Dans les Landes, on compte plus de 20.000 chasseurs pour seulement 300 chasseresses. « Pendant très longtemps, nous n'étions pas admises à la chasse. Nous devions rester à la maison et gentiment attendre notre mari », commence Marlène Elie, co-fondatrice et présidente de l'association des Dianes des Landes. « Mais depuis quelque temps, ça change. On est bien plus admises, la pratique se démocratise aussi chez les femmes, surtout chez les jeunes femmes ».
Au vu de l'écart énorme du nombre de licenciés masculins et féminins, il n'est pas prématuré de dire que l'on n'est qu'au début de ce mouvement de féminisation de la chasse. Une transition dans laquelle l'association des Dianes des Landes a souhaité s'inscrire. « Nous avons créé l'association avec Jean-Roland Barrere, ancien président de la Fédération de chasse des Landes. C'est un projet qui lui tenait vraiment à cœur. Il s'était rendu compte que parmi les nombreuses associations qui existaient, aucune n'était faite pour fédérer les femmes ».
Les Dianes des Landes étaient nées, reprenant un modèle déjà établi à une échelle nationale. « On est tout de même indépendantes. Il y a des choses qui diffèrent entre la structure nationale et nous, comme le prix d'adhésion, qui est fixé à 5 euros chez nous ». Un prix dérisoire, proche de l'euro symbolique, pour permettre au plus de femmes possibles de rejoindre le mouvement.
Chasser, ce n’est pas uniquement tuer…
« Cela regroupe des femmes qui chassent, mais aussi des femmes qui ne chassent pas. L'idée c'est que l'on puisse se retrouver entre nous, échanger, partager. Celles qui chassent, chassent ensemble, les autres peuvent les accompagner. Et puis, une fois par an, on se retrouve avec toutes les Dianes de France, autour de journées où l'on inverse les rôles avec les hommes ! », plaisante la présidente. « Nous partons à la chasse, et eux nous préparent le repas et nous reçoivent comme des princesses ». Cette année, ces rencontres auront lieu les 22 et 23 octobre, à Hontanx et Vielle-Tursan.
« Il y a aussi tout un volet de transmission, d'information, de partage ». Car les Dianes des Landes ne se contentent pas de chasser entre femmes. « On sensibilise aussi sur la chasse. On montre que chasser ce n'est pas uniquement tuer », explique celle qui trouve son bonheur avec ses chiens, et dans la traque des animaux, principalement pour les observer et les écouter. « Ça fait plusieurs soirs où je pars en forêt pour écouter le brâme du cerf. C'est génial ».
« L'image de la chasse n'est vue que par la mort d'un animal, alors que ce n'est pas que ça. On est constamment dans la nature, on est aussi là pour l'observer et signaler lorsqu'il y a des changements, des perturbations. Vu le temps qu'il passe dans la nature, un chasseur est un grand écolo ! J'ai personnellement deux sœurs qui sont très réfractaires à la chasse, mais qui avec des explications ont compris notre rôle. C'est aussi ça le but de notre association ».
Une cause qui tient à cœur à Marlène Elie, amoureuse de la chasse depuis sa plus tendre enfance. « C'est venu de mon grand-père et de mon père. Je me souviens être à la palombière dès mes 5-6 ans. C'était la communion entre les anciens, les jeunes, et la nature. C'est ça qui me plaît aussi ». Une passion familiale qui continue de se transmettre, puisque ses enfants chassent aussi. Et avec une maman présidente d'une association qui aide les femmes à s'intégrer dans le monde de la chasse, et qui les fédère, on peut se dire que le flambeau sera porté encore au moins une génération...
Timothé Linard
Fédérer les femmes, même au-delà de la chasse
L'association des Dianes des Landes ne se cantonne pas à la pratique de la chasse. Bien que ses actions principales soient orientées vers la démocratisation de la chasse chez les femmes, et l'information et la sensibilisation de la pratique pour toutes et tous, d'autres initiatives peuvent être menées... « Dès que nous le pouvons, nous aidons les femmes de façon plus générale. Par exemple, nous avons sponsorisé deux femmes qui participaient à un rallye automobile. Si l'on peut se le permettre, c'est avec plaisir ». La fameuse solidarité féminine...
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