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    Sur la route des Mayas / Jour 10

    Cobá : un chien, un scorpion et un peu d'artisanat...
    Coba commence a fatiguer mais resiste
    Je savais bien qu'un voyage de ce type ne peut jamais être parfaitement prévu et préparé à l'avance, qu'il existe toujours une part d'impondérable, voire d'improbable. J'imaginais des rencontres, mais peut-être pas de ce type. Allez, j'essaie de te la faire courte, mais ça va pas être simple...

    Village de Cobá Village de Cobá

    Ce matin, je démarre à 6h30, bien avant Cobá et avec l'intention de me diriger vers la communauté de Chanchen, indiquée comme truffée d'artisans. Je sens d'emblée que je suis en jambes, et que ça promet d'être une belle balade.

    J'entre dans le village de Cobá vers 7h15, c'est désert. Pas un chat, pas un chien, personne avec qui papoter. Je me dis que ce périple est finalement très solitaire, qu'il vire au voyage intérieur, et qu'hormis mon cahier et toi, le soir, je manque de présence.

    Pour la première fois depuis le début, je me dis que c'est dommage que mon chien n'aime pas la voiture, que je l'aurais bien trimballé. Lui ou un autre d'ailleurs, un chien, ç'aurait été bien. C'est une pensée forte mais fugace que je laisse s'enfuir aussi vite qu'elle est venue.

    Je m'engage sur le pourtour du lac, toujours personne, et seul le soleil qui tape fort de très bonne heure. D'un coup, j'entends derrière moi comme un bruit de course. Je me retourne, version tortue (avec mon sac sur le dos, cela ne donne pas une grande aisance aérienne dans le mouvement), juste à temps pour recevoir dans les bras un jeune chien blanc qui se jette sur moi, réclamant jeux et câlins dans le même temps. Je me dis que ce n'est qu'une effusion passagère, et repars, le chien à mes côtés.

    Ce chien me suitPlus loin, je sens qu'il faut que j'en parle à mon cahier, si précieux, pour recueillir mes sensations, mes manques, mes absences, et aujourd'hui cette présence insolite. Sur mon ipod, la Llorona tourne encore "no déjaré de quererte, Llorona, aunque la vida me cueste..." Le chien se couche à mes côtés et semble attendre. Bon. Je commence à le prévenir (je lui parle français et espagnol en même temps, j'ignore s'il est bilingue. Pareil il ne cause que le maya, on est mal barrés... je sais... !) qu'il vaut mieux éviter de me suivre, que ça ne va pas juste être une petite promenade de santé, que j'ai rien à boire pour lui, et pas grand-chose à bouffer hormis cette vieille pâte d'amande qu'il ingurgite comme si de rien n'était. Mais aussitôt qu'il me voit armer le sac à dos, l'animal bondit et manifeste sa joie en sautillant partout. Ok, tu l'auras voulu, me dis-je, mon coco, je te donne pas cinq cent mètres pour capituler.

    On ne va pas y passer la journée (quoique, moi, si !), pour te résumer, au bout de neuf kilomètres, il était toujours là. Il avait résisté aux attaques d'autres chiens, boitillait de sa patte droite arrière, tirait une langue de trois mètres, et haletait à redouter qu'il clamse, m'obligeant à entrer dans la jungle pour m'arrêter avec lui, lui laisser le temps de se reposer.

    Matin de la rencontre pas dispose a partir on diraitDire que j'étais en jambes ! Au bout de 11 petits kilomètres, il a fallu que je capitule. Si je continuais, le toutou allait y rester, et je ne comptais pas l'abandonner sous 38.5 degrés en pleine jungle. Alors je lui ai proposé un deal, l'embarquer, et après on aviserait. Il a eu l'air d'accord. A la voiture, je lui ai donné à boire, puis direction Chanchen, mais le coeur n'y était plus. Ce chien me préoccupait. Lui avait l'air bien.

