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DécryptageLa terre gargouille dans le Sud-Ouest

Un séisme de magnitude 4,9 a été enregistré ce mercredi entre Gironde et Charente-Maritime, dans une zone où le risque est pourtant considéré comme mineur. Un événement exceptionnel mais pas forcément inquiétant…
SEISME 3
C’est du côté de Montendre, en Charente-Maritime et à une trentaine de kilomètres de Pauillac et de Blaye, que la terre aurait tremblé le plus fort, ce mercredi à 11h56, d’après le Réseau national de surveillance sismique (RéNass).

Les experts semblent se rejoindre sur l’explication de ce séisme, qui a priori n’annonce aucune apocalypse et n’aurait pas occasionné trop de dégâts.

C’est bien connu : le risque zéro n’existe pas. On en a eu une nouvelle preuve ce mercredi, alors qu’on s’attendrait plutôt à ressentir un tremblement de terre dans les massifs alpin et pyrénéen et à leurs abords, à l’exemple de celui de Provence en 1909 (de magnitude 6,2 et de sinistre mémoire) : un séisme de magnitude 4,9 a été enregistré aux confins de la Gironde et de la Charente-Maritime, dans une zone à la sismicité pourtant considérée comme faible à très faible. Et ce en France, pays relativement peu exposé au risque sismique (puisque situé à bonne distance de la jonction entre plaques tectoniques eurasiatique et africaine). La secousse aurait été ressentie jusqu’en Dordogne et en Corrèze.

Du côté de chez nous, on recenserait beaucoup plus d’événements vers les Pyrénées, où la terre tremblerait 300 à 400 fois par an, à des magnitudes ne dépassant généralement pas le niveau 3, sur une échelle de Richter qui va de 1 (micro-tremblement non ressenti) à 9 et plus (dévastateur). Le niveau 4,9 est entre « léger » et « modéré », caractérisé par « secousses d'objets à l'intérieur des maisons, bruits d'entrechocs » et des « dommages importants peu communs ». On a par exemple constaté l’effondrement de plusieurs cheminées du côté de Barbezieux-Saint-Hilaire (Charente, à 24 km de l’épicentre, qui se serait trouvé à 6 km de profondeur et à 5 km de la commune de Montendre). On ne parlerait donc pas d’une catastrophe naturelle, mais tout de même d’un événement assez exceptionnel, qui s’expliquerait par la rupture d’une des nombreuses failles mineures que compte notre sol, héritées de la forte activité tectonique d’il y a 250 millions d’années.

Pas de panique, mais des risques à anticiper…

Le Centre Pyrénéen des Risques Majeurs nous rappelle tout de même sur son site que nous nous promenons chaque jour sur une grosse écorce qui réserve parfois de mauvaises surprises, invoquant les exemples du séisme d'Arette (survenu en 1967, dans les Pyrénées Atlantiques), d'une magnitude de 5,3, mais aussi des tremblements de terre historiques recensés en Bigorre en 1660 et 1750. On pourrait ajouter le cas d’Arudy, avec un séisme de magnitude 5,2 en 1980. Des épisodes qui reviennent donc à intervalles réguliers, bien davantage que dans la zone considérée aujourd’hui. Ce mercredi, deux autres séismes de moindre magnitude (et non ressentis) seraient également survenus, l’un dans la même zone une demi-heure plus tard (2,8) et l’autre au milieu de la nuit de mardi à mercredi dans le Finistère (3,7).

Si la terre tremble encore autant dans les Pyrénées bien que la micro-plaque ibérique ait achevé de se souder à notre plaque eurasienne il y a plus de 23 millions d’années, c’est parce que de grandes failles subsistent toujours et occasionnent quelques séismes notables, mais avec un risque demeurant dans l’absolu d’une criticité moyenne.

Quoiqu’il en soit, s’il n’existe pas de meilleur moyen qu’une surveillance accrue pour tenter de prévoir ce qui ne peut encore véritablement l’être, on notera les nombreux dispositifs et plans de préventions existants. Dans les Pyrénées, toute nouvelle élévation doit nécessairement respecter des règles de construction parasismiques. Enfin, les autorités compétentes rappellent ces quelques conseils de base que sont la fixation des meubles, la mise à l’abri « près d’un mur porteur ou sous des meubles solides » en cas d’événement (et si possible l’éloignement de ce qui peut s’effondrer), ou encore la coupure de l’eau, du gaz et de l’électricité. Après un séisme, il est recommandé d’évacuer au plus vite les bâtiments et d’essayer de s’informer avant de s’aventurer où que ce soit. Plus de peur que de mal en Gironde cette fois-ci, mais les consignes méritent toujours d’être rappelées.

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