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Le serpent de mer des Galeries Lafayette de Pau a un nouveau visage

Depuis l’incendie de 2016, le bâtiment historique de la célèbre enseigne est tristement en friche en plein centre. Le dernier projet présenté par la Ville verra-t-il le jour ?
Le nouveau visage des Galeries Lafayette de PauChamss Arouise Architecture
C’est toute la question. De nombreuses questions subsistent concernant la reconversion de cet immeuble emblématique, jouxtant la Préfecture et donnant sur la place Clemenceau.

Racheté par la SEM Pau Pyrénées, il y a un an, qui ne cache pas ses ambitions. « C’est un programme majeur pour le développement de la ville, une locomotive commerciale qui mêlera originalité et fidélité aux 100 dernières années de son histoire et qui retrouvera sa monumentalité architecturale ».

Voici comment résumait François Bayrou, le maire de Pau et président de la Société d’économie mixte (SEM) Pau-Pyrénées, lors de la présentation du nouveau projet des Galeries Lafayette, le 24 novembre dernier.

Pour le premier édile palois, c’est même une politique de reconquête. « La place Clemenceau est importante pour les Palois. Nous y avons tous des souvenirs, car c’était un endroit où on s’y retrouvait entre adolescents. C’est un emblème patrimonial de la ville. En 1907, le bâtiment s’appelait les Galeries Modernes, puis on l'a connu sous le nom des Nouvelles Galeries, avant de devenir les Galeries Lafayette. Quelle que soit l’issue commerciale, nous conserverons le nom de Galeries ».

Deux scénarios, une ambition

Chamss Arouise a remporté le « concours d’innovation » lancé par la SEM Pau Pyrénées. Conformément aux demandes de l’entité publique, le cabinet d’architecte parisien a présenté deux scénarios. Le premier programme 100% commercial s’étend sur une surface d’environ 4.000 m2, à l’instar de ce qui existait avant l’incendie de 2016.

Le second consisterait en une opération mixte, composée de surfaces commerciales et d’espaces complémentaires à déterminer (tertiaire, logement, hôtel, restaurants…) au sein d’un bâtiment complètement intégré au centre-ville.

« Nous avions deux mois et demi pour proposer deux projets. Ce bâtiment m’a toujours intrigué, notamment la différence entre sa façade latérale et sa façade principale monumentale. Nous nous sommes plongés dans l’histoire de ce bâtiment historique et avons décidé de remettre cette histoire en avant », raconte la jeune architecte.

Son projet architectural vise donc à redonner vie à cet immeuble emblématique construit en 1907 - dont la façade historique est qualifiée de patrimoine remarquable -, et à lui restituer son rôle de poumon économique du centre-ville. Pour concevoir ces deux projets, l’équipe de Chamss Arouise a fouillé dans le passé, en s’intéressant aux archives concernant cet édifice créé par les architectes Lamaizières.

« Nous nous sommes plongés dans les premiers plans du bâtiment. Nous avons travaillé avec une très importante quantité de documents, très détaillés. C’est ainsi que nous avons découvert qu’il y avait à l’origine beaucoup plus d’ornementation sur la façade principale, ainsi qu’une marquise, tous deux sacrifiés au fil des ans pour le moderniser », retrace-t-elle.

Chamss Arouise Architecture

Un projet original et fidèle à l’histoire du lieu…

Pour redonner tout son panache à ce monument, les architectes ont privilégié un schéma basilical, avec de nombreuses voûtes surplombées par une coupole. Ce choix veut offrir une belle hauteur sous plafond et rétablir la majesté de ce lieu. Quant à la façade donnant sur la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques, elle a été totalement repensée pour apporter une atmosphère changeante en fonction du cycle du soleil.

« On ne se rend pas forcément compte que ces Galeries sont un vaisseau, un tunnel qui conduit directement au Hédas et qui n’est, pour le moment, pas exploité. L’idée est de redonner de la visibilité entre ces deux points. Avec ce chantier, nous allons rendre au bâtiment un peu de ses courbes originelles », présente Chamss Arouise.

Le cabinet d’architectes a ajouté une note lyrique aux escaliers, devenus un spectacle aérien à eux seuls. Les poteaux et poutres Eiffel d’origines devraient être diagnostiqués pour être restaurés et réintégrés au bâtiment. Enfin, un belvédère, voire un restaurant panoramique, pourrait être installé sous la coupole qui offrira aux visiteurs une vue exceptionnelle sur la ville.

Un avenir encore à dessiner

« La force de ce programme réside dans sa capacité d’extension avec le temps, grâce à ces trames répétitives. Aujourd’hui, l’architecture est très standardisée, pour les logements comme pour les immeubles de bureau. Ce bâtiment pourra accueillir les deux, et changer en cours de route », note François Bayrou.

Pour le moment, aucun scénario n’est privilégié. Des discussions sont déjà engagées pour trouver les futurs locataires de cet espace, capables d’apporter une nouvelle dynamique au centre-ville. De nouvelles enseignes pourraient être attirées par ce projet, qui est évalué à 15 millions d’euros. « C’est un peu moins que le chantier des Halles et sur les quatre propositions présentées, c’était la moins chère », justifie-t-il.

Les Galeries Lafayette ne sont pas exclues de ce nouveau projet, mais la situation financière du groupe, fragile, rend incertain son retour sur la place Clemenceau.

Il faudra attendre au mieux fin 2027 ou début 2028, pour espérer une ouverture d’un site rénové. La prudence reste de mise, après la succession de superbes projets pendant 7 ans qui n’ont jamais abouti : un véritable serpent de mer.

On croise les doigts…

Noémie Besnard

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