C'est en découvrant l'instrument, par hasard, au début des années 2000, que le couple en tombe amoureux. « Très vite on a trouvé que c'était un très bel instrument, et on souhaitait avoir le meilleur possible, ou du moins celui qui nous correspondait le plus. Mais on n'arrivait pas à trouver ce que l'on cherchait, alors on s'est lancé dans le projet de le fabriquer nous-mêmes ! », commence Jean-Paul Saintorens. Une formation en lutherie et quelques années plus tard, on se retrouve en 2006, date du début de l'activité du couple. D'autres années passent, et c'est en 2018 que Neofactlandes voit le jour.
« Nous sommes aujourd’hui 3 fabricants de Boha en France ». La Boha étant le nom de la cornemuse landaise, que l'on peut traduire par « souffler » en occitan. « Il faut savoir qu'en France, il y a 26 types de cornemuses différentes. C'est d'ailleurs le pays avec le plus de variétés ! Dans les Landes, c'est la Boha qui est reine. C'est un instrument plus petit, plus maniable et plus facile à transporter ».
Un instrument très vieux, qui s'est perdu pendant quelques années, puisqu'après le décès du dernier joueur traditionnel, dans les années 50, la Boha est tombée dans l'oubli pendant une vingtaine d'années. « Dans les années 70, il a été redécouvert, mais il n'était plus adapté à son époque. Des gens l'ont alors refabriquée avec des techniques actuelles, et c'est aujourd’hui cet instrument-là que l'on fabrique ». Une production minutieuse, au « centième de millimètre près » selon Jean-Paul Saintorens, composée de bois, de carbone et de cuir ou de matières synthétiques.
Et depuis peu, c'est aussi en plastique que la Boha peut être fabriquée, grâce à l'impression 3D. « Alors ce n'est pas moi directement qui aie imprimé l'instrument, car je n'ai pas le matériel pour, mais c'est à partir de mes plans et de nos idées que cela a été réalisé ». Une démarche plus rapide (les instruments en bois prenant 3 mois pour être fabriqués et mis au point), plus économique, et à terme plus écologique grâce aux matières synthétiques et responsables utilisées dans les imprimantes 3D.
« Des nombreuses écoles se sont montrées intéressées », se réjouit le fabricant. Des établissements dans les Landes, mais aussi dans les Pyrénées-Atlantiques et dans les Hautes-Pyrénées. « Grâce à nos cornemuses, nous travaillons avec le Conservatoire des Landes, avec des écoles à Pau, Tarbes, et même à l'étranger puisque nous avons des commandes de musiciens amateurs et professionnels depuis l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, etc. »
« Je pense que le propre de la fabrication artisanale, c'est de pouvoir s'améliorer en permanence, en allant chercher de nouvelles méthodes, de nouveaux matériaux. Nous avons toujours des idées, plus ou moins importantes, mais qui peuvent avoir leur incidence sur nos productions », poursuit Jean-Paul Saintorens qui ne semble donc pas destiné à arrêter d'innover. « Et puis c'est aussi un moyen de transmettre une passion pour la musique et pour les Landes, faire perdurer un instrument historique afin qu'il ne se reperde pas une seconde fois ».
Et à ce sujet, l'association Neofactlandes vous donne rendez-vous le 24 février prochain, à Bélus, pour un concert on ne peut plus atypique, puisque trois cornemuses seront associées à une vielle à roue, pour un récital typiquement landais...
Timothé Linard
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