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GUERRE DES AÉROPORTSLa Bigorre vent debout contre le premier ministre béarnais

Michel Pélieu, président du Département des Hautes-Pyrénées, dénonce les pressions exercées par François Bayrou pour privilégier l’aéroport de Pau au détriment de la plateforme de Tarbes-Lourdes.
GUERRE DES AÉROPORTS – La Bigorre vent debout contre le premier ministre béarnais
Les derniers chiffres du trafic l’ont confirmé, l’aéroport de Pau est largement distancé par la plateforme de Tarbes-Lourdes qui enregistre le double de voyageurs annuels. De quoi attiser le feu entre les deux voisins.

Selon Michel Pélieu, qui s’est confié à notre confrère La Dépêche, le forcing du premier ministre pour rouvrir la ligne entre Pau et Orly, risque de nuire gravement à la Bigorre. Cette liaison avait été fermée en octobre dernier après l’abandon de Transavia, filiale d’Air France, en raison d’un très lourd déficit dans son exploitation.
 
Si le président du 65 ne conteste pas la relance de cette ligne, il souligne que la méthode pose problème, soulignant le manque de concertation, « alors que nous étions en pleine étude d’une éventuelle OSP (obligation de service public) commune pour les deux aéroports afin d’éviter une concurrence stérile. Ensemble, nous aurions pu discuter des horaires, de la coordination des offres… Au lieu de cela, on nous a mis devant le fait accompli. Le "patriotisme béarnais" ne doit pas primer sur l’intérêt général. Nous sommes ouverts à des discussions mais nous assistons à un passage en force, dicté davantage par des enjeux politiques locaux que par des besoins réels. C’est non seulement un mépris total pour notre territoire mais c’est aussi un risque majeur pour son développement économique. Ce n’est pas acceptable ».
 
Pour rappel, une nouvelle liaison a été lancée avec la compagnie Amelia (prestataire important d’Air France), le 17 février dernier, avec un appareil de petite capacité.
 
L’élu bigourdan pointe du doigt que la chute vertigineuse de l’aéroport béarnais vient essentiellement de la baisse des voyages d’affaires que Pau n’a pas su anticiper. La concurrence de Tarbes-Lourdes sur Orly ne pesant qu’environ 40.000 passagers par an, pour un trafic total de 600.000 personnes.

Aéroport de Pau

Michel Pélieu insiste également sur le fait que l’écart s’est creusé entre les deux sites, grâce au dynamisme de la compagnie Volotea qui s’est mobilisée pour développer la plateforme bigourdane en ouvrant plusieurs destinations visant une clientèle touristique, notamment liée au ski et au vélo, complétant celle concernant les pélerinages. Il faut dire que, dans le même temps, Pau s’est enfermée dans un partenariat stérile avec Transavia et a négligé la diversification indispensable de son activité.
 
Quand le Béarn dénonce les aides apportées par l’État, via cette OSP, et parle de concurrence déloyale, la Bigorre réplique en parlant de désenclavement indispensable. « L’OSP, qui garantit cette liaison avec Orly est essentielle pour notre développement économique, car nous n’avons ni TGV, ni facilités autoroutières pour nous désenclaver vers le nord, contrairement à Pau, vers Bordeaux puis Paris. La RN21 est toujours à deux voies, depuis des décennies », a ajouté Michel Pélieu dans les colonnes de notre confrère.
 
Selon lui, si la remise en cause de l’OSP par Pau aboutit à sa suppression, cela pourrait avoir des conséquences très graves pour les Hautes-Pyrénées.
 
Le ton est monté d’un cran, et l’affaire pourrait s’inviter dans les médias nationaux dans les prochaines semaines.

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