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Un laboratoire unique pour diagnostiquer l'endométriose

Début avril, Ziwig Lab a été inauguré à Tercis-les-Bains, non loin de Dax. Une implantation favorisée par l'ARS Nouvelle-Aquitaine et le maire de la commune, spécialiste de biologie médicale...
Le Ziwig Lab.Photo : MM Production.
Véritable révolution médicale, le Ziwig Endotest permet de diagnostiquer cette pathologie en une dizaine de jours, grâce à un prélèvement salivaire. Déjà développé dans 15 pays, il devrait arriver en France prochainement et être remboursé à partir de 2025...

Une révolution s'est jouée à Lyon. Elle est le fruit de Ziwig, start-up biotech fondée en 2019 par Yahya El Mir, et spécialisée dans l'analyse de l'ARN salivaire (des molécules porteuses d'information génétique) et en intelligence artificielle. « Nous nous sommes imposés en croisant le savoir de scientifiques issus à la fois de la physique, de la chimie, de la santé, et de l'IA », explique l'entreprise dans un communiqué. « Nous avons pour ambition de révolutionner la prise en charge de l’endométriose, une maladie qui concerne 10 à 15% des femmes en âge de procréer, soit 190 millions de personnes dans le monde, deux millions en France ».

Une cause importante car la maladie est la première cause d'infertilité féminine. Cependant, elle peine à être détectée à temps, et une errance de plusieurs années est enregistrée dans la majorité des cas. « Faire le diagnostic précoce de l’endométriose permet d’identifier cette cause d’infertilité et d’adapter rapidement la prise en charge », soulignait le professeur Samir Hamamah, auteur du rapport ministériel sur les causes d’infertilité, chef du Service de biologie de la reproduction au CHU de Montpellier.

En ce sens, Ziwig a développé un test salivaire unique et novateur, qui permet de livrer des résultats fiables en une dizaine de jours à peine. « Ziwig Endotest repose sur l’analyse des micro-ARN (miARN), une nouvelle classe de biomarqueurs détectables dans la salive grâce à l’association de deux technologies de pointe : d’une part, le séquençage à haut-débit qui permet l’acquisition simultanée de données relatives à des millions de fragments d’ARN, et d’autre part l’intelligence artificielle (associée au machine learning), rendant, elle, possible l’analyse rapide du très grand volume de données générées par le séquençage à haut débit ».

Une démarche étudiée et validée par le New England Journal of Medecine Evidence, et qui s'est d'ores et déjà développée dans une quinzaine de pays d'Europe et du Moyen-Orient : Suisse, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Suède, Norvège, Danemark, Islande, Lituanie, Lettonie, Estonie, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, et prochainement Hongrie, Belgique, Luxembourg, Koweït, Qatar et Israël. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a reconnu « le caractère innovant et les performances diagnostiques du test » qui devrait être disponible d'ici la fin de l'année, dans une soixantaine de centres médicaux. Il devrait ensuite être prit en charge et entièrement remboursé.

Photo : MM Production.

Et c'est donc dans les Landes que cette révolution se développe, et installe son centre d'action. Car si la structure est lyonnaise, et qu'elle dispose d'un laboratoire de R&D à La Pitié Salpêtrière, à Paris, c'est à Tercis-les-Bains que les échantillons de toute l'Europe et du Moyen-Orient seront analysés. « La configuration de la plateforme, située près de Dax, est complètement nouvelle et n’existe vraiment qu’ici, en Nouvelle Aquitaine », explique Yahya El Mir, président de Ziwig.

En effet, grâce à des partenariats établis avec Revvity, fournisseur américain de robots d'extraction des ARN salivaires, et Illumina, leader mondial dans les séquenceurs à haut débit, le laboratoire est entièrement robotisé et peut ainsi traiter entre 4500 et 9000 échantillons par semaine, contre un peu moins d'une centaine si cette même analyse était manuelle. « Nous avons très vite perçu qu’il serait essentiel d’automatiser nos procédés d’analyse pour pouvoir répondre aux demandes ».

Tercis-les-Bains n'est pas une destination anodine, puisque stratégique pour le projet. « Il se trouve d’une part que l’Agence Régionale de Santé (ARS) Nouvelle Aquitaine est cheffe de file du déploiement des filières régionales endométriose, issues de la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose », poursuit Yahya El Mir. Ziwig Lab s'est d'ailleurs rapproché du CHU de Bordeaux afin d'être intégré dans la filière de lutte contre la maladie. « D’autre part, le Dr Hikmat Chahine, médecin biologiste et maire de Tercis-les-Bains, évolue depuis plusieurs décennies dans le domaine de la biologie médicale, est implanté depuis longtemps dans cette région. Il a rapidement adhéré à ce projet ». Le laboratoire est d'ailleurs intégré à une maison de santé pluridisciplinaire, à proximité d'une micro-crèche sociale et solidaire.

Si aujourd'hui Ziwig Lab est hôte d'une révolution concernant l'endométriose, demain il pourrait voir d'autres innovations se jouer entre ses murs. « Nous avons lancé fin 2023 une étude pionnière pour le développement d'un test salivaire de diagnostic multi-pathologies en gynécologie », reprend l'entreprise. L'étude concerne ainsi une dizaine de pathologies gynécologiques, allant notamment jusqu'à des cancers. « Nous travaillons aussi dans d’autres disciplines, comme la neurologie, avec la maladie de Charcot. Je n’ai aucun doute sur le fait que dans les 10 ans à venir cette approche devienne absolument incontournable. La France se doit de ne pas laisser passer l’occasion et l’avenir se joue donc aujourd’hui », conclut Yahya El Mir. Et tout ça se joue en partie dans les Landes...

Timothé Linard

Plus d'informations sur Ziwig

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