients (hôpitaux, maisons de retraite) ».

D’autres études de conjoncture récemment publiées vont dans le même sens que celle du cluster. En Haute-Garonne, un petit millier d’entreprises ont été interrogées par la CCI locale. Les principales baisses de chiffre d’affaires concerneraient le transport, les services, l’hôtellerie-restauration et la réparation automobile, avec des reculs attendus de plus de 60%. Près du tiers des entreprises pensent qu’elles seront contraintes de réduire leurs effectifs : 73% d’entre elles auraient essuyé une baisse de chiffre d’affaires au premier trimestre, et 88% s’attendent à une dégradation au second.

En Occitanie, un salarié sur 4 serait déjà touché par le chômage partiel, ce qui représente près de 450.000 personnes, pour un coût évalué à 1,6 milliard d’euros. Le chômage repartirait à la hausse avec 7% d’inscriptions supplémentaires liées au non renouvellement de contrats courts. Plus de 11.000 demandes d’entreprises auraient été déposées pour des prêts garantis par l’État, pour un total de 600 millions d’euros accordés (à 99% d’entre elles). On espère que cela permettra à un maximum d’acteurs d’assurer leur survie.

Pour découvrir l’enquête détaillée, cliquez ici

Plus d’informations sur digital113.fr

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi