L'objectif de cet exercice est de donner à chacun les clés pour mieux saisir comment nos entreprises produisent, investissent, embauchent, innovent… bref, comment elles fabriquent de la vie ici, au Pays basque. C'est pourquoi nous allons décrypter, une fois par mois, des termes ou notions économiques, dans un format court, lisible et pédagogique, pour clarifier les mots et les mécanismes qui structurent l’activité économique de notre territoire. Mais ce sont aussi des informations qui peuvent servir à chacun, pour toute activité, y compris associative.
Pour commencer, s’il y a bien deux notions qui ne sont pas claires pour tous, ce sont bien celles de chiffre d’affaires et de bénéfice. On les confond dans la vie de tous les jours, et certains sont même persuadés que « si l’entreprise fait un gros chiffre, c’est qu’elle roule sur l’or ». Eh bien non ! Parfois, un chiffre d’affaires impressionnant peut cacher un bénéfice… minuscule. Voire même une perte. Voilà pourquoi il est crucial de bien distinguer l’un de l’autre.
Définition des deux notions
Le chiffre d’affaires (CA), c’est simplement la somme facturée aux clients pour les biens ou services vendus. C’est un compteur qui dit : « voilà ce qu’on a vendu ».
Le bénéfice, lui, arrive tout à la fin du film, après le générique. C’est ce qui reste une fois que TOUT est payé, à savoir les salaires, les loyers, les matières premières, les assurances, l'énergie, les machines, les taxes et impôts… Il existe même des éléments plus discrets comme les amortissements (la perte de valeur d’une machine dans le temps) ou les provisions etc.
En d'autres termes : le chiffre d’affaires, c’est la recette. Le bénéfice, c’est l’argent qui reste après que toutes les charges aient été payées (les dépenses donc).
Pourquoi beaucoup confondent...
Dans un premier temps parce que le mot « chiffre d'affaires » est généralement impressionnant. En effet, dire qu'on a « fait 2 millions de chiffre d’affaires » sonne bien plus clinquant que « il nous reste 42.000 € à la fin ».
Et puis, selon les secteurs, les apparences peuvent être particulièrement trompeuses.
Dans le tourisme ou bien l’immobilier, le prestataire facture seulement ses honoraires (c’est son chiffre d’affaires) perçus quand il vend un voyage ou une maison,
Dans la distribution, certains CA sont énormes… mais les marges ultra-minces.
Le CA n’est donc pas « l’argent de l’entreprise » : c’est juste le montant qui passe par elle.
Un exemple pour mieux comprendre
Prenons une petite entreprise de production du Pays basque. Elle vend 150.000 € de produits sur l’année. Sur le papier, ça semble solide. Mais...
Décortiquons les charges
Matières premières : 45 000 €
Salaires + charges : 60 000 €
Énergie, assurances, loyers : 20 000 €
Transport et logistique : 8 000 €
Impôts et taxes diverses : 4 000 €
Amortissement des machines : 10 000 €
Risque client : cette année, deux factures impayées (3.000 € cumulées)
Soit 147.000 € de charges.
Résultat : 150 000 – 147 000 = 3.000 € de bénéfice réel.
Un CA de 150 000 €… pour un bénéfice équivalent à un bon mois de SMIC, charges sociales comprises.
Voilà pourquoi un « bon chiffre » ne dit pas tout : ce qui compte, c’est ce qu’il reste, donc le bénéfice…ou la perte !
Ce que ça change pour comprendre l’économie du territoire
Quand on parle des entreprises locales, il faut regarder au-delà de leurs CA. Deux structures peuvent afficher le même chiffre d’affaires, mais l’une aura un bénéfice confortable et l’autre luttera pour sa survie et pour honorer toutes ses charges.
Comprendre la différence CA/bénéfice permet aussi de mesurer :
la fragilité ou la solidité d’un secteur,
la marge réelle laissée sur le territoire,
la capacité d’une entreprise à investir, embaucher ou innover,
l’impact d’un impayé ou d’une hausse de coûts (énergie, matières…).
En bref : Ce n'est pas le chiffre d’affaires qui fait vivre une entreprise. C’est d’abord sa capacité à payer toutes ses charges… et à faire du bénéfice ensuite pour assurer son avenir.
Quant au territoire, il aime les entreprises de production, car avant de vendre, elles partent d’une matière première qu’elles transforment, avec un atelier ou bien une usine de production.
On comprend facilement que la chaise fabriquée en Chine et vendue ici intéresse moins le territoire que cette même chaise fabriquée et vendue ici. La fabrication génère des dépenses faites sur le territoire : les salaires des opérateurs, l’usine construite, les impôts de production, etc.
La réflexion a toujours avoir en tête : d’accord, cette entreprise fait beaucoup de chiffre d’affaires mais…. fait-elle du bénéfice ?
Parce qu’ « ici, produire la vie », pour une entreprise, c’est aussi comprendre comment elle se finance.






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