J’avais fixé à deux heures la durée de ma visite au jardin Massey. Elle a demandé le double de temps. Il faut bien cela pour arpenter ces 12 ha où tout n’est que luxuriance, calme et volupté. Même l’agent de surveillance met les formes pour me rappeler que les pelouses sont interdites au public. Une partie seulement l’est.
Le jardin Massey c’est avant tout un inventaire de quelque 1 500 arbres. Cèdre du Liban, cèdre de l’Atlas, séquoia géant, séquoia toujours vert, plaqueminiers, magnolias, palmiers, platane d’orient, chênes de diverses espèces, micocouliers, tulipier de Virginie, cornus florida pour ne citer que quelques espèces plantées pour la plupart il y a plus de 100 ans. L’étiquetage est systématique.
Le jardin est l’œuvre de Placide Massey né à Tarbes en 1777. Ce fils de cordonnier travaille dans une herboristerie locale avant de se rendre à Paris pour poursuivre ses études. Le voilà aide naturaliste au Jardin des plantes sous la direction du botaniste Ramond de Carbonnières qui fut son professeur à l’École Centrale de Tarbes. Très vite après ses débuts, il forge sa réputation au gré des chantiers qu’il dirige en France et en Europe.
Une carrière royale…
Au sommet de sa carrière, Placide Massey occupe le poste de directeur des jardins et pépinières de la Couronne. Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe ont accéléré son ascension ainsi que la reine Hortense, fille de l’impératrice Joséphine, qui puisa dans son talent pour ses jardins en France et en Hollande. Parmi ses états de service, les pépinières du Trianon, le potager de Versailles, le fleurissement de Sèvres et de Saint Cloud.
Sa carrière achevée, le paysagiste et botaniste revient à Tarbes en 1850. Le terrain de 11 ha qu’il a acquis 21 ans plus tôt l’attend. En face de sa demeure, une « folie », dotée d’une tour d’observation de style mauresque, il a imaginé un jardin d’agrément qui fait la part belle à la conservation scientifique avec un arboretum et une pépinière. Mais il meurt en 1853. Seules les esquisses et les grands choix de plantation ont été achevés. La ville de Tarbes, à qui il a fait legs de sa propriété, va donner vie au projet de Massey.
Les municipalités successives vont contribuer à l’essor du jardin d’agrément tel qu’il existe aujourd’hui. Le jardin est agrandi et reçoit un plan d’eau (1866-1867), une serre (1880), un cloître (1889), un kiosque (1904, couvert en 1967), des plantations sans cesse renouvelées et la statuaire comprenant : le buste de Massey, le Saint Christophe de Coutan, le buste de Jules Lafforgue signé de Firmin Michelet, l’Ouragan un bronze de Desca, le Tacheron marbre de Ludovic Durand, le buste de Théophile Gautier par sa fille Judith Gautier.
« Un diamant dans un torchon » c’est la formule qu’employa Victor Hugo en route vers Cauterets pour décrire le jardin Massey et moins tendrement la ville de Tarbes. Nous aurons l’occasion de faire mentir l’auteur lors de nos prochaines sorties.
J’allais oublier la buvette. Très bien située au cœur du jardin, on y sert aussi manger et s’est une bulle de convivialité dans le jardin.
Le Cloître avant la tempête de mars 2020…
Il provient de l’Abbaye de Saint Sever-de-Rustan. Cette commune du nord des Hautes-Pyrénées le mit en vente en 1889. Acquis par la ville de Tarbes, il fut démonté, transporté puis remonté dans le jardin Massey. Datant du 16ème siècle, il est composé de colonnettes en marbre, élevées sur un mur bahut et supportant des chapiteaux historiés. Les scènes illustrent des passages de l’Ancien et du Nouveau Testament.
En mars 2020, un marronnier s’est abattu sur une partie du cloître. Sa remise en état est à l’étude.
La Serre ou Orangerie…
Elle abrite aujourd’hui une collection de cactées. Elle est classée monument historique.
Le musée Massey…
Il abrite le Musée international des Hussards labellisé « Musée de France ».
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