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    Sur la route des Mayas / Jour 7

    Vertige et bonheur signé Ek Balam. - Rencontres autour des hamacs et avec mon nouvel ami Nicanor
    Nicanor et sa fille

    Quitter la grande Chichén-Itzá, les travaux sur la Nationale et les équipes d'archéologues au travail, l'ambiance si particulière des lieux, riches d'histoire et de passé, évidemment on se dit qu'on ne pourra qu'être déçus ensuite.

    Et pourtant, la route délicieuse (par les petits villages) en direction de Ek Balam est une anticipation au bonheur. Il fait déjà chaud (39 degrés) quand j'y arrive et la promesse d'un beau cénote sur le site me comble d'aise.

    Et…

    Ek Balam 17 Ek Balam, la grande pyramide

    Si vous êtes des accros des reportages télé sur le monde Maya, vous connaissez forcément Ek Balam et sa grande pyramide aux toits de palapa (palme) et ses bas-reliefs sublimes.

    Ek Balam, comme je vous l'ai dit hier, signifie Jaguar Noir (Balam = Jaguar ; Eek = Noir), même si les populations mayas locales le traduisent plutôt par "Lucero-Jaguar" à savoir Jaguar Brillant.

    Ek Balam 16En fait, il a fallu attendre 1994 pour que l'endroit soit vraiment mis en valeur par un projet archéologique de l'INAH (Institut National d'Anthropologie et Histoire). Les fouilles ont montré que la cité exista du IVème siècle jusqu'à l'arrivée des Espagnols. On commence à découvrir des relations avec Cobá (que nous visiterons demain) et même Chichén-Itzá dans les sculptures-gravures restaurées, mais il reste beaucoup à faire et à découvrir pour que cette cité livre ses secrets.

    Comme toujours, le temps sera un allié en la matière. Pour l'instant, on sent bien que tout le site n'a pas été fouillé, et qu'il doit dissimuler bien d'autres trésors et stèles.

    Ek Balam chiotIci, on retrouve le zumpul-ché (temazcalli chez les Aztèques, bain de vapeur préhispanique), le jeu de pelote, mais surtout cette fameuse pyramide si connue, au pied de laquelle dorment les chiens du site, avec leurs chiots, habitués à recueillir tendresses et largesses des touristes.

    Le hic, c'est que ça grimpe pour aller tout là-haut. J'ai entendu un guide conseiller : "ne tombez pas, le premier hôpital est à 50 minutes".

    Glace a Ek BalamLui ou la hauteur, je ne sais pas, mais après les oreilles d'hier (qui vont mieux, merci), je me suis tapé un vertige monumental, et la redescente a été, euh, version crabe, sur le côté, ne pas regarder en bas, ne pas penser, descendre, calme, pas stresser, Laya.

    Après quoi, me suis dit qu'un plouf au cénote serait bienvenu, mais là, ils faisaient encore payer, j'ai trouvé que c'était abuser. Pour compenser, une petite glace à la pitahaya, le fruit du dragon, miam !

    Hamac Laya 2Donc, détour par le village de Ek Balam, et là, je m'aperçois que si les hommes travaillent comme employés au site archéologique, les femmes, elles, tissent des hamacs. Je dégaine mon charabia maya et j'y vais au culot.

    L'une d'elles, Sylvia, accepte de me montrer son travail, que fabriquer un hamac lui demande un mois entier de travail, et qu'elle le vend 500 pesos (30-35 euros). Puis elle me propose d'essayer, et bou diou, c'est pas simple, cette affaire. Rébarbatif et minutieux à la fois.

    Un homme sort de leur choza, il n'est pas content que je sois là, et que je prenne des photos, il ne veut pas de touriste et râle que je n'achète pas. Il parle en maya, mais je comprends que si j'insiste de trop, malgré la connivence rieuse avec les femmes, je suis très mal barrée, je sais...

    [caption id="attachment_33852" align="alignleft" width="350"]resto Nicanor Chez mon nouvel ami Nicanor[/caption]

    Mais une autre rencontre m'attend plus loin, et je ne le sais pas encore. Ayant terminé dans le coin, je décide de m'avancer vers Cobá pour pouvoir marcher tôt demain matin. Mais sans le bain au cénote et sous les 41 degrés de midi, je cherche désespérément un truc qui rafraîchisse.

    C'est là qu'à Temozón, j'avise un resto en retrait d'un chemin paumé, avec écrit "La Palapa, restaurán con alberca" (noter qu'en espagnol, on dit "restaurante" et "piscina", mais ici on est au Mexique au cas où vous ne vous seriez pas encore rendus compte).

