Non mais promis, demain, je vous emmène sur les ruines, mais prenons le temps d'une pause auparavant, vous ne le regretterez pas (enfin, j'espère). C'est l'avantage des marches sur les déplacements en voiture.
S'arrêter devant l'échoppe de ce qui vous paraît être un peintre, se rendre compte que ce sont des tissus qu'il dessine, enduits de cire, et peints ensuite, être bluffée, entrer, et sympathiser illico avec ce Maya originaire de Champotón marié à une Maya d'ici.
Et...
Lui, c'est Victor, une vraie gueule, des cheveux trop longs comme on aime, l'artiste complet, imprégné de son sujet et qui en parle avec une complète passion dans les mots et dans les gestes. De son nom complet : Victor Javier Rivas Palomo.
Quand j'entre dans son atelier, la cire est en train de chauffer, une grosse marmite. Il me montre aussi les poudres qu'il va utiliser en pigments, mélangées à de l'eau. A la fin, il faudra repasser tout ça, en mettant du papier journal sur le tissu, et le journal récupère la cire. Cela fixe les couleurs, et pour les tee-shirts, faits à la main, ça évitera qu'ils déteignent au lavage.
Victor a appris auprès d'un ami, il y a plus de trente ans, il en a cinquante aujourd'hui. Quand il a su parfaitement dessiner, peindre, et maîtriser le travail du tissu (du coton), il a décidé de s'installer à son compte. Depuis, il n'arrête pas.
Son inspiration, il la puise dans les livres mayas, avec de vraies reproductions de dieux, de scènes, de significations profondes, de légendes, et d'histoire. Ensuite, il commence ses dessins, il en a plus de 80 lancés en même temps, impressionnant.
Son atelier est placé sur la route des cénotes à Cobá, sa boutique jouxte l'entrée de la zone archéologique, et il peut donc parfaitement vivre de son art. Il faut dire qu'à 200 pesos (entre 12 et 14 euros) le tee-shirt fait main, au dessin unique, le succès est assuré.
Mais le plus beau restent ses fresques et grands dessins. Le roi Pakal de Palenque, le Chac Mool, le Kukulkán, le dieu de la pluie Chaac, et tant d'autres, entre calaveras (ahhhhh, voici la minute pub du jour. Calaveras, ce sont les joyeuses têtes de mort peinturlurées du Mexique, mais aussi mon livre à paraître d'ici peu chez Chiado Editeur)
Son fils Rogelio apprend à ses côtés, et se prépare à assurer la relève un jour. L'autre fiston s'occupe de la boutique près des ruines.
Sa femme, María, l'aide aussi, mais là, il râle, elle a fait ce Kukulkán ou Quetzacoátl (serpent emplumé) d'une seule couleur (rose vif), c'est trop tard pour rattraper, ça ne va pas du tout !
L'autre moment où Victor se passionne, c'est lorsqu'on parle de sa terre du Mayab. Il sait tout des guerres de castes, des anciens vestiges de Champotón oubliés (ah je me disais bien aussi !), du "henéquén" et de sa production de l'époque qu'on a laissée partir, de la division du Yucatán en trois Etats (séparer pour mieux régner), et lui qui place du "amiga" toutes les deux secondes, se met à ponctuer ses phrases de "cabrones" (sortez les enfantssssssssssssssssssss !) à toutes les sauces, y compris les plus piquantes. Version "chile habanero" (oui, comme dans la chanson La Llorona : "Yo soy como el chile verde, Llorona, picante pero sabroso"... ).
Sur Facebook, vous pouvez visiter sa page : Batik Coba et donner un "j'aime", il le mérite vraiment. Au fait, pourquoi du coton et du tissu, et pas des toiles sur châssis ? Juste pour la difficulté du transport, et ici, ceux qui achètent sont des touristes en vacances qui doivent souvent prendre l'avion pour repartir chez eux. Pas bête !
Allez demain, quelques vieilles pierres, ça faisait longtemps, mais avec cette fois-ci, un mode de locomotion un peu fantaisie. Je sens que vous allez aimer...
Laya Croves
Diaporama
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