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Quand le pin des Landes adoucit les mœurs… industrielles !

Le projet Stradivernis vise « à étudier l'industrialisation de vernis naturels à base de colophane et d'huile végétale ». Il pourrait booster toute la filière locale…
COLOPHANE 1
L’initiative tire son nom des fameux violons de Stradivari. Le laboratoire de recherche du musée de la Musique avait découvert, il y a une dizaine d’années, que l’illustre luthier appliquait sur ses instruments une couche d’huile de peinture mélangée à de la résine de pin.

Si la qualité acoustique des célèbres stradivarius, longtemps supposée miraculeuse, fait toujours l’objet de débats scientifiques passionnés, leur fabrication a aujourd’hui révélé l’essentiel de ses secrets. L’un des derniers en date, résolu il y a une petite décennie, était celui des couches de vernis appliquées sur les instruments du luthier italien.

Mais pas plus que pour les autres matériaux employés, il n’était question d’une « formule magique » de vernis pouvant justifier d’un rendu sonore de qualité supérieure à celui des violons actuels.

L’étude menée à la cité de la musique, dont le musée renferme 5 des quelque 700 spécimens de stradivarius répertoriés (sur plus d’un millier d’instruments fabriqués par l’artisan), avait du moins permis de comprendre comment Stradivari, manifestement un as du marketing, parvenait à donner cette incomparable teinte rougeâtre à ses violons, qui se distinguaient donc avant tout par leur aspect.

Un aspect dû à la colophane, qui se définit comme le résidu solide obtenu après distillation d’une oléorésine, « substance récoltée à partir des arbres résineux et en particulier les pins par une opération que l'on appelle le gemmage ». L’une des deux couches appliquées par le maître luthier sur ses instruments mêlait ainsi huile de peinture et résine de pin maritime. Un procédé qui ne surprend pas forcément, puisque l’on frotte aussi cette colophane sur la mèche des archets pour créer les aspérités nécessaires à la mise en vibration des cordes des violons.

Vers un procédé de séchage rapide ?

Bien sûr, le projet « Stradivernis », lancé en 2016, n’avait pas pour but de refaire la chanson. « Les travaux développés dans Stradivernis consisteront à étudier les aspects formulation, application et séchage, de façon à pouvoir les transposer dans un contexte de production industrielle », expliquait alors le réseau Xylomat, dont l’IPREM (Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l’environnement et les matériaux) opère à Mont-de-Marsan un beau plateau technique (Xyloforest) dédié au bois.

Il s’agit d’exploiter plus largement les atouts d’un genre de vernis « biosourcé » dont on connaît désormais très bien la composition chimique. Et dont les violons de Stradivari ont permis de mesurer la « longévité exceptionnelle ».

Autrement dit, ce projet pourrait déboucher sur des applications industrielles dans la production de meubles, de parquets ou d’agencements intérieurs. Ce qui pourrait à terme « booster » l’économie locale, pour peu que certains défis soient surmontés, tel celui d’un raccourcissement du temps de séchage. Ce projet, dont le budget initial se montait à 672.700 euros, fait travailler une étudiante en thèse et deux chercheurs postdoctoraux, lesquels œuvrent du côté de l’IUT de Mont-de-Marsan et devraient livrer leurs conclusions en novembre prochain.

Sont aussi associés à leurs travaux une dizaine de parties prenantes, des industriels eux-mêmes (Mobilier Goisnard Frères, Atelier d’Agencement, Lixol – Groupe Berkem) aux laboratoires (au nombre de 3, dont celui de recherche et de restauration de la Cité de la Musique) en passant par une école et un cabinet de design, un producteur de gemme et l’institut technique FCBA.

En attendant novembre, on gardera donc les oreilles ouvertes !

Plus d’informations sur le site de Xyloforest

 

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