    La piscine est un peu en version mare aux grenouilles, eau verdâtre qui n'a pas du voir un cachet de chlore depuis l'arrivée des Conquistadors, et petites bestioles qui nagent à vos côtés. Mais après tout, hier, quand c'était au cénote que les poissons me frôlaient, je ne jouais pas les délicates. On ne va pas chichiter pour si peu...

    NicanorArrive le patron qui veut nettoyer la piscine, je lui fais signe que non, que ça ira très bien, et pour la deuxième fois de la journée, je baragouine en maya. Il n'en revient pas. On se met à papoter comme deux copains de toujours, il m'apprend de nouveaux mots (et des finesses de la langue : "le H en début de mot a disparu et désormais il est remplacé par le J, la jota espagnole", précision passionnante et d'importance, non ?) et il me raconte sa vie.

    Il aura 55 ans le 11 octobre et compte bien organiser une grande fête avec toute la famille ici. C'est qu'ils sont 8 frères et soeurs. Le papa est mort d'une embolie. Nicanor, puisque c'est le nom de mon nouvel ami du jour, a lui-même 6 enfants, dont la fille - si jolie - qui est au service. Elle étudie et il ne lui manque qu'une année pour être infirmière. Les garçons sont ingénieurs et l'un est instituteur. Il m'en présente un, costaud, de 26 ans. Il m'explique qu'il a tenu à élever ses fils sans jamais lever la main sur eux. Car lui, autrefois, a été sévèrement châtié par son propre père.

    Nicanor4Quand il apprend que je marche sur sa terre du Mayab, il est content et admiratif. Il me dit "c'est pour ça que t'es si bien conservée alors !", j'en ris encore. Ça lui rappelle, petit, quand il fallait aller aux champs (la milpa), se lever à 4 heures pour travailler jusqu'à huit heures, à la fraîche, recommencer le soir, on en faisait alors des kilomètres !

    Nicanor me raconte ce restaurant acheté il y a un an et demi, qu'auparavant il a travaillé deux ans à Cancún, mais non, ça ne lui plaisait pas, ici au moins on ne tombe pas malade, on vit sainement et simplement. Avec des bons fruits, dis tu veux goûter la pastèque que je viens de cueillir au jardin ?

    plat vegetarien NicanorIl faudrait plus d'argent évidemment, pour arranger les lieux, faire une autre Palapa, investir, mais bon, il y a les économies qui pourront être placées à partir de ce mois d'août, si je reviens dans deux ans, il aura mis des panneaux à l'entrée et à la sortie de la ville, et aura passé des publicités à la radio et dans le journal local. On chantonne même un air que j'ai appris avec mes cours de maya, puis il chante dans sa si belle langue.

    On parle, on parle, mais pendant ce temps-là, les plats tombent. J'ai commandé du riz avec des légumes, et on m'apporte un plat énorme. Il y a certes du riz, mais aussi du col (le chou blanc), des pommes de terre et des carottes, du guacamole. Mais avant cela, il y a les "botanas" offertes, les mise-en-bouche : des haricots noirs en sauce mixés, du foie et du coeur coupés en petits dés dans une sauce (ohhhhhhhhhh nonnnnnnnn, pitié), du guacamole délicieux encore...

    Nicanor jus de tamarindoÀ boire, du jus d'ananas frais, ou du "tamarindo" (tamarin en français, je crois). Mais alors que je repousse mon plat, repue, la jolie serveuse me dépose devant une nouvelle botana, des macaronis à la tomate ! En guise de dessert ? Oups... Je préfère filer à la piscine à nouveau.

    Et au retour, alors que je demande la note, un autre plat se radine : des crevettes à la mexicaine ! Le tout pour 80 pesos, soit 5 euros. J'ai évidemment laissé une énorme "propina", puis expliqué gentiment à Nicalor que s'il voulait s'en sortir, il fallait augmenter un peu les tarifs. Il a écouté, dit "Ah bon, ça ne fera pas trop si je demande 5 pesos de plus ?" mais j'ai bien senti à son air chagrin que ce n'était pas pour demain la veille.

    Tu vas voir que si je reviens dans deux ans, ce seront toujours les mêmes tarifs. Ou fermé, ce qui me peinerait beaucoup. En tout cas, une très belle rencontre aujourd'hui, et un moment délicieux, que je ne suis pas prête d'oublier.

    Et pendant ce temps-là, toi tu m'attends, tu râles, et tu veux que je te raconte Cobá. Oui, oui, ça vient, promis. Tiens, demain, et à chaque endroit sa spécificité. Avant Tulum sur les Caraïbes, Cobá et son lac...

    Laya Croves

     

    Diaporama 1 - Ek Balam

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    Diaporama 2 - Ek Balam, le site et les sublimes bas-reliefs

    [gallery ids="33867,33868,33869,33871,33872,33873,33874,33875,33876,33877,33878,33879,33880"]

    Diaporama 3 - Des hamacs à Nicanor

     

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