    Arrivée là-bas, je note que ce ne sont que quelques chozas éparses, rien de bien folichon. Les Mayas en question sont terrés chez eux, me regardent comme si j'étais une extraterrestre et rigolent de voir ce chien avec moi (auquel j'ai acheté du jambon de dinde, il aime !).

    tribunal de Chanchen 1Le seul endroit qui vaille la peine, c'est cette ridicule petite maison, où un écriteau précise qu'il s'agit du tribunal de justice. Dans un village de 70 habitants ? Il faut que je te photographie ça, mais l'appareil photo est dans le sac à dos... à l'arrière. Et là, faisons une petite coupure afin que je m'adresse à Carla Martin. Tu ne la connais pas, mais c'est ma charmante éditrice de chez Chiado (ça la pète hein, de dire "mon" éditrice ? rires). Quand elle a su que je partais faire ce treck, elle m'a demandé de lui placer un clin d'oeil si je croisais un scorpion. Donc attention, Carla, ceci est un énorme clin d'oeil.

    Le scorpion mortCar voilà, qu'est-ce qui sort de mon sac à dos (ou de mon chapeau, je ne sais plus trop, il y avait un tel foutoir là-dedans) au moment d'attraper l'appareil photo ? Un bon gros scorpion noir, toutes pinces dehors, du genre patibulaire mais presque... Qui bien sûr se réfugie sous les sièges de la voiture, là où on n'a pas du tout envie de tendre la main en appelant "minou, minou, minou... viens mimine"... Il faut dire que la présence d'un scorpion dans un périmètre clos de quelques mètres carrés réduit considérablement le sens de l'humour, j'ai noté. Va-t-en savoir pourquoi.

    Donc, en plein milieu de Chanchen et sous le regard interloqué des locaux, voilà qu'il faut vider la voiture qui, au fil des jours, s'est transformée en dépotoir ambulant, remplie de souvenirs en tout genre. Mais bien entendu, monsieur scorpion se fiche de tout ce ramdam, il est planqué et attend son heure. Le chien que j'ai surnommé Cobá (oui, monsieur le juge, il faut que vous sachiez que Laya Croves était connue pour son incroyable inventivité, on se demandait où elle allait chercher tout ça ! Là, en l'occurrence à Cobá, monsieur le juge) s'est barré, bref c'est l'apocalypse maya avec deux ans et demi de retard !

    tribunal de ChanchenTant pis, recharger la voiture - vais pas rester plantée là pendant quinze jours ! -, courir après le chien qui adore ce nouveau jeu du gendarme et du voleur, et de retour à la voiture, bien regarder où on met les mains, les pieds et le reste, manière de ne pas énerver monsieur scorpion. Décréter que Chanchen, c'est nul, et repartir à Cobá, là où tout commença.

    Je prends une décision d'importance : je vais laisser ce chien là où il m'a trouvée, s'il s'en va, très bien, s'il reste, je le garde. C'est que je suis attachée à mon nouveau copain, penses-tu. Des serveurs me reconnaissent, ils m'ont vue marcher ce matin (si peu, les gars, si peu !), je leur demande s'ils connaissent ce chien, me disent que non, qu'il sera abandonné comme tant d'autres (ah les chiens et le Mexique, c'est pas le pays où ils sont rois hein), et que je n'ai qu'à le garder. A la fin du déjeuner, Cobá est encore là, je l'embarque donc sous les applaudissements des serveurs.

    Coba nouvelle mascotte de PresseLibEn route vers Tulum, s'arrêter pour acheter des croquettes, une gamelle, une laisse, un collier, ET un produit contre les scorpions à vaporiser dans la voiture. Mais Cobá le chien est prévenu : pour devenir la mascotte de PresseLib' et de nos lecteurs, va falloir qu'il arrête de pleurnicher dès qu'on dépasse les dix kilomètres. Hum, c'est pas gagné. Demain, je te raconterai les artisans, parce que j'en ai quand même rencontré au final. Cette chronique très (trop ?) animalière est terminé, mais je sens que tu vas entendre encore parler de ce fieffé clébard !

    PS : Ci-dessus la photo du cadavre du scorpion retrouvé mort ce matin dans la gamelle d'eau du chien. Il n'y aura ni fleurs ni couronnes, ni obsèques d'ailleurs, encore moins de larmes et de tristesse. Bien fait, bien fait, bien fait ! Et tant pis pour mon karma !

    Laya Croves

     

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