L'Ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine regroupe l'ensemble des experts-comptables de la région. Un regroupement nécessaire pour recouper les expériences de chacun et ainsi proposer un accompagnement optimal aux entreprises. Mais le Conseil National des experts comptables, en lien direct avec le ministère sous lequel il est sous tutelle, permet également à l'État de dresser un baromètre précis de l'évolution de l'activité des TPE et PME françaises.
Récemment, c'est le baromètre de l'année 2021 qui a été rendu public, démontrant une nette progression de l'activité des entreprises, calculée à partir de leur chiffre d'affaires et de leur rentabilité. Ainsi, la Nouvelle-Aquitaine enregistre une hausse de 5,1% contre 1,9% sur une échelle nationale. Si l'on zoome sur les Pyrénées-Atlantiques, la note est encore meilleure, puisque le département enregistre une hausse de 13,4% juste derrière la Charente-Maritime à 13,8%.
Arnaud Prince, co-président de l'Ordre des Pyrénées-Atlantiques revient avec nous sur ces chiffres, leur signification, et nous aide à nous projeter un peu dans l'avenir.
Malgré la crise sanitaire, l'activité générale de nos TPE et PME est en hausse, surtout dans les Pyrénées-Atlantiques. Comment est-ce que l'on peut expliquer cette tendance ?
Arnaud Prince : La politique de l'État pendant la crise sanitaire aura permis à bon nombre d'entreprises de se sauver. C'était une grande première que des aides soient octroyées pour de la trésorerie, et ça a été efficace. À la relance, certaines entreprises n'avaient pas tout dépensé et ont pu en profiter pour booster leur activité. Si l'on ajoute à cela l'envie des gens de consommer localement, différemment, cela a créé une véritable dynamique.
Pour les Pyrénées-Atlantiques, notre chance, c'est d'être très diversifiés. Il y a des entreprises des secteurs primaires, secondaires et tertiaires. Les agglomérations locales ont aussi été très attirantes pour les gens qui fuyaient de plus en plus les grandes villes. Pour parler de mon expérience, pour la première fois, j'ai eu des clients parisiens, bordelais, qui délocalisaient leurs activités à Pau, Bayonne, etc.
Grâce aux aides de l'État, il y a une énorme hausse par rapport à l'avant covid, et ce, sur tous les secteurs. Mais aujourd'hui, on commence à le payer. Il y a une crise de main-d’œuvre énorme, et cela crée des problématiques importantes, même dans notre secteur. Les envies et les besoins des salariés ont changé et sont aujourd'hui bien plus importants qu'avant. Et puis la crise ukrainienne arrive, et on commence à apercevoir les premiers mauvais signes, comme dans le BTP. Une crise économique se dessine avec la hausse du prix des matières premières, de l'essence, de la vie en général. Du côté des entreprises, ce que l'on surveille c'est le taux d'investissement qui ne s'est pas effondré. Les entreprises continuent à investir et ça, c'est une excellente chose.
Comment voyez-vous l'avenir ? Si l'on essaye de se projeter dans un an, avez-vous une idée de ce à quoi pourrait ressembler le baromètre 2022 ?
A. P. : Il faut savoir que notre métier est d'être dans la réalité. On n'est ni optimiste, ni pessimiste. Et les crises actuelles ne nous aident vraiment pas à nous projeter.
Actuellement, la problématique du recrutement ne bouge pas et l'inflation grimpe. Ce ne sont pas de bons signes. En revanche, sur notre département, l'aéronautique reprend et un grand virage industriel est entamé pour être plus écologique. C'est un virage à l'échelle nationale d'ailleurs, mais qui est soutenu par l'État et qui permettra d'aider l'activité des entreprises.
C'est donc très incertain.
A. P. : Oui. Mais comme je vous l'ai dit, nous avons la chance d'être sur un territoire très diversifié. Nous avons toujours été en mesure de nous adapter, avec plus ou moins de difficultés certes. Je pense que quoi qu'il arrive, les entreprises vont s'adapter au marché et aux contraintes. Notre tissu professionnel est surtout composé de PME et de TPE, ce qui est un atout pour la réactivité.
De plus, la trésorerie restante pourrait les aider à faire face aux quelques moments difficiles de transition, et il devrait être possible de repousser le remboursement du prêt contracté auprès de l'État lors de la crise covid. Pouvoir payer plus tard ou même étaler le crédit engagera moins de coûts pour les TPE et PME et assurera leur avenir.
Encore une fois, il est difficile de se projeter, mais personnellement, je pense que les chiffres devraient plus ou moins se maintenir. On n'aura pas de hausse d'activité, je ne pense pas, mais il ne devrait pas y avoir de chute catastrophique. On est très vigilants pour éviter cela, et on va rester très proches des entreprises pour les accompagner dans cette période.
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