Téléphone, tablette, télévision, ordinateur, console de jeu… Aujourd'hui, les écrans font partie intégrante de notre vie quotidienne. Ils sont présents partout : à la maison, à l'école ou encore dans les transports.
Les jeunes, en particulier, sont de plus en plus exposés à ces technologies, avec des conséquences parfois néfastes sur leur santé et leur développement. En effet, en plus de troubles de l’attention et de la concentration, la surexposition d’un enfant aux écrans peut également favoriser l’apparition de problèmes de santé (surplus de poids, obésité, trouble du sommeil, maux de tête, myopie, douleurs musculo-squelettiques, stress, anxiété, hypertension, diabète de type 2, problèmes cardiovasculaires à long terme...).
Dans un rapport publié en novembre 2020, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, de l’environnement et du travail (ANSES) montre que les deux tiers des 11-17 ans se situent à un niveau de risque élevé, ce qui peut se traduire par du surpoids, de l’obésité, des troubles du comportement alimentaire ou encore une qualité du sommeil et de vie altérée.
Il est donc important de limiter l'exposition des jeunes aux écrans et de les encourager à pratiquer d'autres activités. L'Académie française de pédiatrie recommande notamment de ne pas exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans ; limiter le temps d'écran des enfants de 3 à 12 ans à une heure par jour ; privilégier des activités de qualité devant les écrans, comme des programmes éducatifs ou des jeux interactifs ; encourager les jeunes à pratiquer des activités physiques et à se sociabiliser et instaurer des moments sans écrans dans la journée, notamment avant le coucher.
Sensibiliser les parents et les enfants
Afin de sensibiliser les élèves des écoles maternelles et élémentaires à cette problématique, le défi « 10 jours sans écrans » a été imaginé au début des années 2000 par le québécois Jacques Brodeur. Celui-ci propose aux enfants de s’engager pendant 10 jours, à ne plus (ou moins) passer de temps sur les écrans dits de loisirs : télévision, tablette, ordinateur, smartphone ou console de jeux.
« Ce défi permet d’amorcer une réflexion chez les plus jeunes. D’après les enseignants, les élèves qui ont participé à ce défi sont plus attentifs et réceptifs. 99% des parents ont observé un changement positif chez les enfants durant le défi », souligne Françoise Marteel, adjointe au maire de Pau en charge de l’Education.
Pour les aider à réduire le temps passé sur les écrans, des livrets ont été distribués aux élèves des classes participantes. Il propose des alternatives aux écrans, avec des idées de sorties en famille (pour découvrir la ville de Pau), des recettes à faire en famille à base de produits locaux, des jeux, des coloriages… Les parents doivent remplir et valider chaque soir un tableau de bord, afin de comptabiliser les points accumulés par les enfants pour chaque temps passé sans utiliser d’écran.
En marge de ce dispositif, les enfants seront sensibilisés aux bons usages des écrans du 13 mai au 04 juin 2024. Ces interventions sont menées par l'Association Charnière dont l'objectif est de favoriser l'émergence d'une prise de conscience des utilisateurs dans leurs pratiques. Leur approche pertinente permet de faire face aux usages négatifs des technologies de l'information et de la communication, et de promouvoir un usage positif en milieu scolaire. L’important est de ne pas diaboliser les outils mais de bien connaître l'ensemble des règles qui régissent la bonne utilisation d'Internet.
Environ 2.500 élèves en Béarn
Chaque année, de plus en plus d'établissements scolaires rejoignent la démarche. À Pau, l'école élémentaire de Bouillerce, l’école maternelle Pierre et Marie Curie et les écoles primaires Jean Sarailh, Marca, Phoebus, du Joyeux Béarn, Saint-Dominique, Guillemin les Lauriers, Les Fleurs, Marancy, Maréchal Bosquet et Stanislas Lavigne participent à ce défi.
Cet événément est également suivi dans certaines écoles Béarnaises : l’école primaire privée Ste Jeanne d’Arc de Bizanos, l’école publique de Meillon, l’école de Morlaàs, l’école primaire Sainte Elisabeth de Nay, le collège des Cordeliers d’Oloron Sainte-Marie et l’école primaire Chaussée-de-Dax.
Une enquête sur les usages des Palois
Pour lutter contre le phénomène d'addiction aux écrans et à ses nuisances, il faut avant-tout avoir des informations sur les usages. En 2015, une enquête sur l’exposition aux écrans avait déjà été menée sur le territoire de la commune de Martignas-sur-Jalles (Gironde) par l’antenne du Centre National de Recherches Scientifiques (CNRS) de Bordeaux du professeur Marc Auriacombe, rattaché au Laboratoire SANSPY.
Le dispositif « 10 jours sans écrans » sert de premier tremplin à une nouvelle étude, qui permettra de mieux répertorier et qualifier les impacts de l’exposition aux écrans. L’équipe du Laboratoire SANPSY du professeur Auriacombe collaborera avec le Dr. Pierre-Emmanuel Rozier, pédopsychiatre et addictologue au Centre Hospitalier des Pyrénées à Pau.
« Via les écrans, les enfants peuvent être exposés très tôt à la pornographie, au harcèlement ainsi qu'à des jeux d'argent. Grâce à un questionnaire, cette nouvelle enquête nous servira à collecter des données sur l'usage des écrans. L'idée n'est pas de diaboliser ou de stigmatiser cet objet, qui reste très utile dans notre vie quotidienne, mais plutôt de faire un état des lieux qui nous permettra de mettre en place des mesures concrètes », présente le spécialiste.
Une restitution des résultats sera faite par l’équipe scientifique et la Ville de Pau au terme de l’enquête en décembre 2024.
Noémie Besnard
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