Du haut de ses 30 ans, Corentin Notte navigue déjà avec assurance sur les flots de l’agroalimentaire. Après une dizaine d’années passées à voguer dans différents groupes français en tant que responsable commercial, il décide de jeter l’ancre au Pays basque pour lancer son propre projet. L’idée naît dans sa cuisine, entre recettes maison et réflexion stratégique : comment rendre l’algue accessible, quotidienne, gourmande, et surtout locale ?
« Je suis vraiment passionné de cuisine. J'ai conçu les recettes dans ma cuisine en analysant un petit peu ce qui se fait en rayon et je me suis demandé comment intégrer les algues dans des recettes traditionnelles, parce que les gens ne consomment pas des algues en France et en Europe comme en Asie. »
C’est ainsi qu’en janvier 2025, il fonde Itsalga. Son ambition ? Réhabiliter un ingrédient sous-coté, trop souvent cantonné aux plats exotiques ou aux rayons diététiques.
Mettre les voiles sur le naturel
L’algue, pourtant, a tout d’un trésor marin : croissance sans eau douce, sans engrais ni pesticides, capacité à filtrer l’eau de mer et à capter le CO₂… Côté nutrition, elle regorge de fibres, de minéraux, d’iode et d’antioxydants. Bref, un super-aliment naturel. Mais son intégration dans nos habitudes culinaires reste un défi.
« Après avoir fait une dizaine d'années dans ce secteur agroalimentaire, il m'était logique d'intégrer les algues sans les transformer, sans les hyper-industrialiser. » Et d’ajouter avec franchise : « Je ne voulais pas ramener un produit hyper industrialisé dans cette végétalisation du rayon marée, alors qu'on avait un ingrédient tout fait qui était l'algue. »
Le cap est donc clair : du bon, du simple, du naturel. Itsalga se donne pour mission d’éviter les écueils de l’ultra-transformation, avec une gamme de plats frais, lisibles, et surtout conçus pour être facilement adoptés.
Des recettes qui ne manquent pas de sel
Lancé en mai 2025, Itsalga propose actuellement trois références fraîches, disponibles dans les rayons marée de plusieurs grandes enseignes : un taboulé iodé aux notes citronnées, des galettes de pommes de terre aux algues à poêler, et un stick pané pommes de terre/algues au succès croissant. « La recette qui rencontre le plus de succès, parce que c'est la plus ancienne, c'est le stick de pomme de terre panée. C'est un produit nutritif et sain, qui reste dans la gourmandise, parce qu'on reste quand même français. »
Mais son vrai coup de cœur, c’est le taboulé. « Cet été, on performe avec le taboulé. C'est un produit frais, pas besoin de le réchauffer, on ouvre la barquette et on consomme directement. C'est vraiment mon produit coup de cœur. »
À ces recettes estivales viendra s’ajouter une gamme hivernale dès la fin de l’année : purée iodée, gratins et autres plats réconfortants, toujours enrichis d’algues, pour garder le cap de la saisonnalité.
Un marché porteur, une marée montante
Côté distribution, Itsalga a déjà le vent en poupe. Leclerc, Carrefour, Intermarché ont mordu à l’hameçon, et les produits sont désormais livrés chaque semaine à l’échelle régionale. L’ouverture à Système U est imminente.
« Il y a une vraie demande du consommateur de consommer local, de privilégier le circuit court. Nous faisons très attention à notre sourcing, à 99% issu de Nouvelle-Aquitaine, et voyons que les gens apprécient en magasin. »
Derrière cette dynamique commerciale, un tournant stratégique se profile. Corentin Notte prépare la construction d’un outil de production flambant neuf au Pays basque.
« Cet outil de production, c'est vraiment pour monter en puissance, pour pouvoir produire beaucoup plus, aller chercher des magasins, et vraiment s'implanter sur tout le Sud-Ouest. Donc, de la Charente-Maritime, Bordeaux, Pays basque-Landes, Toulouse… Nous sommes en train de finaliser les plans, le financement, et début 2026, je pense qu'on aura notre outil de production. »
Objectif affiché : livrer 45 magasins chaque semaine d’ici fin 2026, tout en conservant l’exigence de qualité, de proximité et d’engagement.
Cap sur l’avenir
Chez Itsalga, pas de place pour les demi-mesures. L’entreprise porte haut les couleurs de la transparence, de l’ancrage local et du bon sens. L’algue devient le fil conducteur d’une cuisine réconciliée avec la nature. Le produit ne cherche pas à remplacer, mais à enrichir. Les recettes sont épurées, les compositions courtes, et chaque ingrédient a sa raison d’être.
En cas de doute ? Corentin a la réponse toute prête : « Si je devais convaincre un consommateur sceptique de goûter à notre galette ou à notre taboulé iodé ? Je lui dirais : vous pouvez y aller, on ne boit pas la tasse à chaque bouchée ! Vous avez des recettes très équilibrées, avec du piment d'Espelette, du sel de Salies-de-Béarn aussi. Donc voilà, c'est bien relevé. »
En misant sur l’algue comme pilier de l’alimentation de demain, Itsalga navigue entre innovation et héritage, fraîcheur et conscience écologique. Et avec un ancrage aussi solide que le sien, la jeune entreprise n’a pas fini de faire des vagues dans le paysage agroalimentaire français.
COUP DE POUCE
En faisant le pari audacieux de remettre les algues à flot dans nos assiettes, Itsalga trace une voie à contre-courant de l’agroalimentaire standardisé. Derrière cette démarche, il y a une conviction forte : on peut allier goût, santé et respect de l’environnement sans compromis. En valorisant un ingrédient local, durable, et encore trop méconnu, l’entreprise contribue à dessaler les clichés et à initier une véritable culture culinaire marine en France.
Corentin mérite vraiment un coup de pouce de notre part. Comment ? Partagez cet article sur vos réseaux sociaux, et même à vos proches parce que soutenir Itsalga, c’est encourager une nouvelle manière de manger, plus consciente, plus gourmande, plus ancrée dans son territoire. Une bouffée d’iode bienvenue dans un monde alimentaire souvent trop aseptisé.
Sébastien Soumagnas
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