Le spatial, on ne fait que le répéter, est un des grands enjeux des décennies à venir. Et il n’aura échappé à personne que les choses ont beaucoup bougé dans ce domaine ces dernières années. Dernier symbole de ces mutations : le voyage aller et retour, cet été, de deux astronautes américains sur l’ISS via une capsule conçue par SpaceX.
Pour la première fois de l’histoire, des hommes ont ainsi été envoyés sur la station spatiale internationale par une société privée (sous contrat avec la NASA). Tout un symbole, car oui, le secteur privé est bel et bien en train de mettre le nez dans la stratosphère, s’engouffrant notamment dans la brèche d’un futur « tourisme spatial ».
On pense plus près de nous à des acteurs du genre de la société héraultaise Zephalto, qui se propose tout à fait sérieusement d’emmener « des passagers en ballon dans la stratosphère pour une croisière avec vue sur la Terre ». Il y avait autrefois la « nouvelle économie ». Il y a maintenant le « NewSpace ».
On a aussi beaucoup parlé ces derniers mois des enjeux diplomatiques et militaires liés à l’espace et aux satellites. Il y a tout juste un an, nous évoquions les lancements à Toulouse d’un « commandement militaire de l’espace » et, fin 2019 à Latresne (33), d’un cluster « Alienor », créé pour répondre aux enjeux de défense au-delà de l’atmosphère. Plus largement, le nombre d’agences spatiales gouvernementales aurait presque triplé en moins de 20 ans.
Pour lire notre article sur la création d’un commandement militaire de l’espace à Toulouse, cliquez ici
Pour lire notre article sur la collaboration des entreprises innovantes de l’aérospatial avec le monde militaire, cliquez ici
Une quinzaine de partenaires…
Le sujet est naturellement crucial en Nouvelle-Aquitaine, et plus particulièrement dans la métropole bordelaise, où œuvrent (entre autres) 3.500 des 9.000 employés d’ArianeGroup. Le leader européen des lanceurs est d’ailleurs associé, aux côtés de la Région, de la Métropole bordelaise et de la Ville de Saint-Médard-en-Jalles, au projet de « SpaceHub » présenté ce lundi du côté de l’Hôtel de Région.
Dassault Aviation, CEA, Cnes, Thales, Université de Bordeaux, Fondation Bordeaux Université, CNRS, Inria, Chaire Défense & Aérospatial de Sciences Po Bordeaux, Nouvelle-Aquitaine Academic Space Center, association HyFAR-ARA : de nombreux autres partenaires sont aussi de la partie.
« Le SpaceHub a pour ambition d'être un acteur d'excellence de niveau international dans le domaine de la mobilité spatiale, en particulier les vols suborbitaux, le transport spatial et la rentrée atmosphérique », explique la Région, qui voudrait voir s’ouvrir de nouveaux marchés pour les entreprises locales. Concrètement, ce hub se composera d’un centre d’analyse prospective (ThinkTank) et d’un « centre d'exploration et d'accélération des concepts spatiaux doté de technologies et de méthodes agiles les plus avancées ».
« Outil de développement, précurseur dans sa volonté de rassembler dans un même lieu réflexion, innovation et recherche technologique, le SpaceHub aura vocation à développer des approches pluridisciplinaires en croisant les thématiques spatiales avec les préoccupations sociétales, la préservation de l'environnement, la transition énergétique », a ainsi exposé Alain Rousset ce lundi.
L’avenir passe par l’espace…
Au-delà de l’objectif de faire émerger des projets innovants et concrets, ce hub, qui prendra place d’ici la fin de l’année à Saint-Médard et regroupera donc acteurs industriels, de la recherche et de la R&D, aura également un rôle de sensibilisation du public aux enjeux du spatial. Imagerie médicale, chirurgie arthroscopique, géolocalisation, analyses météo : sans quitter la Terre, on sait déjà ce que l’on doit à l’espace et aux progrès techniques réalisés à seule fin de l’explorer.
Les plus anciens d’entre nous se souviennent peut-être que le premier ordinateur nanti de circuits intégrés avait été imaginé pour les missions Apollo… Plus loin, des centaines de technologies au départ employées dans des programmes de la Nasa auraient depuis servi dans d’autres domaines.
Oui : quand on y réfléchit un peu, on se dit qu’une partie de notre avenir se jouera sans doute au-delà de la stratosphère. Ne reste plus qu’à voir comment s’articuleront les efforts autour de ce hub néo-aquitain, ainsi que les liens qu’il pourrait entretenir avec ses équivalents d’Occitanie.
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire