Dans les Landes, l’excellence ne tombe pas du ciel : elle se construit au rabot, à la truelle ou au pinceau, souvent très tôt le matin, entre un coup d’œil du maître d’apprentissage et le résultat final. Et cette excellence a un nom, ou plutôt un concours : « Un des Meilleurs Apprentis de France ». Pour sa 29e édition départementale, la manifestation organisée par le Groupement des Landes des Meilleurs Ouvriers de France (MOF) a mis en lumière le talent et la ténacité de 73 jeunes inscrits, dont 55 sont repartis médaillés. Parmi eux, 23 ont vu briller l’or à leur revers.
Derrière chaque médaille, un parcours, des heures de travail, et souvent une vocation. Car s’il est un secteur où l’on n’improvise pas, c’est bien l’artisanat. Et dans les Landes, il a de beaux jours devant lui, à l’image de Clara Dupin, apprentie peintre carrossière, ou de Janguy Blassel, en électricité, qui représenteront le département lors de la grande finale nationale à Strasbourg, du 27 au 29 juin prochain.
L’artisanat, fil conducteur de réussite
On ne devient pas l’un des Meilleurs Apprentis de France en claquant des doigts. Mais c’est souvent en serrant la main d’un formateur, en tenant pour la première fois un outil, que tout commence. Le concours MAF, né pour valoriser les métiers manuels et promouvoir les jeunes talents, est une sorte de rite de passage pour celles et ceux qui ont choisi de « faire de leurs mains leur avenir ».
Organisé sous l’égide du Rectorat de l’académie de Bordeaux, ce concours départemental s’adresse aux élèves en fin de formation initiale, qu’ils soient en CAP, en BEP ou en Bac Pro, et leur offre bien plus qu’un trophée : une reconnaissance professionnelle qui fait souvent la différence au moment d’entrer dans la vie active. Et ce n’est pas un hasard si la cérémonie de remise des prix, en présence des maîtres d’apprentissage et des familles, prend des allures de consécration. Chaque médaille, qu’elle soit d’or, d’argent ou de bronze, a la valeur d’un contrat moral : celui de l’excellence.
Depuis avril 2024, c’est Cyrille Vidal qui préside le Groupement landais des MOF, succédant à Guy Pendanx. L’association, fondée en 1972, défend bec et ongles l’idée selon laquelle le travail bien fait mérite non seulement l’admiration mais aussi d’être transmis. Car au-delà des récompenses, c’est toute une chaîne de compétences et de valeurs qui se joue ici, dans les gestes transmis d’une génération à l’autre. Le savoir-faire ne se télécharge pas : il se forge dans l’effort, la précision, et surtout, dans le temps.
Et le Département des Landes ne s’y trompe pas. Chaque année, il apporte un soutien actif à l’organisation du concours MAF, à hauteur de 6 850 €, tout en finançant une réception officielle pour les lauréats. Au-delà de ce concours emblématique, c’est toute une politique de valorisation de l’artisanat qui est menée.
Les jeunes, cœur de métier de demain
En 2025, ce ne sont pas moins de 946 apprentis qui sont formés dans les centres de formation des Landes, sous l’égide de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Si les hommes restent majoritaires (62 %), les femmes gagnent du terrain (38 %), prouvant que la maîtrise d’un geste précis ou d’un savoir-faire ancestral n’a rien à voir avec le genre. De la boucherie à l’esthétique, de la maçonnerie à la peinture en carrosserie, toutes les disciplines étaient représentées cette année dans le concours. Et toutes ont été honorées.
Le Département accompagne ce mouvement en finançant des programmes d’action avec la Chambre des Métiers (160 000 € annuels) et la CAPEB (74 000 €), afin de soutenir la structuration des filières, créer des passerelles, mutualiser les besoins, et renforcer la solidarité territoriale. L’artisanat, dans les Landes, ce n’est pas seulement un secteur économique : c’est un lien social, un tissu vivant.
Soutenir l’apprentissage, c’est croire en la jeunesse sans condition. Pour cela, le Département ne ménage pas ses efforts : prime d’entrée en apprentissage (154 425 € attribués à 725 jeunes pour l’année 2024-2025), prêt d’honneur à taux zéro (16 350 € pour 9 apprentis), aide à l’insertion via les associations accueillant de jeunes en formation (22 000 € distribués à 11 structures). Autant d’outils pour lever les freins, alléger les charges et ouvrir des portes.
Car le parcours d’un apprenti ne commence pas toujours dans un atelier : il démarre parfois par une hésitation, une méconnaissance des filières ou un manque de confiance. C’est tout l’enjeu des dispositifs comme « Les Routes de l’Orientation », qui, en janvier 2025, ont permis à des collégiens de rencontrer 37 établissements de formation dans les arènes de Pontonx-sur-l’Adour. Ou encore de l’opération « Pass’Métiers », pilotée par la CMA des Landes, qui initie les jeunes à l’univers artisanal par l’immersion, les stages, et surtout les témoignages de ceux qui ont franchi le pas.
À Strasbourg, l’artisanat landais va faire des étincelles
La finale nationale du concours MAF, qui se tiendra à Strasbourg du 27 au 29 juin, est bien plus qu’un rendez-vous de talents : c’est une grande vitrine de l’excellence artisanale à la française. Clara Dupin, pinceau au poing, et Janguy Blassel, tournevis en poche, y défendront les couleurs des Landes avec, dans leurs valises, tout un territoire fier d’eux.
À travers eux, c’est une jeunesse qui revendique le droit de choisir un parcours qui a du sens, un avenir construit à la sueur du front mais aussi à la lumière de la passion. Et si, comme le dit l’adage, c’est en forgeant qu’on devient forgeron, les Landes semblent bien décidées à devenir un véritable creuset d’excellence artisanale.
Dans un monde en quête de repères et de concret, les métiers de l’artisanat redeviennent des valeurs sûres. Parce qu’ils allient le geste à l’intelligence, la tradition à l’innovation, et l’humain à l’utile. Dans les Landes, grâce à l’investissement du Département, des formateurs, et des jeunes eux-mêmes, l’apprentissage n’est plus un plan B mais un plan d’avenir.
Sébastien Soumagnas
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