C’est depuis 1927 que, sur les contreforts d’Espelette, route Itsasuko, la tannerie Rémy Carriat perpétue la tradition du beau cuir, destiné aux plus grandes marques, en même temps que la lignée familiale, puisque aujourd’hui, c’est la petite-fille du fondateur, Marie Hiriart-Carriat, qui règne aux destinées de l’entreprise.
Visite guidée chez un fleuron du Pays basque…
Rémy devrait être fier de sa descendance, puisque Marie Hiriart-Carriat est dans notre pays la seule femme à la tête d’une entreprise de transformation du cuir, régnant sur une soixantaine de collaborateurs, qui en majorité ont été formés sur place aux méthodes ancestrales.
Ce qui ne signifie pas pour autant que la société ne s’est pas remise en question, puisque au départ, Carriat s’était spécialisée dans la peau de veau pour la chaussure, avant de se tourner vers l’ameublement. C’est à Jacques (le père de Marie) que l’on doit l’introduction en France du buffle domestique, en 1976. Un marché toutefois mal maîtrisé qui conduit l’entreprise à un dépôt de bilan dans les années 90.
C’est l’époque où Marie intègre la société, après avoir suivi un cursus commercial, avec une priorité assignée : attaquer le marché étranger. Bingo ! Puisque à force d’arpenter les Salons, les carnets de commandes se remplissent, à tel point que ses produits sont désormais vendus en Europe, aux États-Unis et même… en Chine, permettant à l’export de constituer 30% du chiffre d’affaires global.
Naturellement, quand (comme chaque mois) vous achetez du Dior, du Vuitton ou du Hermès, vous ignorez que derrière cette peau grainée et élégante se cache une petite entreprise du Pays basque, qui a su rester artisanale en empruntant les méthodes de l’industrie.
Il n’est que de voir les peaux de buffle et de taurillon, maniées une cinquantaine de fois en trois semaines pour se rendre compte de la technicité que requiert ce métier. Nourris ou plongés avec des huiles animales et végétales, ces cuirs deviennent souples et doux avant d’être finis pleine fleur aniline, mats ou brillants, glacés ou patinés à la main, ou bien en nubuck. Une bénédiction !
Pensez-y lors de votre prochaine visite : à Espelette, il n’y a pas que le piment !
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