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    Les dits du vendredi

    Ousse, et voilà !... regard de Christian Laborde
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    Ousse

    - Le vent me pousse dans la bosse douce d’Ousse, je pédale dans un bain de mousse.

    * * *

    La côte de Bénéjacq n’est pas le Tourmalet, mais ses lacets sont sans pitié, et le sommet n’arrive jamais.

    * * *

    Dans les villages que je traverse, en semaine, sur mon vélo, à 10h du matin, pas ou peu de caisses. Et toujours, des cris d’enfants, la java des miochonnes et de miochons qui, à cette heure, jouent dans la cour de l’école communale. C’est la récréation ! Comme c’est la récré, je m’arrête devant une boulangerie pour acheter une chocolatine. Cool.

    Voilà

    Nous en sommes là : des « voilà » partout, tout le temps. A chaque micro, sur tous les plateaux, sortant de toutes les bouches qui débattent, des tas, des tonnes de « voilà ».

    Il y a le « voilà » qui tient lieu de ponctuation, un petit girophare sonore : « Non, non je ne suis pas d’accord, je ne suis pas d’accord avec ça, voilà. »

    Il y a le voilà qui permet, en fin de phrase, de hausser un peu le ton. Dans ce cas, « voilà » est suivi de « quoi » : « Non, non je ne suis pas d’accord, pas d’accord du tout, voilà quoi. »

    Il y a le « voilà » que l’on dit avec, dans la voix, une note d’agacement, voire d’exaspération. Est-on exaspéré par l’interlocuteur, par ce qu’il avance ? Nullement. Exaspéré, on l’est par l’argument que l’on avance et dont on découvre, en le formulant, la faiblesse. Pour masquer cette faiblesse, on s’empresse de dire voilà, en le faisant précéder de « non mais », suivre de « quoi », lui-même suivi d’un nouveau voilà : « Non, non je ne suis pas d’accord, je ne suis pas d’accord avec ça, pas du tout, non mais voilà quoi, voilà »

    Ces voilà, cette armée de voilà, ont pour but de prendre le dessus sur l’interlocuteur et, surtout, d’empêcher la victoire du celui qui mettrait tout le monde KO : le silence.

    Le silence : tel est l’ennemi. L’ennemi de tous les débatteurs, de tous les plateaux, de toutes les chaînes d’Info. Un ennemi dont chacun redoute l’arrivée. Que le silence s’installe et leur misère verbale crève aussitôt l’écran. D’où, je le répète, ces bombardements permanents de « voilà » destinés à empêcher l’atterrissage du silence, c’est-à-dire du beau, du vivant, et du vent.

    Christian Laborde

    www.christianlaborde.com

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