Abonnez-vous
Publié le

Netiful, la cyberprotection en mode circuit court

Depuis Téthieu, dans les Landes, la start-up défend une cybersécurité souveraine, écologique et pédagogique.
Netiful ambitionne de devenir un acteur complet de la cybersécurité
Netiful DR
Avec ses boîtiers de filtrage éco-conçus et ses plateformes de cybersécurité accessibles, l'entreprise landaise invente des outils à la fois simples et puissants, pour sécuriser l’internet des petits comme des grands.
L'objectif de Netiful est de rendre la cybersécurité accessible, compréhensible, et surtout actionnable
Netiful DR

C’est au beau milieu des Landes, dans le village de Téthieu, que s’écrit aujourd’hui une page innovante de la cybersécurité française. Depuis ce havre de nature numérique, Netiful, start-up fondée en 2019 par Richard Bécard, imagine et développe des solutions pour un web plus sûr. Le choix du nom n’a rien d’anodin : contraction de net (le réseau) et de beautiful, il traduit une ambition forte et simple à la fois — rendre le numérique plus vertueux, plus accessible, plus positif.

L’idée germe dès 2017, dans l’esprit d’un papa autant que d’un professionnel. Alors directeur technique dans une ESN, Richard Bécard constate que les solutions de filtrage web sont peu présentes en France, souvent complexes, rarement abordables. Il décide alors de retrousser les manches et de brancher son envie de changement sur l’imprimante 3D familiale. Objectif : protéger les enfants dans leurs premiers pas numériques.

L’internet des petits… sans les gros dangers

C’est ainsi que naît le Netifulbot, un petit boîtier malin, pensé pour sécuriser la navigation web des plus jeunes. Fabriqué localement, en matériaux biosourcés et compostables, ce garde-fou numérique est rapidement adopté par de nombreuses écoles. Sa mission : filtrer les contenus inappropriés sans complexifier l’usage pour les enseignants. Une version grand public, destinée aux familles, suivra rapidement : le Netifulbot Home Edition.

Avec ce duo d’outils pédagogiques, Netiful touche du doigt une problématique essentielle : celle de l’éducation au numérique sécurisé dès le plus jeune âge. « De nombreux établissements scolaires en sont déjà équipés », précise Richard Bécard, heureux de voir son invention au service d’une éducation plus sereine. L’entreprise s’appuie sur l’écosystème Pulseo, à Dax, et bénéficie du soutien du Grand Dax, convaincu de l’utilité publique de ces objets connectés à la bienveillance.

Mais Netiful ne compte pas s’arrêter à la protection des enfants. Forte de sa maîtrise technique et de son éthique bien rodée, l’équipe, qui compte aujourd’hui neuf salariés, franchit un cap en 2022. L’entreprise quitte les prémices artisanales pour intégrer un atelier plus spacieux à Téthieu, où elle peut produire jusqu’à 200 boîtiers par mois. Parallèlement, elle initie un virage stratégique : devenir un acteur complet de la cybersécurité, au service des collectivités, entreprises et prestataires informatiques.

L’équipe lance alors sa Cyber Risk Platform, un technicien virtuel 100 % made in France, capable de cartographier les risques internes, d’analyser les actifs numériques et de proposer des actions correctives. L’objectif est clair : rendre la cybersécurité accessible, compréhensible, et surtout actionnable. Car toutes les structures, même sans expert en interne, sont aujourd’hui concernées par les cybermenaces.

L’humain, le local et la planète

En 2024, l’offre s’étoffe avec une seconde solution baptisée Seaurond – clin d’œil landais à la surveillance de vos flux. Cette plateforme de cyberveille externe est pensée comme un troisième œil numérique, capable de détecter les fuites de données, le typosquatting, les usurpations de nom de domaine ou encore les identifiants compromis. Grâce à son intelligence artificielle embarquée, elle évalue chaque alerte et délivre un cyberscore de A à E, aussi simple à lire qu’un bulletin scolaire.

Richard Bécard, fondateur de la start-up Netiful, basée à Thétieu
Netiful DR

Richard Bécard insiste sur le fait qu'il n'est nul besoin d'être un pro de l'informatique pour comprendre les résultats. Pour 2025, Netiful lance un pack unifié CRP/Seaurond, destiné aux TPE, PME, collectivités ou ESN, avec une approche aussi claire que ses interfaces. L’ensemble est hébergé, conçu et maintenu en France, garantissant souveraineté et conformité RGPD. Le million d’euros de chiffre d’affaires est en ligne de mire, tout comme de nouveaux recrutements pour muscler l’équipe.

Au-delà de la technologie, ce qui distingue Netiful, c’est sa philosophie de circuit court numérique. Ici, pas de data centers exotiques ou de composants venus de l’autre bout du globe. Les boîtiers sont conçus sur place, les solutions sont codées en interne, et les valeurs sont bien ancrées. Sobriété énergétique, accessibilité tarifaire, éco-conception : tout est fait pour que la cybersécurité devienne un droit, et non un luxe.

La start-up landaise s’engage aussi sur le terrain social. Elle milite pour l’égalité des chances numériques, avec des outils éducatifs pensés pour réduire la fracture. En protégeant les enfants, en outillant les parents, en accompagnant les collectivités, elle tisse peu à peu une toile où la confiance est le premier protocole.

Netiful DR

Des Landes à l'hexagone

Aujourd’hui, Netiful équipe aussi bien des écoles rurales que des grandes collectivités. La métropole de Lille, les départements de la Vienne ou des Deux-Sèvres figurent parmi ses clients. L’entreprise démontre ainsi que même depuis un village de 700 habitants, il est possible de rayonner à l’échelle nationale, en alliant innovation de pointe et enracinement territorial.

Au passage, elle prouve qu’une autre tech est possible : une tech humaine, éthique et pragmatique, loin des promesses fumeuses ou des solutions inaccessibles. Chez Netiful, chaque ligne de code est pensée pour renforcer la résilience numérique de celles et ceux qui n’ont pas les moyens d’un DSI à temps plein.

Netiful, c’est un peu le Gaulois du firewall, un village numérique qui résiste aux standards de l’industrie mondialisée. Avec ses produits pédagogiques, ses outils d’audit, son engagement pour l’inclusion et l’environnement, elle transforme le cyberespace en bien commun. Et ce n’est qu’un début. Richard Bécard l’affirme : « Des recrutements sont à venir. » L’objectif ?Continuer à innover, à accompagner, à anticiper, le tout 100% landais.


Sébastien Soumagnas

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire