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    Edito

    LGV à enjeux aussi multiples que majeurs et explosifs
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    L’avis défavorable au Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) rendu par la commission d’enquête servira t-il de déclic ? Ce n’est pas gagné, mais ce n’est as impossible. Il a le mérite en tous cas de relancer le débat sur les véritables enjeux de cette liaison ferroviaire à grand vitesse par l’Ouest entre Paris et Madrid.

    Replacée dans cette vocation européenne, son terminus en cul-de-sac à Bordeaux n’a plus aucun sens. La balle est dans le camp du gouvernement et du secrétaire d’Etat aux Transport landais, Alain Vidalies, sur fond d’élections régionales en décembre prochain. Chaud !

    Ce qu’il faut savoir…

    Le débat qui vient de resurgir se heurte à de sérieuses contradictions politiques et économiques, qui rendent le dossier brûlant. Le clivage politique se situe à deux niveaux très chauds.

    LGV2D’une part, le feu couve entre les écologistes, farouchement opposés à la LGV, et leurs alliés socialistes, globalement favorables : une bombe à quelques mois des Régionales qui s’annoncent délicates pour la gauche. Le paradoxe est que cette liaison ferroviaire porte en elle des atouts qui, normalement, ne devraient pas déplaire aux Verts : moins de camions, moins de pollution et de gaz à effet de serre, plus de sécurité…

    D’autre part, deux micro-climats explosifs se sont développés. L’un se concentre sur les appellations Sauternes et Barsac. La coupure en trois endroits de la rivière Ciron a déclenché la révolte de quelque 170 propriétés viticoles, qui y voient une menace pour le micro climat qui fait la réputation de ces terroirs, avec son botrytis à l'origine de la pourriture noble.

    L’autre a provoqué un sérieux coup de chaud au Pays basque où les manifestations se sont enchaînées pour refuser la création d’un nouveau tracé qui pourrait défigurer le territoire. Des élus de tous bords prônent un simple aménagement de la ligne actuelle.

    PL LGV 3Le débat économique est tout aussi complexe. D’abord, au niveau du coût de cette LGV. Un investissement jugé exorbitant par certains, et absolument nécessaire pour les autres.

    Quoi qu’il en soit, le problème du financement est loin d’être résolu puisque de nombreuses collectivités territoriales ont d’ores-et-déjà bloqué leurs versements, en raison de l’incertitude qui règne sur  la prolongation au-delà de Bordeaux.

    Sur ce plan, la solution pourrait venir de la mise en concession de la ligne pour faire réaliser une grande partie de l’investissement par des groupements privés. Pas simple, quand au même moment le gouvernement a engagé un bras de fer avec les concessionnaires des autoroutes.

    Le vrai débat économique se situe surtout sur les retombées à attendre de cette liaison grande vitesse. La Chambre de commerce et d'industrie d'Aquitaine a donné le ton en déclarant qu’il fallait « éviter de fragiliser la compétitivité des 130.000 entreprises aquitaines par une décision contraire au bon sens !".  La CCI ajoute : « Donner une chance de développement à tous les territoires aquitains passe par la concrétisation de ce projet GPSO qui permettra de tendre la main à nos voisins et amis espagnols en créant les conditions de réussite d'une euro région exemplaire ».

    PL LGV 2Dans les Landes, on estime que « la commission d’enquête publique ne doit pas avoir connaissance de l’enclavement tarifaire des aéroports de Pau et Biarritz, ni que le Sud-Aquitaine et les Landes sont une destination touristique majeure. Ce qui est en jeu, c’est bien la création d’une voie de communication internationale entre le nord de l’Europe et Madrid, mais aussi entre Bilbao et Toulouse ».

    Du côté de la Ville Rose, on fait remarquer que, si le projet n’aboutissait pas, Toulouse restera l’une des seules grandes métropoles à ne pas être desservie par une LGV. « Des milliers d’emplois sont en jeu dans notre région. Le renoncement serait catastrophique en termes d’image et de compétitivité », ajoutent  les principaux élus de Midi-Pyrénées. Sans compter que l’abandon de la LGV remettrait en cause la création de Toulouse Euro-Sud-Ouest, ce futur quartier d’affaires de 400 hectares regroupant des bureaux, des commerces et 10.000 logements.

    Ce débat pourra t-il devenir constructif ou sombrera t-il dans des guerres de tranchée dévastatrices ? Souhaitons que les élus et les responsables socio-économiques se montrent à la hauteur des enjeux.

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