Venus de la région du Péten au Guatemala, les Itzás ont eu une existence mouvementée. Ils seraient arrivés à Bacalar, ou à Sian Kaan, l'actuelle biosphère près de Tulum, dans les années 189 après JC (ni Jules César, ni Jacques Chirac, l'autre...), puis auraient rallié Champotón (ou plutôt Chakan-Putún où je voulais t'emmener, mais impossible parce que les ruines ne sont pas "exploitées", no comment), avant de construire Chichén première version, puis de retourner à Champotón, puis d'errer pendant deux cents ans et de ne revenir ici qu'aux alentours de l'an 900, soit très tard.
Ils n'y resteront que 200 ans de plus, puisque ensuite, fin de la Ligue de Mayapán oblige, les voilà qui retournent aux origines, près du lac Péten-Itza au Guatemala, à Tayasal exactement. À noter que Tayasal sera le tout dernier, tout dernier endroit à tomber aux mains des Espagnols, en 1619, un signe ? Mais là n'est pas le propos.
[caption id="attachment_33704" align="alignleft" width="300"] Cénote sacré[/caption]
Ce matin, je suis arrivée avant tout le monde sur le site, pour profiter de son éveil et de sa solitude, devenue rare. Je me suis assise longtemps à côté d'un cénote asséché, à me demander si les anciens Mayas avaient ainsi profité de matins similaires, faits de trilles d'oiseaux exotiques, de quiétude, de parfums de jungle, si les iguanes étaient là aussi, à émerger des pierres pour profiter de la fraîcheur matinale...
J'ai écrit sur mon cahier et un flot d'émotions me submergeaient.
[caption id="attachment_33705" align="alignright" width="300"] Pyramide du Kukulkan[/caption]
J'ai longtemps admiré l'Observatoire, dit le Caracol (l'escargot) pour sa forme ronde, la pyramide du Kukulkán, où les jours d'équinoxe, le soleil descend lentement la pyramide pour sortir par les têtes des serpents emplumés, les fameux Kukulkán. Prodige d'astronomes-architectes comme nous l'avons vu hier à Dzibilchaltún.
[caption id="attachment_33706" align="alignleft" width="300"] Chac mool[/caption]
Je suis restée longtemps devant le temple des Guerriers, celui des Mille Colonnes, le Temple des Monjas, ou au cénote sacré à imaginer les sacrifices humains qui avaient lieu ici.
J'ai découvert des Chac Mool, ces statues où, prétend-on, se faisaient les sacrifices, mais dont d'autres assurent qu'ils étaient mi-hommes, mi-dieux, gardiens du temple des Guerriers.
[caption id="attachment_33707" align="alignright" width="300"] Entrée du jeu de pelote[/caption]
Enfin le jeu de pelote, ou jeu de balle, le fameux pok'ol pok en maya, qui est immense (le plus grand recensé dans toute l'Amérique centrale avec ses 70 mètres sur 168).
J'ai vu aussi des accès interdits au public, et là, à portée de main, d'autres, bien d'autres pyramides à découvrir.
[caption id="attachment_33708" align="alignleft" width="300"] Accès interdit, fouilles en cours[/caption]
Chichén fait 15 kilomètres carrés, et seulement 15% sont découverts jusqu'à présent. Oui, vous lisez bien, je n'écris pas de bêtises (enfin, pas tout le temps).
Mais ce n'est pas tout, autour, tout autour, sur des kilomètres, des monticules, des pierres. Vous ne me croyez pas ?
[caption id="attachment_33709" align="alignright" width="300"] Yakuna[/caption]
Alors quittons la zone si touristique de Chichén, ses hôtels et haciendas, ses resorts, et éloignons-nous de quelques kilomètres à peine. 25, pas davantage. J'arrive à Yakuna (sans Matata).
Et là, tel l'archéologue fait sa découverte, j'ai face à moi, magique, un site encore mangé par la jungle, à l'abandon, des monticules qui ne dissimulent que mal les temples qu'il abrite. C'est un grand moment.
[caption id="attachment_33710" align="alignleft" width="223"] Sur la route de Yakuna, ruine[/caption]
Un type arrive à vélo, fusil en bandoulière. Dia, je dois déranger. Je dégaine mon habituel bonjour maya, et le gars baragouine aussitôt dans la langue yucatèque. Je mélange espagnol et maya pour lui parler. Bientôt il me dit s'appeler Osé ou José. Sa carabine ? Pour chasser le "venado", le cerf, comme le faisaient les Mayas autrefois (la carabine en moins).
Le site à l'abandon ? Oui, mais ça va s'arranger, les archéologues viendront l'an prochain commencer les fouilles, cela fera du bien, il y aura des touristes, des emplois, de l'argent.
[caption id="attachment_33711" align="alignright" width="300"] Chozas à l'intérieur des terres[/caption]
Au village voisin, quelques chozas plus que traditionnelles, des femmes en tenue, je ne dégaine pas l'appareil photo, ça les effraierait. Ici, la civilisation n'est pas totalement arrivée, seule la langue espagnole a réussi à s'imposer un peu, mais l'église construite par les conquistadors est une ruine, elle ne sert à rien. On continue les rites anciens.
[caption id="attachment_33712" align="alignleft" width="317"] Yakuna[/caption]
À peine à 25 kilomètres de Chichén. Contraste entre hier et aujourd'hui, entre tourisme et authenticité. Je ne suis pas certaine d'avoir vraiment envie que Yakuna devienne le prochain Chichén Itzá. Une nostalgie m'étreint.
Demain matin, mollets en charpie ou pas, c'est ici que je viendrai marcher. Pour relier symboliquement Chichén et ses merveilles à Yakuna l'intacte. Je viens de trouver exactement ce que je cherchais...
Laya Croves
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