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PAUSE CAFEEs-tu un Tuche ?

La question, à n’en pas douter, agitera toutes les discussions de la pause-café, ce matin. Alors, verdict ?
Réception d'un hotel de luxe avec sol en marbre et du bois aux murs
Il y a toujours un moment de la vie où tu te retrouves comme Jeff ou Cathy Tuche, du film éponyme. T’es pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche (plutôt en bois), t’es un vrai prolo beauf assumé, mais par un de ces hasards dont la vie a le secret, vlan, tu te retrouves à pieuter dans un super palace.

On pourrait croire que l’uniforme obligatoire du lieu, le peignoir blanc moelleux, va gommer les inégalités aussi flagrantes que sociales, et que tu pourras parader en croisant tes congénères, leur lançant un suave : « Ça va ? La petite famille, les dividendes, tout ça ? » dans le couloir du spa. Point du tout. Il y a obligatoirement un moment où tu vas te trahir. Où l’on va constater ta Tuchitude absolue. Petite revue de détail des points qui ne trompent pas :

Réflexe numéro 1 : Dans le hall du Palace, tu t’écries : « oh putain, whaou, trop classe ! »

Ce qu’il aurait fallu faire : ne pas sourciller, ne pas t’extasier devant ce décor élégant et classieux. Ne pas parler, surtout ne pas dépasser le décibel. Compassé est le mot de rigueur.

Réflexe numéro 2 : Ne pas laisser le groom porter ta valise, même si elle pèse un âne mort, parce que tu ne sais pas combien lui donner. 2 euros, ça fait rat ; 5 euros, ça fait rat ; 10 euros, faut pas déconner, c’est le prix d’un poulet aux hormones entier (ton préféré) au supermarché, même avec l’inflation !

Ce qu’il aurait fallu faire : Méprisant, lui laisser porter tout ton bardas, ne pas lui accorder un regard, lui donner une misère avec des airs de grand-seigneur condescendant (en un mot).

Réflexe numéro 3 : Envoyer des photos de la chambre à toute ta famille. Et sur les réseaux sociaux. Avec un commentaire qui dit : « Même pas je te parle du matelas ! Dans ma prochaine vie, j’en veux un pareil chez moi. Trop la classe ! »

Ce qu’il aurait fallu faire : Ne pas envoyer de photos. Les garder précieusement dans son téléphone et ne les montrer à personne. Le jour où tu es grave à la dèche, devant ton plat de pâtes au gruyère, les admirer en soupirant, les yeux mouillés : « C’était chouette, quand même »…

Réflexe numéro 4 : Suite au réflexe numéro 3, il est fréquent qu’on se laisse entraîner et que l’on veuille prendre et envoyer les photos de la salle de bains. Parfois même un petit selfie dans le miroir éclairé, genre artistique. Avec un commentaire du genre « Vise un peu c’tte salle-de-bains, elle fait la taille de mon appartement entier ! ».

Ce qu’il aurait fallu faire : idem que pour le réflexe numéro 3, surtout pour le selfie face au miroir : OUBLIE !

Réflexe numéro 5 : Au buffet du petit-déjeuner, se faire des sandwiches pour midi, et les enrouler dans des serviettes en papier (qu’ils n’ont pas, donc loucher sur l’épaisse serviette en tissu, en pensant que… après tout, ils en ont plein, ça ne se verra même pas…)

Ce qu’il aurait fallu faire : boire un café, manger quelques fruits, éventuellement, du bout des lèvres, goûter à un mini croissant (une moue blasée et vaguement dégoûtée est du meilleur effet, entraîne-toi avant, ça ne va pas venir tout seul)… et crever la dalle, en toute légitime frustration…

Réflexe numéro 6 : Toujours au buffet du petit-déjeuner, bouffer des trucs improbables que tu ne mangerais JAMAIS chez toi. Genre : des harengs…

Ce qu’il aurait fallu faire : Se reporter au réflexe numéro 5. Et s’y tenir !

Réflexe numéro 7 : Au Spa de l’hôtel, entrer dans le sauna et s’exclamer « ah ouais, quand même, putain, il fait chaud hein ». Et deux minutes après, au hammam : « ah ouais, c’est celui de la vapeur, je confonds toujours ! »

Ce qu’il aurait fallu faire : Résister sans virer au rouge écarlate au sauna, pendant 20 minutes, en affichant toujours le même air blasé (on t’avait dit de répéter, t’écoutes, ouais ?), éventuellement t’étonner : Combien ça marque ? 85 degrés ? Fichtre, je dois être trop habitué(e), j’ai limite frisquet…

Réflexe numéro 8 : Avant de partir, embarquer les chaussons blancs (toujours moelleux, le qualificatif le plus adapté à un Palace) … Ben quoi, c’est offert, non ?

Ce qu’il aurait fallu faire : Ne même pas les sortir de leur plastique immaculé. Tu es au-dessus de tout cela. Tu n’en as pas besoin. Façon, chez toi, c’est tellement cracra en comparaison que les semelles seront noires et pleines de poils de chien en deux secondes.

Réflexe numéro 9 : Piquer les produits de salle-de-bain, savon, crèmes, fioles, puis les crayons à papier et bloc-notes. Vérifier que tu as bien appliqué le réflexe numéro 8 de piquer les chaussons. Te demander quand même s’ils ne vont pas fouiller ta valise à la sortie…

Ce qu’il aurait fallu faire : Comme pour le réflexe numéro 8, ne pas utiliser le moindre produit proposé, tu es censé avoir mieux et plus cher. Ouais, au prix de la chambre, ça fait iéche mais c’est comme ça, tu ne vas pas perdre toute crédibilité pour un mini savon, si ?

Réflexe numéro 10 : Refaire le lit avant de quitter ta chambre. Parce qu’on ne t’as pas éduqué(e) comme ça.

Ce qu’il aurait fallu faire : Laisser un bazar indescriptible, sans aucune considération pour la pauvre Nafissatou qui va s’y coller, oreillers jetés par terre, serviettes de toilette en boule, etc.

Hélas, si tu t’es identifié(e) dans un seul des comportements ci-dessus, c’est fichu, tu es un membre de la famille Tuche. Au-delà de deux, ton cas est définitivement perdu. La seule chose qui te reste à faire, c’est te présenter au prochain casting de la Famille Tuche. Parce que là, c’est le dernier endroit où tu as encore toutes tes chances.

Gracianne Tuche Hastoy

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