Abonnez-vous
Publié le Mis à jour le

Les parapluies des Pyrénées de Christophe Pando sont uniques !

Installé rue Montpensier à Pau, il est le seul artisan de parapluie de berger français. Et continue son activité contre vents et marées…
Christophe Pando diversifie sa fabrication de parapluies à Pau
Au même titre que les bérets de la manufacture orthézienne ou les chaussures du Soulor, les parapluies de l’atelier « Les Parapluies des Pyrénées » sont des articles d’exception, réalisés grâce à des savoir-faire en voie de disparition.

La devanture bleue et blanche est bien connue des Palois. Certains y passent devant sans s’en rendre compte ; des personnes ralentissent le pas pour la contempler brièvement. À l’intérieur, les murs recouverts de bois offrent une atmosphère montagnarde au lieu, volontairement ou non.

Mais tout d’abord, un peu d’Histoire… Anciennement baptisée Maison Capell, la fabrique artisanale de parapluies a vu le jour en 1896 à Pau, là où se trouve aujourd’hui la place Clemenceau. Elle est restée ouverte jusqu’en 1945, avant de fermer pendant une dizaine d’années. Cette fabrique a été ensuite reprise par Hervé Pando.

Le bottier palois arrive un peu par hasard dans le monde du parapluie, en traversant la rue qui séparait sa boutique et celle de la Maison Capell. Il se passionne pour cet artisanat et décide de reprendre l’affaire sous le nom de « Parapluie des Pyrénées ».

À cette époque, il faut dire que le parapluie fait partie à part entière du secteur de la mode. Dans les années 1970, le couturier André Courrèges le démocratise en même temps qu’il révolutionne les tenues féminines.

L’arrivée des produits asiatiques a entraîné le déclin des fabricants français. « Pendant une vingtaine d’années, on ne vendait quasiment plus de parapluies. On a réussi à se maintenir à flot grâce aux parapluies de berger ».

Une passion transmise de père en fils

En 1986, Hervé Pando est rejoint dans l’entreprise par son fils, Christian, tout juste âgé de 17 ans à l’époque. « Je suis né dans ce monde. J’étais un peu touche à tout et bricoleur. J’ai passé mon enfance dans l’atelier, et mon père m’a transmis sa passion. Dès que j’ai pu, j’ai intégré l’entreprise », raconte l’actuel gérant de 53 ans. « J’aime travailler des matériaux nobles, comme le bois et le coton. Il y a aussi ce côté défense et préservation d’un patrimoine qui m’intéresse particulièrement ».

Il faut dire que le parapluie des bergers a une histoire particulière. Entre le 19e et le 20e siècle, tous les modèles étaient fabriqués en fanon de baleines : les lames cornées qui garnissent la mâchoire supérieure du cétacé ont donné ce nom à la pièce.

Lorsque la pêche à la baleine a été interdite en France (elle était pratiquée à Saint-Jean-de-Luz au XVIIIe siècle), les artisans ont remplacé cette partie par de la ferraille. Cette solution n’était cependant pas du tout adaptée aux bergers pyrénéens, qui utilisaient le parapluie pour se protéger aussi bien du soleil que de la pluie et de l’orage (le fer et les éclairs ne faisant pas bon ménage !).

À l’époque, la transhumance faisait halte à Pau et les troupeaux étaient parqués sur l’actuelle place de Verdun, propriété des bergers de la vallée d’Ossau. Ces derniers en profitaient pour acheter, réparer, changer la toile de leur parapluie.

Dans les années 2000, les habitudes de consommation plus durables et la tendance du « made in France » ont donné un second souffle à la fabrique de parapluies. En 2004, la famille Pando déménage sa boutique à son adresse actuelle (12 rue Montpensier), près des Halles et du Palais de Justice de Pau.

Des parapluies garantis à vie

Un manche en hêtre, une toile en coton imperméabilisé à la résine de pin, des baleines en rotin et une poignée ronde sont les principales caractéristiques du parapluie de berger. Aujourd’hui, le Palois est le seul en France à produire artisanalement ce large parapluie.

En plus de ce parapluie de berger emblématique, la fabrique crée de petits parapluies pliants automatiques, des parapluies cloches et même des ombrelles. « Ce qui fait un bon parapluie, c’est le choix des matériaux : du moment que vous avez de bonnes baleines, au nombre minimum de huit, et un bon tissu », souligne l’artisan. Quatre heures et demie de travail sont nécessaires pour fabriquer une pièce. Garantis à vie, les parapluies de Christophe Pando sont réparés, en cas de pépins, au sein de l’atelier.

Il y a trois ans, Christian Pando a imaginé un autre modèle inspiré du parapluie de berger, mais moins imposant. Cette pièce, en fibre de verre, est idéale pour des balades sur le bord de mer ou des randonnées en montagne. L’artisan peut également réaliser des créations sur mesures.

« Je me souviens d’un père de famille qui est entré dans la boutique, il y a quelques années, en me demandant de faire un parapluie pour amener ses enfants à l’école. Comme les trottoirs sont très étroits, il a voulu une pièce de largeur d'épaules, plus longue à l’arrière qu’à l’avant. Cela a donné une forme rectangulaire très originale », s’amuse le gérant.

La relève est déjà assurée, puisque la troisième génération est présente à l’atelier les week-ends et les vacances en attendant de reprendre les rênes. « Notre activité est tellement variée, j’ai l’impression de faire chaque jour des choses différentes. Pourtant, en y réfléchissant, on fait toujours les mêmes gestes. C’est peut-être ça le secret de la réussite », conclut Christian Pando.

Commentaires (1)


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

Jean-Paul VERGEZ
il y a environ 2 ans -
Une belle boutique tenue par un artisan passionné et des produits d'une beauté et d'une qualité de fabrication exceptionnelle...Un parapluie pour la vie...L'artisanat le vrai...!!