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1500 COUPS DE POUCELe Conservatoire à la sauvegarde du dindon landais

Il n'est pas très connu, et pour cause : selon le Conservatoire des Races d'Aquitaine, il ne resterait qu'une vingtaine d'individus de cette race autochtone. Un programme de conservation a été lancé, pour multiplier les naissances, et stabiliser la race...
Un dindon landais.Photo : Conservatoire des Races d'Aquitaine.
Créé en 1990, le Conservatoire des Races d'Aquitaine s'est intéressé à une vingtaine de races d'animaux locaux, de la volaille aux bovins, en passant par les ovins, les porcins, etc. Une mission reconnue d'intérêt général pour cette association qui s'attache à sauvegarder le patrimoine vivant local.

« À la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, l'élevage a changé », explique Régis Ribéreau-Gayon, l'un des fondateurs et aujourd'hui le président du Conservatoire des Races d'Aquitaine. « Les races perdaient en diversité car l'élevage devenait plus industriel. Il fallait les espèces les plus rentables, les plus productives, et les autres étaient délaissées, ce qui causait leur disparition. Et ça passait relativement inaperçu... C'est lorsque l'on a fait ce constat que nous avons décidé de créer l'association pour lutter contre ça, et préserver ce patrimoine vivant ».

Si aujourd'hui la majorité des races que le Conservatoire a suivi a pu être sauvée et prospère désormais sur le territoire, toutes ne sont pas tirées d'affaire, à l'image du dindon landais. « C'est la race la plus en danger. Et c'est très symptomatique de la situation de la volaille en France, avec des races locales qui disparaissent petit à petit ». Les raisons sont multiples, comme notamment la recherche, là aussi, d'espèces plus rentables. « La grippe aviaire est une autre raison. Au-delà des individus abattus, on ne peut pas confiner en bâtiment une race habituée au plein-air sans conséquence sur ladite race ». S'ajoutent à cela des raisons naturelles (animaux sauvages), et le manque de connaissances des éleveurs pour cette race atypique.

« Nous avons enregistré une douzaine de mâles et une douzaine de femelles. C'est trop peu », concède le président du Conservatoire. Ainsi, un programme de conservation a été instauré, et devrait démarrer très prochainement. « Avec la participation des éleveurs, nous allons procéder à une collecte des œufs pondus par les femelles. Une partie sera destinée à une couvaison naturelle, car il est important de garder cette dimension dans l'évolution de la race, mais une autre partie sera incubée pour que l'on puisse accélérer le processus et multiplier les naissances ».

COUP DE POUCE

L'étape suivante consiste à élever et faire grandir ces jeunes dindons landais. « Nous avons commencé à recenser des candidats pour accueillir les individus. Cependant, nous sommes toujours à la recherche de volontaires ». Le Conservatoire des Races d'Aquitaine est ouvert aux éleveurs privés, sous caution de connaissances, de compétences, et d'un engagement à accompagner le projet, et également aux fermes pédagogiques.

Photo : Conservatoire des Races d'Aquitaine.

« Nous partons avec très peu d'animaux, mais nous pensons quand même pouvoir passer le cap. Cela va nous demander de la patience pour bien faire les choses, étape par étape. Dès que nous serons parvenus à multiplier le nombre d'individus, et à stabiliser la race, nous nous poserons la question de ce que nous allons faire pour valoriser ces dindons à plus long terme ».

Des recherches gastronomiques ont d'ores et déjà été entreprises, démontrant que les dindons landais avaient un intérêt pour nos papilles. « C'est une petite dinde fermière, entre 2 et 3 kilos, parfait pour le cercle familial. Cela peut aussi intéresser des restaurateurs. Nous verrons à ce moment-là avec les éleveurs ce qu'il est possible de faire pour que l'on donne naissance à un produit de qualité. Et pourquoi ne pas essayer de faire comme pour le porc basque ou le porc gascon, un produit reconnu et labellisé ? »

Car en plus de 30 ans, le Conservatoire des Races d'Aquitaine a notamment pu contribuer à sauver, avec les éleveurs, ces deux espèces de porcs aujourd'hui connues et reconnues pour leur importance dans la filière locale, et pour leurs qualités gustatives. « Et pourtant, nous partions avec guère plus d'une dizaine d'individus pour chaque race ! ».

Un travail acharné réalisé grâce à des techniques scientifiques assurées par la très vaste équipe du Conservatoire. « Il y a une dizaine de salariées qui travaillent pour l'association, en plus d'une centaine de bénévoles actifs. Et autour de tout ce monde, nous travaillons avec environ 500 éleveurs, qui ont chacun leur domaine de compétence ». Plus d'un demi-millier de personnes répandues sur cinq départements de la Nouvelle-Aquitaine : les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, la Gironde, le Lot-et-Garonne, et la Dordogne. « Et à ce jour, aucune espèce n'a disparu ! », se réjouit Régis Ribéreau-Gayon. On espère que le dindon landais ne sera pas la première...

Plus d'informations sur le Conservatoire des Races d'Aquitaine

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