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    Hommage à l'immense couturier, André Courrèges

    Ses obsèques ont été célébrées à Pau dans l’intimité – Retour sur un parcours d’exception…
    COURREGES

    André Courrèges est né le 29 mars 1923 à Pau. Ce créateur de génie et avant-gardiste a marqué l’histoire de la mode féminine dans les années 60, inventant notamment la minijupe et ouvrant la porte d’un style unique.

    Sa marque a été relancée en 2011 par Frédéric Torloting et Jacques Bungert, et retrouve une nouvelle jeunesse (nous y reviendrons). L’annonce de sa disparition a provoqué une déferlante d’hommages sur les réseaux sociaux. Créateur futuriste, il fut pour le plus grand bonheur des femmes (et des hommes) l’inventeur de la minijupe, entre beaucoup, beaucoup de hardiesses et d’innovations. Rien que pour cela, rendons grâce à l’enfant le plus célèbre de Pau.

    Ce qu’il faut savoir…

    courreges1Le style d'André Courrèges s’est installé comme une véritable révolution dans le monde de la mode. Inspiré par l'architecture, la science fiction et le sport, le créateur palois a, d’entrée, fait du blanc sa signature, tout en bouleversant les codes traditionnels. On adorait.

    Côté ronchon, il y avait bien sûr la vieille mademoiselle, Coco Chanel, qui estimait qu’il « détruisait la femme, dissimulant ses formes pour la transformer en petite fille. » Tandis qu’Yves Saint-Laurent y allait d’un bel hommage : « Je m’enlisais dans l’élégance traditionnelle. Courrèges m’en a sorti. »

    PL COURREGES 6Les plus jolies femmes au monde, ou du moins les plus en vue, Brigitte Bardot, Mireille Darc, Romy Schneider, Jackie Kennedy ou Françoise Hardy osèrent la transgression, se revêtant de blanc et montrant leurs genoux.

    Le style Courrèges était lancé et avec lui l’âge d’or de la création française.

    PL COURREGES 2L’aventure d’André est connu de tous les Palois : naissance dans la ville en mars 1923, des études d’ingénieur à l’École des Ponts & Chaussées et après la guerre qu’il effectue comme pilote, son entrée dans la mode grâce au modiste Jean Barthet, originaire de Nay, dans les ateliers de Balenciaga, où il rencontre sa future femme, Coqueline Barrière.

    PL COURREGES 5En 1961, époque bénie des yéyés, il ouvre sa propre maison de couture et tourne le dos à la haute couture au profit du prêt-à-porter. On parle d’un « style Courrèges » mêlant des matières jusqu’alors inusitées, comme le nylon ou le vinyle.

    Son ambition : libérer la femme. À cette intention, il sabre, coupe, efface, supprime, annihile. Finis les soutiens-gorge, guêpières et autres entraves à la féminité. Place aux combi-shorts, aux tailleurs à larges poches, aux pantacourts et aux bottes plates. La presse ne manque pas de dithyrambes et affirme qu’il a « retiré dix ans aux femmes. »

    courreges1Futuriste ? Assurément d’ailleurs c’est ainsi qu’il dépeint son concept, « Couture Future ». Il pose sa griffe sur tout ce qu’il touche : scooters, planches à voile, parfum (« Empreinte ») et ses fameuses lunettes à fente horizontale, qui ne devaient pas être très pratiques, mais qui donnaient un look indéniable.

    Ce sont, comme dit l’autre, les « années bonheur ». À Pau, où il étudia au lycée Saint-Cricq et joua à la Section Paloise, et où il grandit auprès d’un père qui exerçait à Billère les fonctions de majordome auprès d’une famille huppée, il ouvre un atelier de confection rue Alfred Nobel (route de Morlaàs), qui compte très vite 300 petites mains.

    courreges3Nous en avons tous connue une dans nos vies, fière d’y travailler. Mais dans les années 90, déjà affaibli, il tire sa révérence et quitte la rue François Ier pour de se consacrer à d’autres arts, la peinture, la sculpture et se lance même dans l’aventure des véhicules non polluants ; c’est l’ingénieur qui refait surface.

    COURREGES 7La mode ne l’intéresse plus que de loin. Aussi avec Coqueline décide-t-il de vendre son fond de commerce à deux publicitaires, pour poursuivre son œuvre, Jacques Bungert et Frédéric Torloting, écartant les offres des mastodontes LVMH ou PPR.

    Une décision osée, mais une option payante, puisque aujourd’hui Courrèges emploie sur Pau vingt-cinq personnes, en ayant récupéré une identité forte.

    Deux directeurs artistiques, Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer, du fameux « Duo Coperni » sont même venus renforcer l’équipe créative.

    COURREGES 5Un choix qui semble gagnant car l’élan des années passées semble avoir été retrouvé. On a ainsi vu le Conseil régional allouer l’an dernier à l’entreprise une somme de 31.132 euros, ce qui lui a permis d’acquérir du matériel plus performant, en particulier un logiciel et une table de coupe.

    On sait que les jeunes repreneurs (26 ans chacun) ont trouvé les bons sous-traitants, et tissé un réseau commercial solide, et sont de plus en plus référencés. Et qu’il faut maintenant convaincre les femmes que la marque ne s’est pas figée au milieu des années 60, dans ces mythiques vêtements blancs s’arrêtant au-dessus du genou.

    COURREGES 1La marque Courrèges est ancrée dans l’inconscient collectif, elle fait partie du patrimoine national.

    C’est l’un des plus grands succès d’André que d’avoir réussi cette gageure. Il n’est que d’assister aux défilés de mode pour constater l’empreinte qu’il a laissé dans les styles de jeunes créateurs comme Nicolas Ghesquières ou Simon Porte Jacquemus. Sans oublier Marc Jacobs ou Miuccia Prada.

    COURREGES MODELESOn le savait atteint de la maladie de Parkinson depuis une trentaine d’années, d’où sa retraite discrète. Ses obsèques ont été célébrées à Pau, dans la ville qu’il chérissait tant, ce lundi, dans l’intimité.

    Le slogan publicitaire de sa Maison affirmait : « Toute femme plongée dans Courrèges subit une importante poussée d’optimisme ! »

    Pour une fois, une seule, elle doit se sentir triste.

    https://youtu.be/FhvHVxKbVg4

    https://youtu.be/6dEvNpuZy3s

    https://youtu.be/3qbV4Q0Cijc

    https://youtu.be/l8WjByFnv7w

    https://youtu.be/FgqjjmifhMw

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