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    Les dits du vendredi6

    Tours et détours… les mots de Christian Laborde
    Flocons de poésie à Saint-Lary-Soulan avec Christian Laborde

    TGV  N° 8430. Je descends à la Gare Saint-Pierre des Corps. Je viens en Touraine rencontrer  mes lecteurs, à l’Auberge de la Treille, sise à Saint-Martin-le-Beau. Une rencontre dans une auberge mêle les mots et les mets. C’est pour cette raison que j’ai accepté l’invitation. A l’auberge de la Treille, il y a qui plus est de bons vins : ne serai point déshydraté quand prendra fin ma tchacherie…

    Gare de Saint-Pierre-les-Corps

    il n’y avait pas de jolis corps

    Saint-Pierre non plus n’était pas là

    peut-être faisait-il la sieste

    dans une chambre de l’hôtel Kyriad

    dont la façade

    perçée de fenêtres carrées

    carcérales

    ne raconte aucune histoire au ciel

    Sur la place ronde

    assiégée par le  vent froid

    en ferraille et fil de fer

    Don Quichotte et Sancho Pansa

    le premier brandit sa lance

    le second son estomac

    Sur sa famélique haquenée

    Quichotte n’a ni selle

    ni étriers

    pas très bon pour les  roubignoles

    Don Quichotte d’ailleurs se fige

    mais

    noblesse oblige

    ne grimace pas

    Qui dit Tours,  dit  d’abord Paris-Tours. Et je découvre, tapissant les murs d’un couloir de la Nouvelle République d’Indre et Loire, des photos superbes de cette classique sans bosse, chasse gardée des  rouleurs et des  sprinteurs, que Richard Virenque remporte en 2001. Sur l’un des clichés, datant de 1962, je reconnais Jean Stablinski, vêtu du champion du monde, roulant  à l’épaule avec Jacques Anquetil. Dans le roue de ce duo, un coureur costaud : Raymond Mastrotto. Mastrotto, c’est l’air du pays soufflant en Touraine, la langue des gueux au pays des rois. Les mots de Mastrotto sont aussi beaux que ses exploits. En 1967, il remporte l’étape Luchon-Pau. On le félicite. Interrogé à propos du terrible Tourmalet qu’il vient d’escalader, il déclare : « Dans le Tourmalet, je suais tellement que je graissais la chaîne. » La langue de Mastrotto, c’est la langue d’Audiard. Elle se parle toujours dans l’Aubisque,  jamais à Roland Garros.

    Qui dit Tours, dit aussi Jean Royer, maire de la ville pendant  trente-six ans, de 1959 à 1995, également   ministre du commerce et de l’artisanat du gouvernement de Pierre Messmer  et, surtout, candidat chahuté à l’élection présidentielle de 1974. Chahuté où ? A Toulouse pardi, lors d’un meeting où, à l’ l’heure de la « révolution sexuelle », Jean Royer prêchait contre vents et marées les valeurs traditionnelles chères aujourd’hui aux pousseurs de poussettes à triplés de la Manif pour tous.  A Toulouse donc, pendant qu’il tentait de se faire entendre, une étudiante vint se placer devant Jean Royer et, retirant son chemisier, lui présenta ses seins, quarante ans avant les Femen. A Toulouse, les femmes ont toujours été les premières sur les barricades. Rappelons que la pierrière dont la charge tua Simon de Montfort, le 25 juin 1218 lors du siège de Toulouse, était manœuvrée par des femmes.

    Christian Laborde

    christianlaborde.com

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