La santé mentale masculine est une cause qui prend de l'ampleur, année après année. Les mouvements et les porte-paroles se multiplient, et le plus connu d'entre eux est sûrement Movember. Initié en Australie en 2003, et caractérisé par l'action de millions d'hommes qui, durant le mois de novembre, se laissent pousser la moustache, il est en fait bien plus important que cela. En effet, chaque année ce sont des millions d'euros qui sont récoltés et reversés à des actions qui luttent pour sensibiliser et agir contre les cancers de la prostate et des testicules, mais aussi de la santé mentale.
À titre d'exemple, on peut noter la mise en place d'une initiative qui consiste à marcher ou courir 60 km sur l'ensemble du mois. « Ces 60 km font référence aux 60 hommes du monde entier qui nous quittent en se suicidant chaque heure », explique le mouvement sur son site internet. D'autres événements sont d'ailleurs organisés par Movember, notamment virtuellement, comme Movember Conversations, Gamers vs Depression, Family Man, une plateforme de rencontre entre personnes ayant besoin d'aide et personnes proposant un soutien moral, etc. « Jamais notre œuvre de prévention concernant la santé mentale et le suicide n'aura été aussi importante, et nous n'avons jamais eu autant besoin de vous. Il en faut pour sauver des Bros ! ».
Localement, de nombreux événements se sont tenus lors du dernier weekend d'octobre, pour récolter des fonds et faire une transition entre Octobre Rose et Movember. C'était par exemple le cas à Azur et à Montfort-en-Chalosse dans les Landes. Dans le Béarn, c'est la Section Paloise qui s'est emparée du mouvement, en proposant une offre commerciale pour les acheteurs de places VIP. Aujourd'hui, peu d'événements sont programmés pour le mois à venir. Une situation similaire à l'année précédente, qui avait tout de même vu des initiatives naître sur l'ensemble du territoire, dans des bars, des restaurants, grâce à des clubs de sport, des établissements de santé, institutions, etc. Cette année devrait ainsi suivre la mouvance.
Car il y a en tout cas urgence à agir. En effet, les stéréotypes ont la dent dure en ce qui concerne la santé mentale des hommes : ils doivent être forts, être là pour les autres, apporter du soutien et de la sécurité, etc. Des stéréotypes qui, inconsciemment, les brident lorsqu'il s'agit de prendre la parole sur des sujets qui pourraient les mettre, toujours selon ces stéréotypes, en position de faiblesse. Or la préoccupation est bel et bien là. Rien qu'en France, ce sont environ 9 000 personnes qui se donnent la mort chaque année, dont 75% sont des hommes. Et dans le monde, de façon plus générale, un homme se suicide toutes les minutes. D'où la nécessité d'agir, d'en parler...
« Les conséquences d'une santé mentale fragile peuvent être mortelles. Les hommes, quelle que soit leur tranche d'âge, ne sont pas souvent conscients d'être atteints d'un problème de santé mentale et n'osent pas demander de l'aide. Les stéréotypes sur le rapport des hommes à leur virilité les tuent petit à petit. Voilà la troublante vérité. Nous comptons sur une collaboration mondiale pour changer de manière positive la façon d'aborder la santé mentale et nous continuerons de rechercher de nouvelles opportunités de financement favorisant la santé mentale des hommes et des garçons ».
Au-delà de Movember, tout au long de l'année, il est important de savoir qu'il existe des organismes et des associations afin de prolonger cette lutte et offrir du soutien aux personnes qui en auraient besoin : SOS Suicide Phénix (01 40 44 46 45), Suicide Ecoute (01 45 39 40 00), SOS Amitié (09 72 39 40 50), Fil Santé Jeunes (08 00 23 52 36), Phare – Enfants Parents (01 43 46 00 62), et bien d'autres. Chez nos voisins britanniques, il existe même une marque de textile « Boys Get Sad Too » qui ouvre la parole sur ce sujet, et qui reverse 10% de ses bénéfices à une campagne qui lutte en faveur de cette cause.
En tout cas, messieurs, n'hésitez pas. Il est important d'élever la parole à ce sujet, car comme le montre la vidéo promotionnelle ci-dessous réalisée par le club de footbal anglais de Norwich, ceux qui semblent heureux ne le sont pas forcément. Et pour suivre les démarches initiées outre-manche, Paddy Pimblett, combattant britannique à l'UFC disait : « On préfère largement vous voir pleurer sur notre épaule que d'aller à vos funérailles ». On ne peut qu'être d'accord avec lui.
Timothé Linard
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