Pouvez-vous vous présenter ?
Caroline Aïtana Viollier : Je m'appelle Caroline Aïtana Viollier, je suis créatrice d'images, directrice artistique, et plus récemment auto-proclamée éleveuse de pottoks en bois !
Amoureuse de la vie, gourmande d'images et passionnée en général, j'ai fondé le studio de création Aïtana Design il y a maintenant 10 ans, j'expose également sous le pseudonyme de Calalie et je fais du dessin de presse sous l'anaRgramme Victor La Licorne.
Une vie artistique bien remplie après un parcours supérieur de près de sept années d'études, des cours aux Beaux-Arts à major de promotion, en passant par la Sorbonne en Histoire de l'art et Archéologie et par un Master de recherche en Arts et nouvelles technologies numériques, avec mention. En résumé, j'ai décidé de dédier ma vie à la création !
Comment est né Jokoak ?
C.A.V : La nouvelle aventure s'appelle "Jokoak, les jeux basques". L'idée est née pendant le confinement. Je voulais que les personnes se retrouvent en passant un bon moment et en riant. Je souhaitais depuis longtemps travailler sur un concept au plus proche de mes valeurs : du local, de la qualité, un équilibre entre tradition et modernité et un hommage à mon Pays de cœur "Euskal Herria". Jokoak est ainsi né.
Connaissiez-vous déjà le secteur du jeu de société ?
C.A.V : Comme tout le monde, l'univers du jeu de société m'évoquait précédemment des souvenirs d'enfance, de partage et surtout de rire, d'odeur de madeleines et de chocolat chaud. C'était les dimanches chez amatxi, "Mamie Balou", Guadalupe.
En tant que créatrice de jeux, tout est nouveau, je repars à zéro ! Repenser les packagings pour supprimer les grosses boîtes en carton qui prennent la poussière, se poser la question de comment distinguer les écuries des pottoks en bois quand on ne peut y apposer de couleurs (en reprenant les quatre éléments de lauburu, (eau "ura", air "airea", terre "lurra", feu "sua"), créer un "dado" (dé basque), qui ne soit pas pipé, en revisitant la forme traditionnelle. Il permet également d'apprendre à compter jusqu'à 6 en euskara, de manière ludique. Chaque détail est passionnant à parfaire pour que le jeu fonctionne, et ce n'est que le début, du moins je l'espère !
Inventez-vous les jeux ou proviennent-ils de l'histoire basque ?
C.A.V : Pour l'instant j'ai adapté à la culture basque des jeux populaires mais tout l'enjeu est de créer des jeux de A à Z. Aujourd'hui, outre les affiches et puzzles sur des thématiques locales telles que les joaldunak, le fandango, la Rhune, le rugby, la pelote ou le surf, vous pouvez trouver le Jeu des Petits Pottoks (revisite du célèbre Jeu des Petits Chevaux) et le Jeu des 7 Provinces (revisite des fameuses 7 Familles).
L'idée, par la suite, est bien évidemment de déployer des jeux de société originaux et encore plus locaux. Des jeux pour ceux qui aiment le Pays basque, qu'ils parlent l'Euskara, ou non (tous les jeux sont et resteront bilingues). Des jeux pour les expatriés, comme pour les touristes, tous ceux qui ont été touchés par ce Pays si singulier et veulent en conserver un témoignage pour eux ou pour offrir.
C'est en quelque sorte un manifeste graphico-moderne de traditions à défendre. La volonté est de s'inspirer des contes et légendes locaux pour pouvoir continuer de les transmettre aux futures générations par le jeu, comme de tout temps. En adéquation avec ce positionnement, j'aimerais intégrer à terme de nombreux métiers artisanaux d'ici pour que fond et forme ne fasse qu'un.
Pouvez-vous développer votre engagement écologique ?
C.A.V : À mon sens, une marque se doit d'asseoir des valeurs et de défendre un positionnement engagé. Outre la suppression du plastique ou autres matériaux polluants dans les jeux, il faut voir plus loin et nous n'avons pas le droit d'ajouter une empreinte carbone supplémentaire à une planète qui ne va déjà pas très fort.
Chacun possède son savoir-faire et il est évident, de mon point de vue, que grâce à la mutualisation des compétences locales nous pouvons arriver à présenter un produit dont nous sommes fiers. Il s'agit de mettre en avant une culture mais aussi un état d'esprit. De contribuer, modestement, à une transmission, là où ça n’a pas toujours été aisé.
Dans cette idée de passage, je voulais m'entourer d'acteurs qui font le Pays basque. Par exemple, l'entreprise de Mauléon-Licharre qui a accepté de revisiter des plateaux de jeux textile est avant tout spécialiste en espadrilles. L'entreprise angloye qui fait le bois des pottoks gagne sa vie en faisant du mobilier ergonomique. J'ai donc mis au défi ses artisans compétents et réputés de répondre à ma demande singulière sur des petites productions pour faire le pari de croire au lancement de Jokoak.
Quels sont vos projets à court terme ?
C.A.V : Dans un monde idéal, ça serait de vivre de ma passion, la création, en vous proposant de nouveaux jeux rapidement, ou encore de pouvoir donner le sourire à tout le monde dans le but d'oublier momentanément les aléas de la vie.
Je suis également à la recherche de nouveaux revendeurs intéressés par Jokoak, afin d'être visible au Pays basque, y compris en Hegoalde (Pays basque Sud). Je pense que la seule limite est notre imagination. Je suis en train de voir avec des Joaldunak pour mettre des événements en place, songeant également à une action avec une troupe de Fandango, tout en rêvant déjà de retrouvailles romanesques entre Olentzero et Mari Domingi, grâce aux jeux.
Les projets ne manquent pas. La seule question actuelle qui perdure en plein inventaire est à quel moment vais-je arriver à mon stock d'alerte pour pouvoir vous présenter de nouveaux jeux, et je l'espère, continuer à surprendre petits et grands.
Retrouvons-nous à l'occasion du défilé de Ihauteri parmi Joaldunak, Zirtzils ainsi que toutes les figures emblématiques du Carnaval basque afin d'allier rêve et réalité dans le but d'un échange acté et Vivant ! Fêtons ensemble l'éveil de la nature et que le Printemps soit un tremplin pour Jokoak. Aupa 2023 !
Sébastien Soumagnas
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