Atypique, singulière, hors des sentiers battus, l’histoire de Villacampa l’est à tout point de vue. D’abord, par le parcours de l’homme à l’origine de cette belle aventure, et par la philosophie qui s’en dégage. Jack Fauvel est né en Normandie, avoue ne pas être un grand skieur, et réalisait des films d’animation dans les années 2000, avant de travailler au développement économique auprès d’entreprises.
« Mais j’ai toujours eu en tête l’idée de créer ma propre entreprise. Je suis tombé amoureux de ces montagnes à la façon des Pyrénéistes, alors que j’y pratiquais la course à pied, parfois dans la nuit, sous la pluie, le froid… J’ai été motivé par le désir de faire renaître, avec panache et ce côté un peu “mousquetaire”, l’entreprise Villacampa qui avait disparu. Mais pas dans la continuité de ce qu’elle était au moment de sa fermeture. J’ai souhaité reprendre à zéro l’esprit fondateur de Félix Villacampa, cet ébéniste béarnais précurseur qui avait lancé au début du 20e siècle la conception et la production de skis en bois » explique Jack.
Après discussion et accord enthousiaste du petit-fils de ce visionnaire, La Manufacture [à Félix] voit le jour en 2015, portée par trois autres passionnés – un ébéniste, un dessinateur de skis et un docteur en composite – réunis autour de Jack. Le FLX, premier prototype baptisé en hommage à Félix Villacampa, sort en 2016 ; la production en série limitée est lancée en décembre 2017.
« Ici, tout est fait à la main et à l’atelier, car nous tenons à notre image du 100% français et artisanal. Les skis sortent à l’unité, et il n’y a pas deux paires identiques, à cause du ramage et du fil du bois. Ils sont tous numérotés, on peut même y faire graver – discrètement – un message, en plus de la personnalisation de la couleur du placage. Nous avons fait une demande de labellisation pour être reconnus comme “Entreprise du Patrimoine Vivant”, car nous revendiquons ce savoir-faire manuel. Même l’usinage du noyau se fait au rabot, ce que les autres ne font pas. »
Aujourd’hui, les skis Villacampa dévalent les pistes d’Europe, même si on ne les trouve pas en vente dans les magasins de sport, et interpellent les Asiatiques qui les découvrent - avant de la prendre en photo ! - depuis peu aux pieds de Carole Etchecopar, directrice technique à l’Ecole Française du Ski et responsable d’un centre formation en Chine.
« Notre ambition est de proposer la pratique de sports avec de beaux objets. Nous ne ciblons pas la performance ou la compétition – même si la première paire de skis d’Isabelle Mir était des Villacampa - mais l’authenticité, la soif d’aventure, de liberté… L’identité de la marque correspond au massif pyrénéen, c’est-à-dire les montagnes, avec d’un côté la Méditerranée, et de l’autre, l’Océan. C’est pour cela que nous fabriquons aussi des planches à roulettes, et à terme des clubs de golf… À la sortie du premier confinement, nous avons proposé des raquettes de plage, réalisées avec les chutes de bois des skis, pour le frescobol, un sport brésilien où l’on est partenaires plutôt qu’adversaires, ce qui correspond bien à nos valeurs »
Un vélo avec cadre en bois, présenté lors du passage du Tour de France cet été, est même en attente dans les tuyaux, mais le contexte n’étant pas franchement favorable, il faudra patienter encore quelques mois pour les voir sillonner les routes.
« Comme de nombreux fabricants, nous sommes bloqués dans notre élan : les équipementiers peinent à fournir dérailleurs et autres pièces que nous ne fabriquons pas. Les meilleures choses demandent de la patience … » relativise Jack.
Et si vous souhaitez participer à l’histoire de la Manufacture [à Félix], sachez que l’équipe est à la recherche d’un technicien d’atelier option travail du bois.
Du genre passionné…
Informations sur le site internet de Villacampa en Béarn
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