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Créateurs et Passionnés

Nouste Ekilili, de la graine à la bouteille

La coopérative basco-béarnaise regroupe une douzaine de producteurs de tournesol et colza. Elle recherche de nouveaux adhérents pour faire face à la demande.
Une partie des producteurs de la coopérative baso-béarnaise Nouste Ekilili.
En 2006, une réflexion sur la culture du tournesol a été amorcée par 10 agriculteurs du Pays basque et du Béarn. L’indépendance vis-à-vis de l'alimentation animale et de l’exportation était le principal enjeu de cette introspection.

Il s’agissait également de trouver une alternative à la monoculture de maïs irrigué. Après plusieurs essais, les cultures de tournesol et de colza ont été retenues, car elles sont moins consommatrices en eau et en intrants (engrais), demandent moins de travail au niveau du sol et permettent d’obtenir du tourteau (les résidus solides de l'extraction de l’huile utilisés dans la ration du bétail).

Utilisée tout d’abord comme carburant par ces producteurs, l’huile de tournesol a rapidement retenu l’attention du Syndicat mixte Bizi Garbia (le service de gestion des déchets) de Saint-Pée-sur-Nivelle ainsi que de l’association Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG), qui contribue au développement local de l’agriculture paysanne et durable.

Cette dernière a collaboré avec les producteurs pour expérimenter l’utilisation de l’huile de tournesol pour deux bateaux de pêche attachés au port de Ciboure (via la Coopérative d’avitaillement La Basquaise) dans le cadre du projet expérimental Itinéraire Technique de Substitution Agricole pour la Sauvegarde de l'Océan par l'Artisanat (ITSASOA).

« Notre coopérative a été créée en 2009 suite à cette expérience, afin que nos clients aient à faire à un seul et unique acteur », explique Jean-Jacques Prébendé, le président de Nouste Ekilili (« Nouste » signifie « Notre » en béarnais et « Ekilili » signifie « Tournesol » en basque) et agriculteur dans la commune de Gabat.

De l’agrocarburant à l’huile alimentaire

Au départ, l'huile obtenue après trituration était considérée comme un sous-produit et utilisée sur nos exploitations comme carburant. Mais en 2014, les membres de la coopérative cherchent à valoriser leur huile. Une fois pressés à froid le tournesol et le colza peuvent être utilisés dans l’alimentation humaine.

« Son goût spécifique a plu. L’huile de tournesol est riche en Omégas 9 (mono-insaturés) et vitamine E, reconnue pour ses vertus antioxydantes. On peut l'utiliser en cuisine, friture et assaisonnement. L’huile de colza présente quant à elle un excellent rapport entre omégas 3 et 6, essentiels à l'organisme, et est recommandée pour ses propriétés cardio-vasculaires. Elle s'utilise plutôt en assaisonnement », présente-t-il.

« Chaque année, nous semons en moyenne 40 à 45 ha de tournesol et entre 5 et 10 ha de colza, ce qui nous permet d'obtenir jusqu'à 25.000 litres d'huile par an. » Les graines de ces cultures oléagineuses sont triturées sur l'un des deux sites, implantés à Gabat (près de Saint-Palais) ou à Bastanès (près de Navarrenx).

L’huile produite par la coopération basco-béarnaise est aujourd’hui destinée à 95% à l’alimentation humaine. Nouste Ekilili propose quatre gammes d’huiles (bio ou non) différentes à ces 200 clients (restaurants, restauration collective, grandes surfaces et épiceries fines) installés en majorité dans les Pyrénées-Atlantiques.

Photos : Nouste Ekilili

Une situation internationale incertaine

La flambée des prix des céréales, conséquence directe de la guerre en Ukraine, impacte également la coopérative à taille humaine. « L’Ukraine et la Russie sont responsables de 80% de la production mondiale d’huile de tournesol. Les demandes affluent de toutes parts et nous avons été obligés d’augmenter nos prix d’en moyenne 30%. Il faut ajouter à la situation actuelle une mauvaise année pour la production de colza », résume Jean-Jacques Prébendé.

Pour le président de la coopérative, la situation n’est pas près de s’arranger, même si le conflit se terminait dans les prochains mois, ce qui est loin d’être garanti.

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